Les Fennecs, qui vont tenter de briguer un deuxième sacre continental ce vendredi face au Sénégal, sont composés en grande majorité de binationaux.
Il y aura un petit air de France ce vendredi lors de la finale de Coupe d’Afrique des nations (CAN) entre l’Algérie et le Sénégal au Caire (Égypte). La sélection algérienne est, en effet, composée de joueurs majoritairement nés dans l’Hexagone et évoluant (ou ayant évolué) dans le Championnat de France. En demi-finale contre le Nigeria (2-1), sept des onze titulaires des Fennecs possédaient ainsi la double nationalité franco – algérienne.
Il s’agit du gardien Raïs Mbolhi, des défenseurs Mehdi Zeffane et Aïssa Mandi et des milieux Sofiane Feghouli, Ismaël Bennacer, Adlène Guedioura et Riyad Mahrez. Le latéral gauche Ramy Bensebaini est, lui, Algérien, mais évolue à Rennes (L1) depuis deux ans. Enfin, le sélectionneur Djamel Belmadi, né à Champigny (Val-de-Marne), a évolué durant sa carrière de joueur au PSG puis à Marseille. « Bien sûr que les résultats sont essentiellement dus à la formation française, déclare Nasser Sandjak, ancien sélectionneur des Fennecs et quart de finaliste de la CAN en 2000. Il n’y a pas de formation en Algérie. Il existe dans l’Hexagone une culture technique, physique et mentale plus importante que celle des joueurs locaux. »
«Un manque d’infrastructures et d’éducateurs»
« Il n’y aurait pas cette équipe nationale qui brille sans la formation française, appuie Abdel Djaadaoui, sélectionneur de l’Algérie entre 2000 et 2001. Il existe pourtant un vivier extraordinaire en Algérie mais la formation est délaissée. On a des lacunes. Il y a un manque d’infrastructures, un manque d’éducateurs qualifiés, bref un manque de tout. On est même en retard par rapport à nos voisins de la Tunisie et du Maroc. Par exemple, La fédération marocaine a engagé comme coordinateur à la DTN Jean-Pierre Morlans (ancien DTN à la FFF en 2007) en 2014. »
Pourquoi la formation algérienne possède un énorme retard sur ses voisins ? De l’autre côté de la Méditerranée, les jeunes Algériens ne peuvent pas signer de licence avant d’avoir 11 ans. Avant cet âge, les minots jouent au foot dans la rue ou à l’école. « À 12 ans, le gamin algérien a 6 ans de retard sur le gamin français donc c’est un gros problème », indique Nordine Kourichi, ancien joueur international (30 capes entre 1980 et 1986) et coach adjoint de la sélection national sous Vahid Halilhodzic entre 2011 et 2014.
Riyad Mahrez, de la 9e division à Manchester City
Les centres de formation sont, eux, très rares. « Il faudrait que la fédération algérienne exige aux clubs de L1 d’avoir un centre de formation obligatoire », pense Djaadaoui. En attendant un changement, l’Algérie compte sur ses binationaux pour se révéler compétitive dans les grandes compétitions internationales. Sur les 23 joueurs sélectionnés, 14 sont nés dans l’Hexagone et huit sont originaires d’Ile-de-France.
La star de l’équipe, le milieu offensif de Manchester City Riyad Mahrez, a passé toute sa jeunesse dans le Val-d’Oise à Sarcelles et a même évolué jusqu’en senior dans le club local (alors en PH, 9e niveau national) avant de partir à Quimper en cinquième division puis de rejoindre Le Havre (L 2). « Certains médias algériens contestent les binationaux et beaucoup critiquaient Mahrez avant la CAN. À l’arrivée, c’est lui qui porte l’équipe à bout de bras, observe Kourichi. Les binationaux sont une force pour l’équipe nationale et ils donnent de la joie à 48 millions d’Algériens. Comme pour moi lorsque j’étais joueur, c’est une fierté pour eux d’évoluer pour le pays de leurs parents et c’est aussi une grande richesse de posséder 2 cultures et 2 passeports ».