Le candidat du Pds à la prochaine élection présidentielle, Me Wade, est en mauvaise posture. C’est même une tautologie que de le dire. Et hier, un de ses avocats défenseurs, Me Ousmane Sèye a ajouté de l’eau dans le moulin du M23 en invitant ses ‘frères’ à poser le débat sur la candidature de Me Wade et à envisager même un plan B. Bravo ! s’écrit Alioune Tine le porte-parole du M23. Non ! renchérit Me Amadou Sall qui estime que la recevabilité de la candidature de Wade est définitivement réglée.
Il s’est longtemps présenté aux yeux de l’opinion comme un bloc soudé. Mais, au vu des derniers développements, il y a comme une faille dans le camp des juristes et autres théoriciens de l’opportunité de la candidature de Me Wade. Me Ousmane Sèye, un des avocats les plus en vue de la galaxie présidentielle, après avoir défendu, sur tous les toits et sur tous les tons la candidature de Wade estime maintenant que, ‘au ‘plan politique, il faut poser publiquement le débat sur le problème de la candidature du président de la République. Est-ce qu’il ne peut pas y avoir une alternative à la candidature du président Abdoulaye Wade ? Nous estimons que ce débat doit être posé au niveau de son parti et au niveau national.’ (Voir ci-contre). Une position qui est loin d’être partagée par Me Amadou Sall de la cellule de communication du directoire de campagne du président sortant.
Pour ce dernier, ‘la validité de la candidature de Me Wade ne fait plus aucun doute’. Pour l’ancien Garde des Sceaux, ‘la déclaration de Me Ousmane Sèye n’engage que lui. Il dirige un mouvement de soutien. Donc, il est libre de poser un débat au sein de cet organisme. Sa position n’est pas celle du Pds’. Aussi, poursuit Me Sall, ‘la sortie ou le revirement de Me Sèye ne nous fait aucun effet. Ousmane Sèye s’est battu avec nous sur la recevabilité de la candidature de Wade. Nous avons convenu avec tout le monde que la candidature de Me Wade est juridiquement recevable, donc le débat est clos’. Me Sall précise que le débat que suggère son collègue a déjà eu lieu. ‘Nous l’avons posé au sein du comité directeur donc on ne voit plus pourquoi poser un autre débat. La recevabilité de la candidature de Wade est définitivement réglée. Nous avons un seul candidat, il s’appelle Abdoulaye Wade et nous allons l’investir au congrès du parti’, martèle Me Amadou Sall.
Du côté du M23, on applaudit des deux mains cette faille au sein des juristes de la majorité. ‘Je salue le courage et la clairvoyance de Me Sèye qui vient de dire tout haut ce que la majorité des gens qui se trouvent dans le parti de Wade pensent tout bas. C’est le sentiment le mieux partagé à l’heure actuelle. La candidature de Me Wade, personne n’y croit sincèrement’, affirme le président de la Raddho. Alioune Tine indique que si ce farouche défenseur de la candidature de Wade en arrive à chercher à poser publiquement le débat, c’est qu’il y a véritablement problème. ‘Avec cette réaction de Me Sèye, dont tout le monde connaît l’engagement aux côtés de Wade, je crois qu’aucun juriste sérieux ne dira plus que cette candidature est valable et défendable. Wade doit partir, il le sait et ceux qui l’aiment le savent. Il ne reste plus que quelques courtisans qui soutiennent encore le contraire. Il faut qu’on lui cherche plutôt une porte de sortie honorable au lieu de lui faire croire qu’il peut se présenter à la présidentielle ou rester encore quelques années à la tête de ce pays.’
Selon toujours le porte-parole du M23, la période de l’après-Wade s’est ouverte depuis le 23 juin. ‘Me Wade a abattu sa dernière carte le 23 juin. Il a joué et il a perdu. Mais au lieu de tirer les leçons de cet échec, lui et certains membres de son entourage font la politique de l’Autruche. Encore une fois, je dis que ce débat juridique sur la candidature de Wade est clos.’
Georges Nesta DIOP