Le Conseil constitutionnel va-t-il valider ou non la candidature de Wade à sa (re)succession ? D’aucuns comme Abdou Latif Coulibaly, le Directeur de publication de la « Gazette » ou encore le consultant, Abdou Lô, tous invités d’émissions interactives de la Radio Futurs médias (Rfm) d’hier, dimanche 11 septembre ne sont pas loin de penser que les cinq sages l’avaliseront. Tandis que d’autres parmi lesquels, le Pr. De Droit, Ababacar Guèye, pencheraient plutôt pour une déclaration d’incompétence. Toujours est-il qu’à moins de trois mois de la date de dépôt des candidatures à la présidentielle de février prochain, le pays semble être suspendu à leur décision et sa stabilité largement tributaire de leur arbitrage.
La compétence du Conseil constitutionnel pour statuer sur la forme et au fond de la recevabilité et de la validité des candidatures à la présidentielle ne fait l’ombre d’aucun doute. Ses membres et leurs invités se sont accordés là-dessus à l’issue du séminaire « interne » de l’institution des 6 et 7 septembre au Méridien Président, une première, qu’ils ont organisé pour questionner l’étendue de leur compétence et tenter… « d’exorciser » certainement avant termes, les démons d’une implosion sociale qui couve à cause de la candidature déclarée du chef de l’Etat sortant, que bon nombre de ses compatriotes, ainsi que d’observateurs étrangers jugent inconstitutionnelle, parce que ce dernier ayant épuisé le « quota » de mandats, permis par la loi fondamentale qu’il a lui-même soumise par voie référendaire à son peuple en janvier 2001.
L’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), plusieurs fois ministre de la République sous Abdou Diouf le socialiste, Madany Sy, modérateur des débats l’a réaffirmé pour que nul n’en ignore en tirant les conclusions pour la presse et l’opinion publique du séminaire. Le Conseil Constitutionnel est bel et bien compétent, a-t-il signifié, même s’il a précisé à son auditoire que la question de la candidature de tel ou tel n’était pas à l’ordre du jour de leur « conclave ».
N’empêche, d’aucuns comme le Pr. De Droit constitutionnel, Ababacar Guèye, invité hier de l’émission Remue ménage d’Alassane Samba Diop de la Rfm, continuent de penser que la structure des cinq sages s’apprêterait plutôt à se déclarer incompétente à statuer au fond se limitant à la forme. Tandis que d’autres comme le journaliste-écrivain, Abdoulatif Coulibaly et le consultant en communication, Abdou Lô se demandent eux, si le Conseil constitutionnel n’avalisera tout bonnement cette candidature. D’autant plus, fait remarquer Abdou Lô que « l’opposition semble se distraire dans de vaines querelles de candidature à la candidature unique ou de l’unité, c’est selon, face à Wade, avalisant ainsi avant le Conseil constitutionnel la candidature de celui-ci ».
Pour l’autre « débatteur » d’hier, le Pr, Ababacar Guèye, en organisant un séminaire «le Conseil constitutionnel nous prépare à une décision d’incompétence» à connaître au fond de la candidature de Me Abdoulaye Wade pour la présidentielle de février prochain de 2012. L’invité de de la Rfm, est d’avis que «le conseil constitutionnel est totalement compétent, vu l’état actuel de la situation, pour trancher sur la recevabilité de la candidature de Me Wade ». Avant de souligner cependant, lors de leur séminaire, « aucun membre du Conseil constitutionnel ne nous a dit si leur structure était compétente ou pas». Le praticien du droit de s’interroger même sur l’utilité du séminaire organisé par le Conseil constitutionnel: «pourquoi ce séminaire, cela ne sert à rien. Soit les membres du Conseil connaissent leurs compétences soit ils ne le connaissent pas et ils n’ont rien à faire la bas».». Les mettant en garde, il indique, que toute déclaration d’incompétence «relèverait d’une forfaiture et d’un déni de justice ».
Abdou Latif Coulibaly, l’autre invité de la journée de la Rfm, lui dans l’émission Grand Jury de Mamadou Ibra Kane n’est pas loin de penser lui comme Abdou Lô. Assimilant le séminaire du Conseil constitutionnel à une simple opération de relations publiques, de communication pour faire passer une pilule que l’on s’apprête à faire avaler le peuple sénégalais.
Celle de la validation de « la candidature de Me Wade». Ces positions pour le moins tranchées des invités d’hier de la Rfm ne sont pas totalement partagées par la classe politique et une bonne partie de la société civile intéressée par la question. Même si on assimile le séminaire des juges politiques à une opération de consultation qui ne dit pas son nom en faisant remarquer que les conclusions des travaux, ont déclaré les initiateurs, seront transmis, si ce n’est déjà fait, au chef de l’Etat, on n’en observe pas moins que l’opinion nationale est vigilante et outillée. Elle ne saurait avaliser n’importe quoi. Elle a déjà envoyé des signaux clairs et montré sa détermination à promouvoir et défendre la légitimité. Le juge des élections s’en est certainement rendu compte le 23 juin dernier.
Alors, pour les tenants de cette thèse, les juges du Conseil constitutionnel diront le droit, rien que le droit dans cette affaire. Le directeur de campagne du candidat controversé, le Premier ministre Soulèymane Ndiaye affirme lui, qu’en tant que démocrates, son camp se conformerait à la décision du Conseil, même s’il assure que ce dernier leur donnera raison. Alors le Conseil constitutionnel va-t-il valider la candidature du président sortant ? La pérennité de la stabilité du pays semble dépendre en garde partie à la réponse que les cinq sages apporteront à cette question.