Des juristes ont défendu, mardi à Dakar, devant les membres du Mouvement du 23 juin (M23), la thèse de l’inconstitutionnalité de la candidature du président sortant Abdoulaye Wade pour le scrutin présidentiel du 26 février 2012.
‘’Au regard du droit constitutionnel et uniquement le droit constitutionnel sans aucune autre forme de considération, la candidature d’Abdoulaye Wade est loin d’être recevable’’, a estimé Abdoulaye Dièye, professeur de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
M. Dièye s’exprimait lors d’un forum public organisé par le M23 et qui a comme thème central : ‘’Pourquoi la candidature du président Wade n’est pas acceptable ?’’.
Le constitutionaliste a passé en revue toutes les révisions constitutionnelles qui ont marquées les différentes mandatures présidentielles depuis 1963
‘’Tout autre acte qui vise à valider une troisième candidature de Wade est fallacieux et sans fondement juridique’’, a-t-il dit.
‘’Le plus écœurant dans tout cela est que les juristes qui défendent la candidature de Wade ne sont pas des constitutionnalistes, comment un gynécologue puisse faire le travail d’un ophtalmologue ?’’, s’est interrogé Mounirou Sy, professeur de droit constitutionnel.
Invoquant les articles 27 et 104 de la constitution, M. Sy rappelle que la durée du mandat qui est de 5 ans, est renouvelable une seule fois ‘’et que cette disposition a pris effet en 2001’’, année à laquelle la nouvelle constitution a été rédigée.
Pour lui, le principe de non-rétroactivité n’a pas valeur constitutionnelle. ‘’Il n’y a même de débat sur ce principe. Il y a aucune disposition dans la constitution qui prévoit ce cas de figure’’, a argumenté le spécialiste.
De son côté, le professeur Babacar Guèye qui est l’un des membres de la commission de rédaction de la présente constitution, a fait un témoignage basé sur sa participation au projet d’écriture du texte fondamental en 2001.
‘’Les confrères ont déjà démontré la thèse de non-recevabilité. Je vais me contenter d’un témoignage : les rédacteurs de la constitution (de 2001) s’étaient convenus avec le président (Wade) que la constitution est définitivement verrouillée à deux mandats’’, a dit M. Guèye professeur des universités.
‘’Lui (Wade) il l’a dit publiquement avant de se dédire, c’est ce que l’on appelle en droit constitutionnel une interprétation authentique pour le Conseil constitutionnel qui ne peut nullement être incompétent’’, estime-t-il.
Les membres du M23 ont aussi surfé sur la vague religieuse. Ils ont invité des religieux (des imams et des marabouts) qui ont fait une interprétation religieuse pour invalider à leur tour la candidature du président sortant.
Les responsables dudit mouvement qui sont convaincus par ces arguments promettent de produire un document de référence sur la base des éclairages juridiques des constitutionalistes.
‘’Nous allons organiser des séances d’explication et des campagnes de sensibilisation avec le document de référence dans toutes les langues nationales en vue de faire porter le combat à tout le peuple’’, a promis Amath Dansokho, l’une des figures de proue du M23.
MTN/SAB