Près du quart des communautés rurales souffrent d’un faible accès aux services sociaux de base tandis que plus de la moitié de leur population souffre d’une situation précaire par manque ou insuffisance d’infrastructures de base. C’est ce que révèlent les « enquêtes Villages de 2000 et 2009 » que vient de publier l’Agence nationale de la statistique et de la démographie(Ansd) en mettant en exergue des disparités géographiques manifestes.
Les « enquêtes Villages de 2000 et 2009 » réalisées par l’Ansd( Agence nationale de la statistique et de la démographie) font apparaître des disparités géographiques liées à l’accessibilité aux services sociaux de base qui renseignent sur de grands déséquilibres spatiaux sur l’étendue du territoire national.
Il ressort au niveau national, un indice d’accès moyen aux cinq principaux services sociaux de base ciblés, estimé à 400/500 en 2009. Ce qui correspond à un taux d’accessibilité de 79% de la population rurale sénégalaise à ces services sociaux.
En 2000, l’indice d’accès moyen était évalué à 271/500 soit 54% seulement de la population. Cette progression de 129 points d’indice traduit une nette amélioration du niveau d’accès aux services de base, soit une hausse de près de 48% de la population concernée. Avec près de 90% de la population couverte, les écoles primaires et les lieux de commerce touchent plus de personnes. Suivent les points d’eau (85,0%), les postes de santé et les routes qui touchent relativement moins de personnes (respectivement 61% et 70% de la population).
L’inégalité est manifeste au niveau régional, certaines régions ayant un indice d’accès moyen deux fois plus faible que d’autres. Mais C’est certainement au niveau départemental que les taux d’accès moyen par zone géographique révèlent des disparités entre départements plus criardes, avec une moyenne des indices d’accès moyen estimée à 375/500, soit un taux de couverture de la population de 75% de la population.
D’un Sénégal à un autre
Avec une couverture de 69,9%, la région de Kolda est la plus touchée par le problème d’accès à l’eau potable tandis que Dakar bénéficie d’une couverture totale (100%). Entre Ziguinchor, Thiès, Diourbel et Matam, la couverture varie entre 93% et 95%. Le problème se pose avec acuité dans les autres régions où la proportion de la population rurale ayant accès à un point d’eau potable est de moins de 85%.
Mêmes disparités régionales pour ce qui est de l’accès à un lieu de commerce situé à moins de 5 km. Les populations des régions de Kédougou, Kolda et Tambacounda bénéficient d’une couverture de moins de 80%. Une légère amélioration de la couverture est cependant notée dans les régions de Saint-Louis, Louga et Sédhiou avec des proportions de l’ordre de 80% à moins de 90%. Si le phénomène est moins ressenti dans les autres régions avec des proportions qui varient entre 91% et 98%, Dakar, encore une fois, affiche une couverture totale (100%).
La région de Dakar qui est aussi couverte à 100% pour l’accès à une école située à moins de 3 km, présente quasiment le même profil que les régions de Ziguinchor et de Fatick avec des proportions respectives de 98,8% et 98,1%. De même, l’écart reste moins important dans les régions de Thiès, Kédougou, Kaolack et
Matam avec des taux de couverture compris entre 91% et 96%.
Dans les autres régions, cependant, l’urgence de disposer de cette infrastructure de proximité est, toutefois, plus ressentie avec une couverture sous la barre des 90%, surtout dans la région de Kaffrine qui présente la plus faible couverture de 74,5%.
Pour accéder aux infrastructures routières sur une distance de moins de 5 km, les régions de Dakar, Ziguinchor et Thiès sont les plus dotées avec respectivement 100%, 91,3% et 86,6% des taux d’accès. La couverture dans les autres régions est cependant relativement faible avec une accessibilité de moins de 80%. Et là également, avec une couverture de 48,4%, les populations rurales de la région de Kaffrine sont les plus exposées au problème d’accessibilité à une route.
Enfin, outre la région de Dakar (100%), accéder à un poste de santé sur un rayon de moins de 5 km est assez difficile pour les populations de Ziguinchor, Diourbel, Fatick, Thiès et Matam qui affichent des taux d’accessibilité qui varient entre 71% et 85%. Le problème se pose davantage pour les autres régions où le taux d’accessibilité reste très faible avec des proportions comprises entre 57% et 30%.
En somme, si les régions de Dakar, Ziguinchor et Diourbel ont les niveaux d’accès les plus élevés (500/500), celles de Kaffrine et Kolda affichent les niveaux les plus bas (250/500). La région de Kaffrine et les régions périphériques, notamment celles de Kédougou, Tambacounda, Kolda et Sédhiou, sont cependant parmi les moins dotées en services sociaux.
Bounkiling, Linguère, Salémata et Koungheul
La même disparité régionale est observée au niveau départemental avec un indice d’accès moyen variant entre 150/500 dans le département de Bounkiling (région de Sédhiou) et Linguère (région de Louga) à 500/500 dans ceux de Rufisque (région de Dakar), Bignona, Oussouye et Ziguinchor (région de Ziguinchor), Bambey et Mbacké (région de Diourbel) , Mbour et Thiès (région de Thiès), Fatick (région de Fatick) et Matam (région de Matam), dans lesquels, 90 à 100% de la population rurale du département sont couverts.
Les quatre départements les plus défavorisés, selon l’étude de l’Ansd, sont ceux de Bounkiling, Linguère, Salémata et Koungheul, qui comptent les proportions les plus faibles de personnes ayant accès aux services sociaux de base.
La situation particulière du département de Linguère retient tout de même l’attention. Contrairement à Ziguinchor, le département de Linguère présente la plus faible amélioration, avec seulement 7% d’accroissement qui le laisse encore dans une situation jugée « critique » de 28,3% en 2009 pour ce qui est de l’accès à un poste de santé, de même que pour l’accès à une route.
En termes d’évolution entre 2000 et 2009, dans la région de Dakar, l’indice qui avait déjà atteint son maximum ne peut évoluer, selon l’étude, même si, précise-t-on, « la situation des communautés rurales s’est certainement améliorée ». Cela peut s’expliquer par la proximité de la zone rurale à la zone urbaine de la région. C’est en tout cas dans la région de Louga où l’indice d’accès a le plus progressé avec un accroissement de plus de 80%. Suivent les régions de Diourbel et Ziguinchor (respectivement 60% et 54%), l’amélioration est cependant moins forte dans les régions de Thiès et Fatick (respectivement 32% et 43%).
L’Ansd conclut l’étude en relevant le faible accès aux services sociaux de base qui concerne près du quart des communautés rurales qui sont « vulnérables » tandis que plus de la moitié de leur population souffre d’une situation précaire par manque ou insuffisance d’infrastructures de base. En particulier, il est signalé que c’est dans ces communautés rurales défavorisées que l’accès à la santé et aux routes est de loin le plus faible.