Mamadou Nkrumah Sané revendique la reprise de la violence en Casamance. Il l’a fait savoir lors d’un entretien téléphonique, hier. Pour lui, après celle de l’Abbé Diamacoune Senghor décédé, c’est sa guerre qui se déclenche ainsi. Il en a profité, dans un communiqué, pour répondre aux propos de Saliou Sambou, ancien gouverneur de Dakar tenus lors d’une conférence de presse et à Abdoulaye Baldé qui était en déplacement à Thionk-Essyl, il y a quelques jours. (Correspondant permanent à Paris) – La reprise de la guerre en Casamance n’est pas une surprise pour Mamadou Nkrummah Sané, secrétaire général autoproclamé du Mfdc et représentant du mouvement indépendantiste à l’extérieur. Pour lui, tout ce qui s’est passé depuis l’éclatement du conflit en 1982 jusqu’à la mort de l’Abbé Diamacoune Senghor était l’œuvre du prêtre rebelle. ‘Maintenant, c’est ma guerre qui commence’, soutient-il au téléphone. Avant d’ajouter : ‘On avait dit qu’après la mort de l’Abbé Diamacoune, le Mfdc était mort. Qu’il ne pourra plus se relever. Ce qui se passe actuellement est un démenti à tout cela’. De son vrai nom Mamadou Abou Sané, Nkrummah se réclame ‘héritier légitime du Mfdc’ balayant ainsi la légitimité des autres qui se réclament comme héritiers. Fort de cela, il se donne comme ‘mission de combattre les forces armées sénégalaises afin de les contraindre à quitter la Casamance’, la terre de ses ‘ancêtres’. ‘Ils ne peuvent jamais mettre des militaires partout en Casamance’, soutient-il. Quand on lui demande s’il n’a pas de lien avec la branche armée de son mouvement indépendantiste, il donne comme réponse : ‘Ce qui se passe actuellement est un démenti à tous ceux qui nient que je suis Chef d’Attika, comme Abdoulaye (Wade) est chef des armées sénégalaises’. Et la souffrance des populations dans cela ? ‘Les Casamançais souffrent depuis 28 ans. Si le Sénégal veut abréger ces souffrances, il n’a quitté la terre de leurs ancêtres. C’est le Sénégal qui en est responsable’, répond Nkruma Sané. Lors du Conseil extérieur du Mdfc, tenu à la va-vite hier, Mamadou Nkrumah Sané en a profité pour répondre à Saliou Sambou et à Abdoulaye Baldé. ‘Les propos de Saliou Sambou, tenus lors de sa conférence de presse du vendredi 5 février 2010, montrent son insuffisance dans la connaissance des enjeux relatifs à la question casamançaise’, souligne d’emblée le communiqué. La source documentaire ajoute que ces propos sont ‘d’une gravité telle que les conséquences ne tarderont pas à se faire sentir’. Car ‘affirmer de la façon la plus inconséquente que même en l’an 3000, la Casamance n’aura jamais son indépendance, traduit une certaine immaturité intellectuelle. Car nul ne peut fixer de délai auquel un peuple doit ou peut accéder à l’indépendance. Seule la ténacité de ce peuple garantit le succès de sa lutte. Et tout le monde sait que nous affichons cette ténacité de façon irréductible’. Le communiqué rapporte : ‘Selon Saliou Sambou, Mamadou Nkrumah Abou Sané attise le feu en demandant aux maquisards de poursuivre la guerre. Nous rappelons à Saliou Sambou que Mamadou Nkrumah Abou Sané est le Secrétaire général du Mfdc et chef suprême d’Attika. A ce double titre, il a le devoir de conduire avec notre armée, la lutte de libération nationale. Ce qui est par ailleurs étonnant, c’est que sa conférence ne soit pas tenue en Casamance, mais à Dakar’. Suffisant pour qu’un avertissement lui soit lancé : ‘Nous lançons un avertissement à son égard ainsi qu’à l’égard de tous ceux qui se disent cadres casamançais selon lequel, ils doivent regagner leurs partis politiques respectifs et y traiter de la question casamançaise, plutôt que de prétendre nous donner des leçons au sujet de notre unité, tout en jouant les comparses dans leur propre parti’. Le Mfdc n’est pas lié à Al-Qaïda A Abdoulaye Baldé, ministre d’Etat, ministre des Forces armées du Sénégal, Nkrumah Sané lui fait savoir que ‘la patate chaude que l’Etat sénégalais lui a donnée, il ne la mangera pas en Casamance’. Attika soutient prendre note avec gravité de sa déclaration faite à Thionk Essyl, plagiat de celle d’Abdou Diouf à la virgule près, tenue en 1984 : ‘Je lance un appel à nos frères égarés qui sont de l’autre côté et qui viennent principalement du Blouf qu’ils se ressaisissent pour que nous pussions nous retrouver autour de la table des négociations’. Selon l’aile extérieure dirigée par Nkrumah Sané, ‘cette phrase a été considérée en son temps comme une insulte qui avait provoqué la radicalisation des affrontements entre Attika et les Jambar. Attika prépare la réponse à cette irresponsable insulte’. Comme si cette menace ne suffisait pas, le communiqué dénonce ‘le mélange des genres inacceptable entre notre armée et les éléments terroristes d’Al Qaïda. Jamais, la Casamance ne laissera son territoire servir de base pour les mercenaires encore moins les terroristes d’Al-Qaïda. Nous n’avons ni de loin ni de près de relations avec quelque terroriste que ce soit. C’est à Dakar qu’il faut les chercher’. Conséquemment, ‘Abdoulaye Baldé assumera tout seul ses propos, et Attika et le Mfdc le défient de prouver l’endroit où se trouveraient les éléments d’Al-Qaïda auxquels il a fait allusion, lors de la signature de l’accord de coopération militaire avec son homologue ministre bissau guinéen. Il a donc affaire avec Attika’, fait savoir le communiqué.
Moustapha BARRY
Walf.sn