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Ce que Obama m’a conseillé…

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Obama est enfin venu en terre sénégalaise et l’a quittée ce vendredi 28 juin, à destination l’Afrique du Sud, le pays de Madiba. Madiba, le héros, à l’article de la mort. Beaucoup de symboliques !

Pour une visite de 48 heures du président du pays le plus puissant du monde et premier président noir ce grand pays de surcroît, les médias ont eu de la matière. Même ces journaux d’habitude en mal de contenus, se sont délectés, qui pour spéculer sur un agenda qui a changé, qui pour disserter sur l’obsession sécuritaire des Américains, qui encore pour estimer le coût du voyage de Barack à 50 milliards F Cfa, analysant au passage les retombées pour le Sénégal. Les télés, radios et bien sûr les sites internet n’ont pas été en marge du festin médiatique puisqu’ils ont rivalisé d’émissions, de débats, d’interviews pour analyser cette visite et ses conséquences.

Que de bruits sur les misères qui allaient être faites aux forces de sécurité sénégalaises, au protocole sénégalais, aux populations de Gorée – le syndrome de la visite de Georges Bush étant passé par là. Les reportages et micros-trottoirs ont rythmé les prémisses de cette arrivée. Bref des spéculations aussi sur notre souveraineté et notre fierté de Sénégalais qui allaient prendre un coup. Et malheureusement comme une baudruche, le ballon se dégonfla. Pschiiiit !

Sacrés Sénégalais ! Ainsi est rythmé notre quotidien. Commentateurs hors pairs et spécialistes de tout et de n’importe quoi, ils aiment papoter, aborder des sujets sous l’angle de la rumeur ou de leur opinion basée sur des convictions bien souvent peu fondées. Et que dire de ces analystes subitement devenus spécialistes des Etats Unis et finalement de relations internationales ? Dans cette jungle de débateurs qui ont peuplé nos plateaux télé ou antennes de radios, peu d’entre eux avaient la légitimité pour aborder ces sujets dont le fruit était pour l’essentiel de la masturbation intellectuelle, un assemblage de généralités sur les relations internationales qui ne sont qu’une question d’intérêts et pas d’amitiés. Bof, le frein est quand même rongé sur ce thème là. Et c’est sans doute la faute des journalistes qui invitent toujours les mêmes personnes qui font le tour des médias. Et c’est tout bénéf pour ces rats de plateaux-télés que ces analystes affectionnent tant. La recherche du succès est à ce prix.

Plusieurs sujets se sont ainsi invités dans le débat dont le principal était de s’interroger sur les retombées d’une telle visite. D’aucuns ont fini de dire qu’économiquement, elle n’apporterait rien, oubliant sans doute que rien que le fait que le Sénégal ait été sous les feux des projecteurs mondiaux, une semaine durant, valait mieux que n’importe quel investissement médias payants sur Euronews, France 24 ou encore Tf1 ou CNN, etc.

Bien sûr les Etats Unis ne sont pas les premiers partenaires économiques du Sénégal, mais ce qu’il faut souligner, c’est que tout partenariat commence par un début et que de toute façon, ce pays ne se construira que par les Sénégalais, mais pas par Obama qui a cette mission de construire les Etats Unis qui, eux aussi, ont leurs problèmes. Les micros-trottoirs faits par les médias, ne peuvent suffire comme baromètre pour juger de l’attente des Sénégalais. On a d’ailleurs eu droit à des attentes aussi farfelues que des visas qui coulent à flots. On peut bien comprendre que certains puissent penser trouver leur salut dans l’émigration, mais enfin, restons raisonnables. Eh bien, on rêve du bien-être dans ce cher Sénégal, alors qu’on n’a pas commencé à travailler !

Une visite, tenons nous le bien, surtout d’un tel président, ne peut de toute façon manquer de retombées positives, surtout que certains sujets abordés et relayés notamment, lors la rencontre entre Barack Obama et les chefs de juridiction de pays d’Afrique, en vue du renforcement de nos institutions au moment où la commission nationale de réforme des institutions est en train de mener une concertation, fait l’actualité pour une gouvernance qui se veut de rupture. Cela a quand même le mérite de rajouter quelque peu au débat et de donner du courage pour des réformes en profondeur. Enfin, il n y a pas que l’économie dans la vie, celle-ci étant d’ailleurs intimement liée aux institutions.

Une question à se poser toutefois est de savoir ce que nous avons fait de l’aide au développement durant toutes ces années. Devrons-nous attendre toujours de l’aide des autres ? Nous devons plutôt utiliser de manière efficiente cette aide et nous retrousser les manches et travailler. Comment vouloir restaurer notre dignité – sujet qui a d’ailleurs occupé le débat dans la presse face à une supposée arrogance des américains – si on ne se donne pas les moyens de gagner notre propre considération. En travaillent par exemple, en tendant moins la main, en mettant de l’ordre et de l’organisation dans ce pays, et non pas en attendant qu’un Président arrive pour commencer à nettoyer les rues, instaurer une rigueur de fer à l’aéroport, etc Et si Obama venait tous les jours ?

Dans le lot des débats agités, il y a bien sûr ceux que les médias ont mis en épingle comme pour davantage créer matière à spéculer. Un sujet phare porte sur la dépénalisation de l’homosexualité. Et même si ce vendredi matin, les radios et les journaux ont évoqué le sujet, Macky Sall a fait du réchauffé en disant que notre culture « est différente et que les homosexuel ne sont pas pourchassés  ». Et le mauvais procès qu’on lui fait, veut qu’il soit beaucoup plus catégorique ! Que veut-on de plus ? Qu’il agresse Obama ? N’importe quel sujet peut en effet être discuté sans passion, surtout lorsqu’il s’agit d’un invité qu’on amène à coups de lobbying. Demandez à Wade. Allons… Il n y a vraiment pas de quoi fouetter un chat.

De la visite d’Obama à Gorée, on en attendait l’humiliation suprême de populations jadis parquées sur un terrain de sport et qui s’attendaient à subir le même sort que sous l’ère Bush. Obama a créé la surprise en s’offrant un bain de foule, et en parfaite communion avec les populations sous les applaudissements du maire Augustin Senghor dans « l’Obs » de ce vendredi !!!

Les images en tout cas qui ont défilé de ce président, qu’on le reconnaisse ou pas, dégagent celle d’un homme affable, sympathique. Obama est quand même un président simple, sympa. Oui. Souriant, énergique, il transmet sa pêche à tous ses interlocuteurs : tapes dans le dos, petites causeries, chaleurs, naturel. Et même si c’était de la communication… On l’a vu à maintes occasions taper Macky Sall dans le dos, l’entraîner comme si c’était lui l’hôte. Immortalisé par les appareils des photographes à Gorée, en chemise manches retroussées et pantalon kaki, relax, les bras croisés, le regard lointain, on a plutôt senti un homme au regard interrogateur sans doute ému par tous ces lointains souvenirs de l’esclavage sur lesquels il a beaucoup disserté avec Eloi Coly, le conservateur de la maison des Esclaves.

On a vu aussi un sacré couple, puisque Michelle, la femme de Barack est aussi d’un naturel touchant, n’hésitant pas une seconde à se lancer sur la piste du jardin du palais, lors de ce fameux dîner animé par Youssou Ndour et Baba Maal.

Macky Sall qui est d’un naturel si sérieux, pourrait bien se charger de cette pêche d’Obama, être moins guindé et plus souriant comme son épouse Marième d’ailleurs qui, elle aussi, avait le sourire tout le temps aux lèvres.

Obama parti, les Sénégalais se doivent de revenir sur terre en sachant que leur destin est bien entre leurs propres mains. Parler moins et travailler plus. Pas d’autres secrets. Et seuls ceux-là peuvent mener sur le chemin de davantage de considération ; bref le moyen le plus rapide pour compter dans le concert des nations.

Nettali/

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