Un centre sud-africain pour les droits humains et l’ONG sénégalaise Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) ont saisi la Cour de justice communautaire ouest-africaine pour la suspension d’urgence de la présidentielle de dimanche au Sénégal en vue d’instaurer un dialogue politique inclusif, a appris l’APS, jeudi à Dakar.
‘’Le Centre for Human Rights (de l’Université de Pretoria), conjointement avec la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), ont saisi la Cour de Justice de la CEDEAO d’une requête en procédure accélérée tendant à la suspension immédiate du processus de l’élection présidentielle prévue pour se tenir le 26 février 2012’’, rapporte un communiqué transmis à l’APS.
Selon le texte daté de mardi, ‘’les auteurs de la requête appellent également la cour à ordonner au gouvernement d’enclencher des pourparlers inclusifs avec les partis d’opposition et la société civile en vue de garantir les conditions propres à la tenue d’une élection crédible dans les meilleurs délais’’.
‘’A cette étape du processus électoral, un report serait une insulte au peuple sénégalais’’, selon un militant sénégalais des droits de l’homme et du citoyen, tandis que le porte-parole de campagne du candidat sortant Abdoulaye Wade, Me El Hadji Amadou Sall, soutient que ‘’ce n’est pas respecter les Sénégalais et, le peuple de son droit d’exprimer librement ses choix’’.
‘’C’est absolument inacceptable de demander à trois jours du scrutin un report (…). C’est curieux que des organisations des droits de l’homme en arrivent à refuser à des citoyens la liberté d’expression de leurs idées et de leurs choix’’, a-t-il estimé. ‘’Toute déclaration de la RADDHO, dont le président est dans le M23 (mouvement d’opposition à la candidature de Wade) est partisane’’, a ajouté Me Sall.
Il a rappelé que rien ne s’opposait à la tenue de l’élection présidentielle, dimanche, avec la participation des 14 candidats en lice. ‘’Nous avons un fichier électoral accepté par tous, un Code électoral consensus et un processus électoral acceptés par tous les acteurs (à travers) le Comité de veille, de même nous avons un juge des élections et la campagne électorale suit son cours’’, a-t-il souligné.
‘’Le seul juge des élections au Sénégal, c’est le Conseil constitutionnel et non de quelque autre cour. Le calendrier électoral du pays n’est pas fixé de l’extérieur, il résulte de notre Loi fondamentale et nulle part ailleurs. Il faut être vendeur d’illusions pour nous faire croire le contraire’’, selon le porte-parole du candidat de la coalition des Forces alliées pour la victoire (FAL 2012), dont la nouvelle candidature est à l’objet de controverse.
‘’Le Centre for Human Rights a suivi avec grande inquiétude les évènements qui se déroulent en République du Sénégal depuis l’annonce de la décision du Conseil constitutionnel, le 27 janvier 2012, d’autoriser l’actuel président de la République, Abdoulaye Wade, à briguer un troisième mandat’’, ajoute le communiqué.
Selon la même source, les responsables dudit centre sud-africain de défense des droits de l’homme observent, ‘’avec une grande consternation, les violations des droits de l’homme commises au Sénégal depuis la décision du Conseil constitutionnel’’.
Le centre sud-africain appelle le gouvernement sénégalais ‘’à se désister immédiatement d’empêcher les citoyens d’exercer leurs libertés d’expression et de réunion (…), à cesser (…) immédiatement d’user de balles réelles pour disperser les rassemblements (…)’’. Il réclame aussi la remise en liberté « immédiate » des manifestants arrêtés.
Aussi le Centre for Human Rights a-t-il demandé au gouvernement du Sénégal d’‘’enclencher des investigations sur les cas de décès enregistrés jusqu’à présent et poursuivre les officiers de police responsables desdits cas de décès tout en versant des compensations à toutes les parties ayant subi des préjudices du fait de cette situation’’.
aps