En décidant de décliner l’invitation du président Obama pour la célébration du cinquantenaire des indépendances africaines à Washington, la société civile aurait voulu s’éviter les foudres du pouvoir. C’est ce que révèle un de ses membres les plus en vue.
Ils l’ont échappé belle ! Les membres de la société civile ont failli passer à la guillotine du pouvoir de l’alternance. Il leur suffisait juste de répondre à l’invitation du Président Obama pour la célébration du cinquantenaire des indépendances africaines à Washington pour y laisser leur tête. Un harcèlement fiscal serait passé par là. Selon Mohamadou Mbodji du Forum civil, ses camarades ont évité le retour de bâton à l’endroit de ceux qui auraient répondu à l’invitation du Président Obama. ‘Les gens du pouvoir auraient cru que nous sommes financés par les Américains et que nous travaillons à renverser le régime’, soutient Mohamadou Mbodj. Qui, de toute façon, ‘préfère la légitimité nationale à la reconnaissance internationale’. Le leader du Forum civil loue tout de même la coopération sénégalo-américaine avec surtout les bonnes retombées du Millenium challenge account (Mca). Un programme qui a permis, selon lui, d’envisager la réhabilitation de la route Vélingara-Ziguinchor. Un acte qui aura assurément un impact économique certain, de même que la réhabilitation de la route Richard-Toll-Matam. Le leader du Forum civil de soutenir : ’Il nous faut rester chez nous et nous battre pour gagner la légitimité nationale plutôt que de courir derrière une reconnaissance internationale.’
Pour rappel, à l’opposé de Nicolas Sarkozy qui avait invité une bonne brochette de chefs d’Etat africains, Barack Obama a préféré s’afficher avec des éléments de la société civile africaine pour célébrer le cinquantenaire des pays africains à Washington. Une occasion ratée pour certains chefs d’Etat qui rêvaient jusque-là de rencontrer le président Obama.
Mouhamadou Mbodj, un des leaders de la société civile au Sénégal justifiait ainsi cet acte du Président Obama : ‘Ce choix du président américain nous conforte dans nos convictions que l’un des rares lieux d’expression de la défense de l’intérêt général en Afrique reste la société civile. Aujourd’hui, il est largement prouvé que la société civile en Afrique est à la pointe de tous les combats : que ce soit la lutte contre la corruption, la mal gouvernance, la détérioration des termes de l’échange, la fraude électorale, etc.’. M. Mbodji disait, également, que ‘le combat pour l’avenir de l’Afrique est mené par la société civile et cela, les Etats-Unis le savent. Cette grande puissance n’ignore pas, non plus, que les dirigeants africains ne sont là que pour leurs propres intérêts. On change les Constitutions pour se maintenir au pouvoir, on fraude aux élections, on pille les ressources. Et le seul exemple de Tandja du Niger est assez édifiant : voilà quelqu’un qui a signé 159 contrats miniers en 2009. Et c’est celle-là l’attitude de tous les dirigeants africains’.
Et face à cette situation, poursuit le patron du Forum civil, ‘les Etats-Unis semblent avoir compris que, pour la pérennisation de l’Afrique, il faut chercher des acteurs qui la portent et c’est la société civile’. Raison pour laquelle, elle avait été invitée par l’administration Obama. A qui, elle a pourtant retourné le carton d’invitation. Préférant laisser des jeunes, dont notre consœur de Canal Info News, Maïmouna Ndour Faye, répondre à l’appel du premier président noir des Etats-Unis d’Amérique.
Amadou NDIAYE
walf.sn