Le Sénégal est un pays de contradictions, avec un peuple parfois très incohérent, qui passe à côté des vrais sujets, des vrais problèmes, des vraies menaces, sans piper un mot, souvent même en les cautionnant. Mais à contrario ce même peuple est très prompt à sauter sur ce que l’on appelle « le cas » du moment, et là tout le monde s’y met pour faire du « topeu cas » comme ils disent.
Avec le meurtre du danseur de Aziz Dabala, paix à son âme, on a comme l’impression que le Sénégal vient de connaître son premier cas de meurtre, sur une personne qui semble être le frère ou le fils de chacun, tellement tout le monde en parle avec force et détails, réclamant justice. Les plus zélés, assoiffés de sang qu’ils sont, appellent à l’instauration de la peine de mort. Et pourtant la plupart de ces zélateurs ou leurs proches seraient eux-mêmes bons pour la chaise électrique si l’on vivait dans un pays où cette sentence extrême est en vigueur, un pays dont la justice est un distributeur automatique d’injustices, un pays dont la justice n’est pas clochardisée comme disait l’autre.
Bien vrai que le Sénégal, comme tout autre pays, connait le phénomène des agressions mortelles, du crime prémédité, du vol qui tourne mal, d’une altercation malheureuse, de coups mortels accidentels. Cependant ce phénomène reste encore très limité comparé à ce que l’on observe dans d’autres pays.
Par contre le Sénégal regorge de vrais et très nombreux meurtriers cachés, des multirécidivistes, que la société tolère, voire soutient à certains endroits, des tueurs en série, qui ne sont jamais sanctionnés par la justice. Parfois ceux qui sont sensés les juger sont bien plus coupables, ou en comptent à leurs côtés. Ce qu’il faut entendre par là, c’est :
1° Combien de citoyens sont allés épouser des petites filles mineures de 9 à 17 ans, incapables de dire non, incapables de discernement, des petites filles encore toutes fragiles, qui bien souvent meurent après des rapports sexuels prématurés pour leur âge, qui bien souvent meurent en état de grossesse ou en mettant au monde parce que trop jeunes ? Ceux qui les épousent en connaissance de cause, qui ont en général 15 ou 20 ou 30 ou 40 ans de plus, parfois bâtis comme des lutteurs, ou qui ont un instinct pervers incontrôlable, ne sont-ils pas de véritables meurtriers ? Combien de milliers de ces jeunes filles innocentes meurent chaque année au Sénégal ?
2° Les parents qui donnent en mariage ces petites filles de 10 ans ne sont-ils pas des meurtriers, sinon des complices de ces meurtriers ?
3° Ces imams ou prêcheurs comme Oustaze Alioune Sall, qui aux micros de certains médias disent que l’on peut épouser une fille dès ses 9 ans, l’amener et l’éduquer à sa façon, ne sont-ils pas des meurtriers eux-mêmes ou passibles de la prison pour incitation au meurtre ? Et d’ailleurs l’Islam parle bien de consentement de la femme comme conditionnalité à un mariage musulman valable. Comment une petite fille de 9 ou 12 ou 15 ans peut-elle avoir suffisamment de discernement pour donner son consentement à un adulte ou un vieillard ? Si tant est qu’on lui demande son avis d’ailleurs.
4° Ceux qui envoient ces enfants mendier dans la rue sans chaussures, sans habits adéquats pour le froid ou pour la chaleur, qui les font dormir dans des endroits répugnants, les laissent se nourrir avec des restes ramassés çà et là, des enfants qui finissent par tomber malades et en meurent souvent, ceux-là ne sont-ils pas des meurtriers ? Combien de centaines de ces enfants meurent chaque mois, chaque année ?
5° Combien de personnes meurent dans nos hôpitaux chaque jour à cause d’infirmiers ou médecins négligents, à cause de médecins qui s’exercent sur les patients, et qui récidivent trop souvent ? Qui s’est déjà demandé pourquoi 100% des personnes amputées au Sénégal meurent au bout de 2 ou 3 ans maximum ?
Voilà les véritables meurtriers en série de ce pays, qui tuent directement ou indirectement des dizaines de personnes chaque jour que Dieu fait, et qui le font en toute impunité. Et curieusement ce sont ces grands criminels-là que l’on entend le plus demander l’instauration de la peine de mort lorsqu’un cas rare comme celui de Aziz Dabala se soulève.
Le Sénégal, un pays si appauvri par ses propres dirigeants, n’a pas besoin de la peine de mort, ni même des peines à perpétuité, surtout avec des MAC aussi abominables, avec une justice qui fonctionne aussi mal, avec une justice si prompte à écraser les faibles ou les moins nantis, avec une justice si instrumentalisable. Combien de prisonniers politiques innocents auraient été passibles de la peine de mort, ou de la perpétuité à la suite des fausses accusations d’attentat, de terrorisme, de tentative de coup d’état, etc…. ? Combien de citoyens seraient exécutés ou mourraient en prison parce que victime d’erreurs judiciaires, de djay dollé, de manque de moyen de se défendre, de l’inconscience d’avocats roublards, d’excès de zèle de magistrats ?
Le Sénégal a plutôt besoin d’une justice qui cesse de fermer les yeux sur les mariages à relent pédophiles, sur les incitateurs à la pédophilie, sur les excisions meurtrières, sur les négligences médicales trop répétitives, au lieu de solder toujours ces morts par du « Ndogal Yalla ».
MARVEL NDOYE
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Bonjour monsieur,
La plupart de ce que vous dites est comprehensible. Il y a trop de laissez aller, trop de justice a’ 2 vitesses.
Je ne suis pas d’accord si vous dites qu’on ne doit pas instaurer la peine de mort. Qu’est-ce que vous pronez
a’ la place? Je ne crois pas que c’est juste si une personne tue de sang froid une autre personne (legitime defense
pas inclue) de laisser cette personne. Dans les pays dits democrfatiques comme les Etats Unis certains etats comme le Texas applique la peine de mort, certains pays arabes aussi. On remarque que les tueries sont moins frequentes. La vie est sacree et les gens doivent etre conscients de ca.