Dans ma contribution du 16 avril 2024, je m’engageais à poursuivre ma modeste réflexion sur l’éclatante victoire du candidat d’Ousmane Sonko Bassirou Diomaye Faye et du Projet Pastef, victoire que les pauvres perdants ne digèreront jamais. Non pas seulement qu’ils ne digéreront jamais, mais qu’ils mettront tout en œuvre pour réduire à néant l’énorme espoir que cette victoire a suscité auprès des populations. Déjà, les supputations les plus alambiquées vont bon train concernant cette victoire. Dans ce cadre, des compatriotes bien connus par « l’empathie » qu’ils ont toujours nourrie pour Ousmane Sonko, ne perdent pas leur temps pour se faire entendre ou lire. Mon attention a été ainsi attirée par une interrogation, exprimée à la « UNE » d’un quotidien de la place, celle-ci : « Faut-il rendre la pareille à Sonko ? ». La pareille étant, pour le quotidien, « l’opposition radicale ». Et le quotidien d’ajouter, toujours à la « Une », ceci : « Si l’opposition use des mêmes méthodes que le Pastef, on pourrait avoir une crise institutionnelle. »
Je commence par reconnaître à ce quotidien son droit, celui de penser et d’exprimer ce qu’il veut, ce qu’il sait ou croit savoir de tel ou de tel événement. Droit que le modeste citoyen que je suis se reconnaît lui aussi, même s’il s’agit de la position d’un média. D’abord, je me pose souvent la question savoir pourquoi les adversaires de Sonko se plaisent à lui coller le qualificatif de « radical ». Or, une organisation, une opposition radicale, ce n’est rien d’autre qu’une organisation, une opposition qui visent à des réformes profondes de la société. Oui, c’était là, c’est toujours l’objectif de Pastef. Où est le mal qui explique tout ce que l’État lui a fait supporter depuis le 29 août 2016 ? Réformer de façon profonde le Sénégal ? Notre pauvre pays qui a vécu vingt-quatre ans de gouvernance libérale, avec son lot de scandales de toutes de sortes qu’il serait long d’expliquer ici, et d’anéantissements de nos valeurs cardinales au profit des pires tares, ne mérite-t-il pas d’être profondément réformé ? Des réformettes ne changeraient presque rien des mauvaises habitudes que nous ont laissées les présidents Wade et son successeur et sosie. Le premier disait d’ailleurs de nous que nous avions du mal à nous souvenir de notre dîner de la veille et ne croyions qu’à l’honneur à et à l’argent (illicite). N’a-t-il pas malheureusement raison si on considère la place qu’occupe aujourd’hui l’argent et celle, lointaine, où sont projetées des valeurs comme le ngor, le jom, le njub, l’attachement à la parole donnée, etc. ? Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye et tous les compatriotes qui croient au Projet Pasfef, donc à des lendemains meilleurs pour le Sénégal, sont d’accord que des réformes profondes y sont nécessaires, voire indispensables.
Pour revenir à notre quotidien, il pense que « si l’opposition use des mêmes méthodes que le Pastef, on pourrait avoir une crise institutionnelle ». Maaradaïtali ! D’abord, nous n’avons pas connu une crise constitutionnelle avec Ousmane Sonko. C’est M. Badio Camara, président du Conseil constitutionnel qui l’a bien précisé. Que d’autres prétendent le contraire, c’est leur liberté. Ils ne peuvent quand même pas en savoir plus que lui et les six autres membres du conseil. En tout cas moi, je ne souhaite pas du tout que nous vivions cette terrible période de trois ans au moins, que l’ancien président Macky Sall et quelques-uns de ses acolytes nous ont fait vivre. Et je ne crois point que nous la vivrons car le président Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko ne sont pas Macky Sall. Le président Faye a déjà rassuré l’opposition en affirmant lui reconnaître tous ses droits. Je ne le vois pas donc pas la menacer de « la réduire à sa plus simple expression », ni lui dire sans état d’âme que « cela lui plaise ou non, elle subira ma politique ». Encore moins, il n’arrivera ni au président de la République, ni à son Premier ministre d’inventer une histoire comme celle qui a fait perdre trois bonnes années à notre pauvre pays, avec toutes les conséquences désastreuses qu’elles ont entraînées. Si je n’avais pas peur de pécher, j’affirmerais que ce n’est pas avec la même formule que notre Seigneur a créé les trois personnes. Heureusement, qu’IL nous a montré qui est réellement ce Macky Sall, quelques mois et surtout quelques jours avant son départ du pouvoir et, enfin, du Sénégal. Évidemment, quelques compatriotes avaient déjà une idée de qui il était : tout sauf un grand homme. Donc, ceux qui souhaitent que « l’opposition use les mêmes méthodes que Sonko » risquent d’être déçus, seront d’ailleurs sûrement déçus.
J’aborde une autre idée exprimée à la « une » de ce quotidien, partagée par deux autres. On se rappelle la lettre du président Diomaye Faye adressée aux fonctionnaires et agents de l’administration sénégalaise, où il les encourageait à faire preuve de transparence et d’exemplarité. Dès le lendemain, ce quotidien comme d’autres n’ont retenu de la lettre qu’une invite à ce qu’ils appellent la délation et la diffamation. Ce texte étant déjà long, je ne m’attarderai pas sur ces accusations qui n’emportent mon adhésion. Je ne les traiterai ni d’hypocrites, ni de malhonnêtes, ni d’ignorants. Ignorants, ils le ne sont sûrement pas, car on ne devient pas journaliste du jour au lendemain. Je commence par la Constitution à la portée du plus grand nombre et qui reconnaît aux citoyens le droit à l’information. Plus près de nous, le Code de transparence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui a recommandé à tous ses États membres de l’introduire dans leur droit interne. Ce que fit notre pays en faisant voter la loi 2012-22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques. Je me garderai de monter jusqu’aux protocoles de la CEDEAO et de l’Union africaine (UE) et aux conventions des Nations Unies contre la Corruption. Tous ces documents insistent sur la nécessité d’informer le citoyen, surtout sur tout ce qui a trait à la gestion des finances publiques.
J’invite mes compatriotes à ne lire que la Loi du 27 décembre 2012. Ils comprendraient alors facilement que le président Diomaye n’appelait qu’à la transparence et qu’il n’est même pas allé jusqu’au fond des dispositions de la Loi qui invite, qui oblige même les agents publics témoins de pratiques peu catholique dans la structure où ils travaillent, à aller dénoncer la pratique malsaine auprès de qui de droit. S’il ne le faisait et que par la suite l’on s’en rende compte, il peut être sanctionné. L’heure est donc est donc à la transparence dans la gestion des finances publiques et c’est l’information des citoyens qui facilite ce noble travail.
Je terminerai par le communiqué du Conseil des ministres d’hier où j’apprends qu’il a été créé, à la présidence de la République, une Direction des Affaires religieuses e de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe. Ce communiqué m’a marché sur la plume car, dans ce texte, je devais terminer par quelques idées sur la présidence de la République, sur le palais de la république, que l’on appelle de plus de plus, depuis la gouvernance de Wade en tout cas, « le poulailler de la république ». Mon idée est que ce palais doit être rapidement assaini et retrouve son lustre d’antan. Le palais de la République n’est pas fait pour tout le monde. Il doit retrouver son organigramme, s’il en avait un, et le respecter rigoureusement. Il ne devait pas avoir de place pour n’importe quel « conseiller », des « chargés de missions », des « envoyés spéciaux » venus d’on ne sait où, des « ambassadeurs itinérants » qui, parfois, ne savent même pas ce que c’est, etc. Il ne devrait surtout pas abriter des réunions politiques, surtout qui touchent de près ou de loin Pastef et sa coalition. Nous ne serions plus dans la rupture.
J’ai toujours mal supporté que la présidence et la primature se retrouvent avec d’énormes budgets hors de tout contrôle et gérant directement des agences, des projets, etc. La présidence et la primature devraient se préoccuper en priorité de leurs hautes fonctions nettement définies par la Constitution. Ils ont des collaborateurs directs, mes ministres qui ont eux-mêmes sous leurs tutelles des directeurs généraux, des directeurs, des collaborateurs directs, etc. Tout ce monde peut gérer et rendre compte régulièrement à qui de droit. Évidemment, tout cela n’exclut pas que de temps, pour des raisons particulières, des projets ou autres services soient gérés directement de la présidence ou de la primature. Mais cela ne devrait jamais se passer comme du temps des présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Je termine cette contribution par une précision. Elle ne saurait avoir pour objectif de donner des leçons à qui que ce soit. Je n’en suis pas d’ailleurs de taille. J’ai des idées sur des questions qui me préoccupent, et je les exprime à travers des contributions comme des vidéos. Et je compte continuer le même exercice, si notre Seigneur ne s’y oppose pas
Dakar, le 18 avril 2024
Mody Niang