XALIMANEWS- Disponible ce lundi sur la plate-forme, elle revient sur l’affaire du Sofitel. Un récit fouillé et passionnant, dans lequel témoigne Nafissatou Diallo, alors que Dominique Strauss-Kahn a refusé de participer.
C’est ce qui s’appelle vouloir couper l’herbe sous le pied de Netflix. Vendredi matin, Dominique Strauss-Kahn a expliqué dans un tweet avoir accepté pour « la première fois » de « donner (sa) version des faits qui ont marqué (son) retrait de la vie politique », dans un film documentaire prévu à l’automne 2021.
Une annonce postée trois jours seulement avant la diffusion sur Netflix de l’excellente série documentaire « Chambre 2806 : l’affaire DSK », disponible lundi, qui revient en détail sur l’accusation de viol lancée par Nafissatou Diallo en mai 2011 à New York … Et dans laquelle le principal intéressé n’a pas souhaité « donner sa version des faits ».
Dans les quatre épisodes, où témoignent Nafissatou Diallo, plusieurs enquêteurs, la romancière Tristane Banon, qui a accusé DSK de tentative de viol, ou encore une ancienne prostituée, le réalisateur Jalil Lespert et son équipe ont recueilli la parole des avocats américains de Strauss-Kahn. Deux amis proches de l’ancien patron du Fonds Monétaire International s’y expriment aussi. Tout comme les socialistes Elisabeth Guigou et Jack Lang. Mais Dominique Strauss-Kahn, lui, a refusé toute interview.
« On a été en communication permanente avec DSK, raconte Jalil Lespert. Il a longuement hésité pour finalement ne pas participer à notre série. Cela dit, il a déjà donné sa version des faits au JT de TF1 (NDLR : face à Claire Chazal, en septembre 2011) et sur CNN. » Philippe Levasseur, producteur de « Chambre 2806 », n’a pas été étonné du refus de Strauss-Kahn. Et il se montre sceptique vis-à-vis de l’existence du documentaire évoqué sur Twitter : « Est-ce un effet d’annonce ? Personne ne diffuserait un documentaire qui ne serait que la version de DSK. Et cette version, il l’a donnée… sauf à imaginer qu’il dirait avoir menti ».
« Poser les faits de la façon la plus rigoureuse possible »
Le réalisateur et le producteur de la série de Netflix ne « pensent pas » que Dominique Strauss-Kahn ait vu en avant-première « Chambre 2806 ». Et lorsqu’on souligne que l’ancien dirigeant socialiste n’appréciera sans doute pas ce documentaire, dont certains témoignages, et notamment celui du directeur de la sécurité du Sofitel, accréditent l’accusation de Nafissatou Diallo, ils plaident l’impartialité. « On a voulu poser les faits de la façon la plus rigoureuse possible, assure Philippe Levasseur. Je ne suis pas sûr que tous les spectateurs arrivent à la même conclusion. Et nous n’avons pas fait l’impasse sur les zones d’ombre qui entourent le témoignage de Nafissatou Diallo. »
Quelle que soit l’opinion que se fera chacun sur ce qu’il s’est passé dans la chambre 2806, la série porte un regard saisissant sur cet événement survenu avant MeToo. Les déclarations de soutien à DSK de Jean-Christophe Cambadélis, Ségolène Royal ou Jack Lang paraissent aujourd’hui surréalistes. Tout comme les rires gourmands des participants de l’émission « 93, Faubourg Saint-Honoré » de Thierry Ardisson, lorsque Tristane Banon y racontait avoir été victime d’une tentative de viol de la part de Strauss-Kahn.
Le Parisien