Baytir FALL dit El Hadj FALL, une des figures de proue du village de Ngor, a été le martyr inattendu des évènements vécus ce week-end de Korité dans la commune leboue. La cinquantaine bien sonnée, bigame, père de 10 enfants, cet ancien du Club Med, expert en plongée sous-marine, capitaine au long cours qui a bravé l’océan à maintes reprises depuis la plage des Mamelles pour convoyer des dizaines de candidats à l’émigration vers l’Espagne au temps où cette pratique relevait d’un business licite et honnête quoique risqué, n’oubliera jamais cette fin de Ramadan. Le fils de Ngor a été pris à partie vendredi par une escouade de gendarmes qui l’ont littéralement bousillé après l’avoir extirpé de son propre domicile pour un passage à tabac en règle, alors qu’il n’avait à aucun moment participé aux manifestations spontanées des jeunes ripostant aux assauts injustes des forces de l’ordre.
Comme s’il avait fait l’objet d’une dénonciation anonyme des ennemis de l’ombre, El Hadj FALL a passé le pire moment de sa vie. À la limite, au vu des brutalités dont il a été la victime impuissante, l’on serait tenté de croire qu’une personne ne lui voulant pas le plus grand bien a pu le « balancer » comme étant le cerveau de l’attaque de la résidence du sieur Farba NGOM ! Ou alors, étant juges et partie prenante du grave conflit foncier les opposant aux villageois, les gendarmes ont voulu eux-mêmes se faire justice en jetant leur dévolu sur une icône du village.
En tout état de cause, on l’a vu dans une vidéo devenue virale subissant les violents assauts de la part d’un groupe hystérique d’hommes en uniforme qu’on a du mal à imaginer comme étant des gendarmes tant les méthodes utilisées contre une seule personne désarmée , chétive et inoffensive tranchent avec la devise et le sens de l’honneur de ce corps prestigieux.
À l’issue d’une « pause » inoubliable sur le terrain du chantier naval voisin où les séances de passage à tabac ont pu être exercées à volonté et en toute discrétion sur les personnes interpellées, le groupe de ces infortunés sera enfin dirigé entre les brigades de gendarmerie de Thiong et de la Foire à partir de …23 heures.
Finalement acheminé sous forte escorte à Phillippe Maguilene SENGHOR après le refus des enquêteurs de laisser son médecin et ami le Dr Babacar NIANG de SUMA l’hospitaliser, Baytir FALL y subira une longue séance de pansements et une perfusion, avant de réintégrer le violon de la brigade de gendarmerie de la Foire. L’y retrouvant après l’avoir laissé entre les mains des soignants, j’ai constaté que son état général ne s’était pas amélioré, laissant subodorer des difficultés respiratoires et peut-être des séquelles au niveau des poumons suite à une probable fracture des cotes causée par les coups de pieds reçus.
Sans désemparer, l’intervention du Colonel chef d’escadron de la Légion Ouest a été sollicitée. Il m’a promis que l’ordre serait donné de l’évacuer à l’HPD pour y subir la radiographie qui n’avait pas pu se faire au centre de santé Philippe M.SENGHOR dont l’appareil est laissé au repos à partir de 16 heures. Les dysfonctionnements liés à la fête ont retardé la radiographie qui n’a pu se faire que ce matin à l’ex-CTO Hôpital de Grand Yoff.
En ce moment Baytir FALL souffre le martyre, dans l’attente avec 7 co-détenus du déferrement prévu demain, le médecin n’ayant décelé aucune incompatibilité entre son état de santé et la continuation de sa garde à vue dans le violon de la brigade de gendarmerie de la Foire. Les détenus de la brigade de Thiong seront également présentés au parquet demain. À noter que des victimes des violents affrontements (villageois et gendarmes) sont en observation à l’hôpital militaire de Ouakam et à la clinique du Dr Babacar NIANG.
Vivement le retour à la paix qui passe par la justice, dans une affare regrettable pour le traitement de laquelle tout le monde et chacun gagnerait à rester cantonné dans les limites de la raison et de la sagesse.