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Cheikh Bamba Dièye du Fsd/Bj : «Mon différend avec Madické Niang»

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Cheikh Bamba Dièye du Fsd/Bj : «Mon différend avec Madické Niang»

Cheikh Bamba Dièye, le maire de Saint-Louis, ne prend pas de gants pour dénoncer les agissements de responsables du Pds, comme Me Madické Niang avec qui il a eu un différend, lors de la célébration des deux rakkas. Il aborde ici d’autres questions d’actualité, notamment la Présidentielle de 2012 pour laquelle il est candidat à la candidature de Bennoo Siggil Senegaal. Le magal des deux rakkas s’est terminé, mais un différend vous a opposé au Kurel et à Me Madické Niang du Parti démocratique sénégalais (Pds). Pouvez-vous revenir sur cet épisode ?
Un différend ne m’a pas opposé au Kurel des deux rakkas, mais aux tenants du Pds, notamment le ministre d’Etat Madické Niang et le président du Kurel. Je n’ai pas de problème avec le Kurel en tant que tel. Le différend, c’est quoi ? C’est qu’il est inélégant que l’on puisse s’organiser en aparté pour exclure quelqu’un… Moi-même, au matin des deux rakkas, des gens sont venus m’informer de la volonté du président du Kurel et des tenants du Pds de tout faire pour que je ne prenne pas la parole à la cérémonie. Non seulement c’est inacceptable, mais c’est même grotesque, parce qu’on ne peut pas entrer dans une ville et décider d’exclure son maire. C’est vrai qu’aujourd’hui les gens ont déstructuré l’Etat, l’élégance, la bienséance et le savoir-vivre, mais jamais je n’aurai imaginé qu’on en serait arrivé à ce stade. Cette année-ci, ils ont arrosé le Kurel de millions et cru qu’ils avaient la possibilité de décider de faire comme cela leur semblait. Si les deux rakkas constituent une fête religieuse, c’est le fait de Cheikh Ahmadou Bamba, le 5 septembre 1895. Une manifestation religieuse ne peut pas être instrumentalisée à des fins politiques. Quand on est maire d’une ville, dans une manifestation qui appartient à la ville, à ses citoyens, on y a, même pas des droits, mais des obligations. Lorsque quelqu’un viendrait à annihiler ou à marcher sur ces obligations, je suis pour le compte de la com­mune de Saint-Louis, pour la dignité et le respect qu’on doit à l’institution communale. Je suis dans l’obligation de m’opposer et de faire face.

Il y avait aussi Me Ousmane Ngom, chef de la délégation gouvernementale et le ministre Awa Ndiaye. Pourquoi avez-vous incriminé Madické Niang seulement ?

C’est lui qui a organisé séance tenante la distribution de la parole en disant : «Nous avons des problèmes de temps ; donc, on va s’arranger pour que seuls le ministre de l’Intérieur et Serigne Mame Mor prennent la parole.» Mais, tout le monde savait que c’est cousu de fil blanc, parce que quand vous regardez le temps de parole du ministre de l’Intérieur, il y avait de quoi faire parler tout Saint-Louis. Tout ce qu’il y avait, c’est qu’ils ont vu que ma prestation de l’année de mon investiture, comme celle de ma deuxième année étaient au-dessus de ce qu’ils pouvaient offrir comme prestation. Mais ça, je n’y peux absolument rien ! On ne peut pas me demander de me sous-évaluer. Je suis mouride et dignitaire mouride. Ce que je dis sur Serigne Touba, je le connais, puisque que je le vis ; je n’étudie que cela. C’est à eux de relever leur niveau de formation ou de prestation. Ils ont eu peur de ce que j’allais dire, qui n’est rien d’autre que ce que je tire au plus profond de moi-même. L’amour que je voue à Cheikh Ahmadou Bamba, on ne peut pas me faire un procès là-dessus. Ce que je déplore, c’est qu’on puisse comploter à gauche et à droite en pensant que cela passerait. Je suis un homme politique ; pour prendre la parole, j’ai mille et une manières de le faire. On a l’impression que Me Madické Niang et les tenants du pouvoir pensent qu’ils sont les seuls à être de bonne foi. Tout le monde sait qu’ils avaient déjà préparé un coup. Il a le culot, en plus de ça, de se faire prévaloir d’une probité morale. Il faut arrêter, parce qu’il ne sert à rien de se tailler des habits de crédibilité. Les Sénégalais savent qu’ils ne sont pas crédibles. Mais si eux, ils ont la liberté de se comporter comme ils veulent, de venir dans la maison d’autrui pour avoir la prétention d’organiser les situations comme bon leur semble et penser que les gens sont suffisamment faibles pour les laisser faire et les laisser leur marcher dessus, ils se trompent (…)  Je n’ai fait que répondre et, en répondant, je me suis inscrit dans la lignée de Cheikh Abdoulaye Dièye.

A vous entendre parler, votre conviction est que le magal des deux rakkas a fini d’être politisé par le pouvoir libéral… 

Revoyez tout le film de la préparation. Dans toutes les déclarations que le président du kurel a faites, on avait plutôt l’impression d’avoir un adepte invétéré de la cause du président de la République ; on était largement dans le cadre d’un camp de soutien et ce n’est pas la mentalité de la majorité des membres du kurel. Le président Madické Wade s’était battu pour que le kurel reste en dehors des structures politiques, de sorte que le 5 septembre soit une fête de retrouvailles. On ne peut pas dire qu’on se bat pour Serigne Touba et, sous la table, comploter contre quelqu’un.

Vous aviez promis de lui envoyer une lettre pour protester et aussi lui demander des explications par rapport à son attitude. L’avez-vous déjà fait ? 

Mais oui ! Ça a été fait.

Beaucoup de Saint-Louisiens, après ces évènements, ont proposé qu’on diffère la cérémonie officielle au 4 ou au 6 septembre afin de faire de la Place Faidherbe uniquement un espace de prière. Partagez-vous cet avis ? 

Ce dont je suis persuadé, c’est que nous qui avons été tout jeune enfant, au primaire, au lycée, qui avons suivi participer, organiser jusqu’à ce jour l’évènement du magal des deux rakaas, le sentiment profond de tous ceux qui y viennent, est de vivifier l’œuvre de Serigne Touba. Tout ce qui les intéresse, c’est d’actualiser tout le combat de Serigne Touba le 5 septembre 1895 et profiter de sa baraka, de sa bénédiction, prier, se ressourcer et se rapprocher de Cheikhoul Khadim. C’est ça l’essence de cet évènement pour l’écrasante majorité, en dehors du groupe du pouvoir. S’il faut lui trouver une formule qui laisserait l’écrasante majorité du temps à l’expression de cette spiritualité, en ce moment-là, nous retrouverons l’étymologie et le sens de ces deus rakkas. Maintenant pour nous autres qui sommes dans tout le protocole administratif, on pourrait certainement s’organiser et faire de sorte que la primauté reste à la prière et au recueillement, mais il appartient au kurel de voir, puisque c’est de leur responsabilité de s’organiser pour, chaque année, dans un processus continue améliorer leur produit et le rapprocher le maximum de l’essence et de l’esprit de l’enseignement de Serigne Touba et du 5 septembre.

Exigez-vous alors que la mairie soit associée davantage à l’organisation ?

Nous, nous ne sommes pas dans cet esprit-là. Tout ce qui nous intéresse, c’est que comme les autres associations qui sont dans la ville, leur apporter tout le soutien dont on est capable. Nous pensons que le magal des deux rakkas est inscrit au patrimoine de la ville de Saint-Louis et c’est de notre devoir de les appuyer et de les accompagner. Nous allons continuer de le faire et, chaque année, nous allons essayer d’ajouter quelque chose. Mais c’est parce que nous le faisons pour la ville de Saint-Louis que nous sommes dans l’obligation d’organiser des comptes et une tenue par rapport à une manifestation qui aujourd’hui est aux antipodes de l’espace politique. Faire en sorte que cette manifestation retrouve son lustre d’antan, que ce soit un espace de retrouvailles, de communion où nous allons nous abreuver de la pensée de Serigne Touba.

Etes-vous alors de ceux qui exigent qu’on fasse le bilan de l’action de cette équipe qui gère le kurel des deux rakkas ?

Toute action a besoin d’être évaluée. Quand on gère une structure pour le compte des citoyens, il est bon de temps en temps d’en faire le bilan. Mais cela doit être une exigence, non pas de la commune de Saint-Louis, mais des membres du kurel. Ils demandent à la commune, à l’Etat et à des citoyens, de bienfaiteurs et de bonnes volontés de les appuyer et ils le font par souci de participer à la commémoration des deux rakkas. Pour tout ce bon monde, il ne serait pas mal que le kurel fasse un bilan pour qu’à la fin de l’exercice, ils puissent dire : «Voilà, nous avons reçu tant ; nous l’avons dépensé dans tel ou tel autre secteur» Ce n’est pas une exigence seulement pour les hommes d’Etat et pour la commune, mais ça doit être quelque chose de normal et de naturel. Le faire spontanément ne fait que renforcer la crédibilité et la légitimité de ceux qui gèrent le Kurel. C’est dans la tendance aujourd’hui du monde ; nous avons besoin surtout de beaucoup de transparence et de bonne gouvernance. Et je n’ai pas de leçon à donner au kurel des deux rakkas.

Parlons à présent de politi­que. Depuis quelque temps, on vous entend parler de 2012 à chacune de vos sorties. Cela veut-il dire que vous êtes candidat à la prochaine Présiden­tielle ? 

Cheikh Bamba Dièye est acteur politique. Il s’est engagé à œuvrer pour le développement du Sénégal, le raffermissement de la démocratie, pour faire en sorte que les Sénégalais où qu’ils se situent se sentent impliqués et concernés par le développement et la gestion de leur pays. Et à ce titre, l’élection présidentielle participe aux nouvelles orientations de notre pays. Aucun acteur politique crédible ne peut se payer le luxe d’être en marge de ces élections. Nous serons des acteurs et pas des acteurs d’arrière-plan. Mais, si nous voulons véritablement faire de sorte que ce pays change, il est bon que nous ayons un discours très clair et transparent vis-à-vis des uns et des autres. Je suis membre de Bennoo Siggil Senegaal ; je réclame cela et l’assume aussi. Mais, dans le groupe politique dans lequel je suis, je suis candidat à la candidature pour des raisons simples : j’ai l’intime conviction que  s’il est candidat, Cheikh Bamba Dièye de Bennoo Siggil Senegaal remporterait l’élection présidentielle au premier tour. Tout le Sénégal est convaincu de cela. Gagner, changer et créer de la rupture, si c’est seulement cela qui nous intéresse, je pense être l’homme de la situation. C’est pour cette raison qu’avec beaucoup d’humilité, sans une ambition extravagante, mais même sans minimiser qui que ce soit, avec tout le respect que je dois aux autres, je vais participer à l’élection de ce candidat de l’opposition, si cela est possible. Si cela ne se fait pas, alors je serai dans l’obligation de me présenter.

Cela veut-il dire que si vous n’êtes pas choisi dans le groupe Bennoo, vous allez présenter votre propre candidature sous la bannière du Fsd/Bj ?
Je ne l’ai pas dit ; ce que j’ai dit est très clair : je suis acteur dans un processus d’établissement d’une candidature unique de l’opposition au sein de Benno Siggil Senegaal, mais si cette candidature unique ne se réalise pas -pas que si je ne suis pas choisi-, je serai alors dans l’obligation d’être candidat à l’élection présidentielle, par­ce que nous sommes, comme toutes les autres formations politiques, porteurs d’un projet pour le Séné­al…
En 2007 déjà, j’étais candidat à l’élection présidentielle et 5 ans après, je ne suis pas devenu plus faible ; tout au contraire, nous avons, à des niveaux et à des proportions extraordinaires, renforcé notre dispositif et notre présence politique dans le pays. Si je devais simplement me référer à ce que j’avais fait en 2007, je suis aujourd’hui largement dans les conditions et dans les capacités d’être candidat en 2012.

Des nombreuses personnalités de la société civile ont affiché leur volonté de déposer leur candidature. Certains d’entre eux vous ont approché pour une alliance. Est-ce que vous le confirmez ?

C’est normal que toute personne qui a des ambitions par rapport à cette élection puisse aller voir à gauche et à droite. De la même manière, moi aussi, je vais voir d’autres. Je n’ai aucun problème par rapport à l’immixtion de candidatures indépendantes dans la scène politique. Il s’agit du Sénégal, et nous sommes tous des Sénégalais. La question des élections n’appartient pas exclusivement aux partis politiques. C’est pour cette raison que toute personne responsable et apte doit être capable de briguer le suffrage des Sénégalais. Il est important aujourd’hui que beaucoup de Sénégalais pensent que si tel et tel s’alliaient, ils allaient régler le problème. C’est une excellente chose. Encore faudrait-il que ceux qui doivent aller ensemble puissent comprendre la proportion et la place des uns et des autres, parce que c’est un coût que d’être ambitieux, mais c’est un autre que d’être très lucide et de savoir ce qui doit se faire et ne pas se faire. On laissera donc aux uns et aux autres le choix de cette lecture qui doit leur être propre pour se déterminer par rapport à tel ou tel camp. Ce qui est important, c’est que, le jour-j, les Sénégalais aient une pluralité d’offres pour pouvoir se déterminer dans le sens des intérêts du Sénégal. Nous ne pouvons qu’être acteurs ; l’électorat, c’est les Sénégalais, à qui reviendra le dernier mot

On parle beaucoup de la recevabilité ou non de la candidature de Me Wade. Quelle est votre position ? 

Cette candidature n’est pas recevable ; elle ne peut pas être acceptée pour une raison bien simple : l’intéressé lui-même s’est dénié le droit et la possibilité d’être présent à ces élections de 2012. Dois-je rappeler qu’il est président de la République, que c’est lui qui a initié cette Constitution. C’est un acteur de premier plan ; quand il se hasarde à une déclaration publique, cela fait foi en la matière. Sans compter maintenant, l’avis des constitutionalistes qui sont tous unanimes sur le fait qu’il ne peut pas se présenter à cette élection. Mainte­nant, le problème est de savoir vers quoi nous allons, s’il persiste dans sa direction. En ce moment, nous serons en droit de nous poser la question de savoir ce qui l’intéresse en premier : le respect de la loi, la stabilité de notre pays, la continuité qui le dépasse ou simplement ses propres ambitions, son besoin personnel et ses intérêts particuliers ? La manière dont il se comportera dans les mois à venir nous édifiera sur comment nous devons réagir.

La caution de la Présidentielle a été augmentée et fixée à 65 millions. Comment appréciez-vous cette hausse ?

En 2000 déjà, il fallait débourser 6 millions pour être candidat. 11 années après, on nous demande de débourser 65 millions ;  cela veut dire que la somme a été multipliée par 10. Est-ce que le niveau de vie et le pouvoir d’achat des Sénégalais a été multiplié par 10 du fait de l’action gouvernementale ? Est-ce que celui qui gagnait 100 000 francs gagne aujourd’hui 1 million de francs ? Ceux qui vivaient hier bien avec 250 000 sont aujourd’hui quasiment à la lisière de la pauvreté (…)

Vous entamez votre troisième année à la tête de la commune de Saint-Louis. Pouvez-vous nous dresser un bilan d’étape ?

Le bilan est disponible. Il y a eu énormément d’efforts qui ont été fournis pour organiser l’Adminis­tra­tion, densifier et moderniser notre état-civil, donner au service financier de la commune, à la division des recettes, les moyens de maintenir ou maîtriser l’assiette de la commune. Du côté du trésor, ils se sont rendu compte que la commune a fourni un effort extraordinaire pour leur donner les moyens de nous aider à avoir les moyens de notre politique. Ça ne s’arrête pas là ; nous avons initié des actions importantes et intéressantes pour la ville dans le cadre du développement de son patrimoine à travers le programme de l’Etat sur le développement touristique. Rien que sur ce plan, c’est la commune de Saint-Louis avec l’Afd qui a mené un travail extraordinaire depuis Ousmane Masseck Ndiaye. Quand nous sommes arrivés, nous l’avons non seulement repris, mais reconsolidé et élargi. Quand nous avons eu les accords avec l’Afd, nous avons lancé les études et une fois que ces études ont été lancées, nous avons dépouillé le marché et suivi tout le processus. Chaque chose qui s’est faîte l’a été en collaboration avec le cabinet d’études et l’Afd, jusqu’à ce que le projet soit ficelé et qu’il passe au Conseil d’administration de l’Afd et que l’Etat du Sénégal accepte de le financer. Ces temps-ci, nous entendons, sous le couvert de la politique politicienne, un ministre de la République s’arranger pour capter tout le travail fait par la commune de Saint-Louis, parce qu’il pense que toutes les occasions sont bonnes pour faire de la politique. Ils ne savent pas distinguer ce qui relève du développement et ce qui relève de la politique politicienne. Ils sont ignorants au point de ne pas savoir que la commune de Saint-Louis n’y obtiendra pas un franc. Par conséquent, je ne vois pas en quoi les gens veuillent trafiquer à gauche et à droite pour pouvoir s’accaparer d’un projet auquel ils n’ont participé ni de près ni de loin, pour simplement faire de la récupération. De la même manière, le même ministre, Awa Ndiaye, s’est arrangé pour pouvoir capter les ordures dans la gestion municipale. Elle est encore en train de manœuvrer pour capter un programme de développement touristique dont elle n’a eu connaissance que lorsqu’elle a été nommée ministre du Cadre de vie ; donc, même pas apte ni préparée pour gérer ou organiser cela. Ils s’imaginent que les gens vont les laisser mettre du sable dans un travail magnifique qui s’est inscrit dans la continuité et dans un partenariat dynamique entre l’Etat du Sénégal, la commune et un partenaire au développement. Juste pour pouvoir exister individuellement, ils sont prêts à saborder un programme de 24 millions d’euros pour la ville. S’ils pensent qu’ils vont continuer dans cette direction, c’est qu’ils ne nous connaissent pas. Nous sommes dans une République et les gens doivent apprendre à collaborer, à travailler et à comprendre qu’on ne le fait pas avec l’argent d’un particulier, mais avec l’argent de l’Etat qui n’est pas seul habilité à utiliser les deniers publics. Nous sommes un démembrement de l’Etat et c’est parce que cet Etat l’a compris qu’il a laissé la commune dérouler ce programme. Comment veut-on, alors qu’on vient d’arriver et qu’on peut être enlevé demain, vouloir déstabiliser une structure qui est là. Par rapport au programme de développement touristique que la ministre Awa Ndiaye veut détourner à son actif, alors que c’est la mairie qui a mené le travail de bout en bout, nous lui demandons simplement de ne pas lui réserver le même sort que l’opération «Wadial nawet» qu’elle a inaugurée en grande pompe, mais dont on a attendu la cérémonie de clôture qu’elle n’a jamais tenue, laissant le travail à mi-chemin et salissant nos berges. Jusqu’à présent, le service de nettoiement est en train de s’ébranler dans les artères de la ville pour nettoyer les ordures de «Wadial nawet». Nous n’allons d’ailleurs pas la laisser faire, puisque si elle n’est pas capable d’exécuter un programme sorti de son cabinet, nous savons quel sort elle va réserver à ce programme.

De la même manière, ils se sont levés, parce que c’est Cheikh Bamba Dièye maire de Saint-Louis, pour vouloir retirer le Rognant Sud à la commune. Ces comportements qui datent de l’âge de la pierre taillée, il faut que les gens les abandonnent et qu’on s’inscrive dans la voie du développement. Ne pas comprendre que l’Etat est un tout, c’est ne pas être à la hauteur de sa mission.

Donc, nous avons initié un important programme d’habitat social. Avec Onu-habitat, nous sommes en train de le poursuivre. Nous avons introduit plusieurs requêtes à la Commission européenne, mais en attendant la confirmation, nous aurons un important programme pour relooker nos berges et les nettoyer grâce à un appui de l’Union européenne, sans compter maintenant tous les programmes depuis le Centre de traitement des produits halieutiques de Guet-Ndar, en passant par le Centre de tri des ordures plastiques sur la digue de Ndiolofène. Plus maintenant tous les programmes que nous allons développer pour donner un contenu plus consistant à travers la coopération décentralisée. Il y a aujourd’hui un important programme de végétalisation qui permettra d’implanter 10 000 palmiers dans la ville ;  ce qui va considérablement changer sa physionomie à côté de l’effort considérable que nous sommes en train de mener pour rendre la ville plus propre. Il s’y ajoute que nous allons dérouler un important programme de construction de logements sociaux. L’entreprise qui a gagné le marché est déjà sur place et va former et faire travailler beaucoup de jeunes Saint-Louisiens. Un tel programme va être le point de départ de la traduction en actes concrets de notre volonté d’aider les populations de Guet-Ndar et de Diaminar pour qu’elles puissent trouver un habitat décent. Ce sera un projet-test qui va nous permettre de redéfinir comment habiter à Saint-Louis et comment cette ville doit être dans les 10 années à venir (…)

Nous sommes en période d’hivernage. A Saint-Louis, on parle beaucoup d’insalubrité et surtout d’inondation, et on s’accuse mutuellement. Quelle est la part de responsabilité de la mairie dans cette affaire ?

Je peux mettre la ville de Saint-Louis sur le plan de l’insalubrité en concurrence avec n’importe quelle ville du Sénégal et je suis sûr de remporter la palme. Pour les problèmes des inondations, vous avez vu vous-même tous les efforts que nous avons fournis, toutes les motopompes que nous avons achetées ou que des coopérants nous ont aidés à avoir. Nous ne rechignons pas à donner à l’Onas et à tous les particuliers tout le carburant et toutes les motopompes dont ils ont besoin pour les aider à pomper. Mais le vrai problème, c’est au niveau des deux stations de pompage de Diaminar et Diamegeune, qui sont sous la responsabilité directe de l’Etat. Ce qui est déplorable, c’est qu’on doive gérer un afflux d’eaux dans un mois localisé dans une année, et qu’on ne soit pas capable d’utiliser les 11 mois pour réparer, organiser, entretenir ces deux stations pour qu’elles puissent être en capacité de fonctionner pendant un mois. Et pour ça, j’indexe les autorités. Elles sont promptes à trafiquer ou organiser des sujets dans lesquels elles n’ont strictement rien à voir, alors que leurs vraies priorités, là où l’on doit les voir au quotidien, c’est sur les conditions de vie de nos citoyens. Tu as beau les appeler, elles ne répondent pas ; les populations descendent dans les rues et là, elles viennent avec une rapidité telle que tu as l’impression que le matériel était disponible. C’est ça qui me choque.

Le gouvernement a fait voter récemment une loi pour créer une nouvelle société de nettoiement au Sénégal et les mairies ne se chargeront plus de cette question. Que pensez-vous de cette décision ? 

Cette loi  est anti constitutionnelle ; elle heurte de plein fouet la libre administration des collectivités locales. C’est aujourd’hui une nette reculade par rapport à la volonté de décentralisation. Les gens oublient que l’Etat avait déjà pris en charge le secteur du nettoiement et c’est parce que ça avait capoté que, pour le cas de Dakar, on avait changé. On se rappelle de l’histoire de la Soadip, en passant par la Sias, Ama-Sénégal, jusqu’à cette situation aujourd’hui. Pour le cas de Saint-Louis, nous avons connu l’intervention d’un privé, celle de la ville et même d’un système mixte. C’est sur cette expérience dont nous sommes riches que nous nous basons pour dire que l’Etat du Sénégal n’a rien à faire dans la gestion des ordures. Mais tant que sa volonté est de nous aider et nous appuyer, il faut que l’Etat nous demande dans quel secteur nous avons besoin de son appui. Nous, nous savons que si nous avons 10 camions bennes «tasseuses», nous n’aurons pas besoin de son aide. Si vraiment sa volonté est d’aider, d’appuyer et de rendre les villes propres, il y a des systèmes et moyens. Mais si leur volonté (des gouvernants) est d’acheter des centaines de camions, de faire un marché extraordinaire et après nous laisser avec nos problèmes d’ordures, ils ne peuvent tromper personne. De toutes les manières, laisser une entreprise publique ou parapublique gérer nos ordures n’est pas à l’ordre du jour pour la commune.

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