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Cheikh Sidiya Diop règle ses comptes : « Ces vieux de Benno hypothèquent l’avenir des Sénégalais. Ils ont niché leurs enfants dans les organismes internationaux et entreprises de renom. »

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Le secrétaire général de la Ligue des Masses, Cheikh Sydiya Diop, ne s’est pas fait prier pour rallier la coalition nouvellement mise en place par l’opposant Talla Sylla, qui vient de claquer la porte de la coalition de l’opposition réunie autour de Benno Sigil Sénégal. Depuis Paris, il prône un rajeunissement de la classe politique, et s’en prend vertement aux leaders classiques de l’opposition, ces ‘vieux’ « qui ne pensent qu’au pouvoir ». Non sans tirer sur Abdoulaye Wade, qui, selon lui, « clignote à droite, ralentit, attend le feu orange et tourne à gauche. »

Entretien

Parlez-nous de vous, très brièvement, Cheikh Sydiya Diop

Cheikh Sidiya Diop : Je suis secrétaire général de la Ligue des Masses, économiste de formation, marié et père de trois enfants ; je termine une thèse de Doctorat d’Etat à l’Université de la Sorbonne, où j’ai fait toute ma formation universitaire. J’officie actuellement comme auditeur dans une entreprise hôtelière.

La Ligue des Masses, est-ce un mouvement citoyen ou un parti politique ?

Cheikh Sidiya DIOP: La Ligue des Masses  est un parti politique légalement constitué depuis le 12 octobre 2005. Elle est née d’un mouvement citoyen qui s’appelait Mouvement pour sauver le Sénégal. Notre parti proclame son attachement à la doctrine de la Sociale démocratie qui incarne des vertus comme la solidarité, l’égalité et la justice sociale…

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que la Ligue des Masses, ce n’est personne d’autre que Cheikh Sidiya Diop lui-même ?

Cheikh Sidiya DIOP : Je ne donne pas d’importance à ce genre d’appréciation. Ce que je peux vous dire c’est que la Ligue des masses en l’espace de cinq ans, a un nom, et compte dans notre landerneau politique. Satisfecit total parce que le parti se porte comme un charme. La Ligue des masses ne cesse de se massifier, le nombre d’adhésions a augmenté, les structures du parti sont renforcées, chaque jour une nouvelle section se crée, le parti est implanté partout même dans les coins et recoins du Sénégal des profondeurs. Grosso modo pour vous dire que le parti est vivant et visible. Donc ceux qui soutiennent que la Ligue des masses se limite à Cheikh Sidiya DIOP auront une grande surprise.

Suite à votre comité exécutif qui s’est réuni d’urgence le dimanche 8 août sous votre présidence en tant que secrétaire général, vous avez déclaré avoir quitté la coalition « Benno Siggil Sénégal » pour rejoindre « Benno Taxawal Sénégal », la nouvelle coalition de Talla Sylla, le leader du « Jëf Jël ». Cheikh Sidiya, avez-vous été membre de Benno, officiellement ?

Cheikh Sidiya DIOP: Je voudrais d’abord vous dire que Benno est avant tout un esprit avant d’être une structure. Tous ceux qui ont voté pour Benno sont de Benno à part entière. En conséquence, Benno est une liste non exhaustive. Personnellement j’avais trouvé inutile de polémiquer sur notre engagement, notre engouement et notre ancrage au sein de Benno Siggil Sénégal. Pour en revenir à votre question, je vous confirme que la Ligue des masses fut belle est bien membre complet de Benno Siggil Sénégal. C’est moi même qui ai formulé, en tant que Secrétaire général, notre demande d’adhésion, à l’époque de ce qui s’appelait Front Siggil Sénégal. J’ai remis main à main notre demande au Coordonateur du front, Amath Dansokho, qui est un homme honnête. Quelques jours après, j’ai envoyé la version électronique non seulement à la presse nationale et internationale, mais aussi à ceux qui secondaient le coordonateur de ce front, à savoir Talla Sylla du Jef Jël, et Momar Samb du Rtas, qui l’ont ventilé à la conférence des leaders. Et d’ailleurs, je me rappelle, que l’un d’entre eux, interrogé par une radio, disait que la Ligue des masses est la bienvenue dans le Front, car elle venait de renforcer le camp des alternatives aux politiques de gabegie du Président Abdoulaye Wade. Pour vous dire qu’il y a eu un mouillage actif de la Ligue des masses dans Benno Siggil Sénégal, avec un dévouement indéfectible, en commençant par moi-même.

Il y a quelques jours, le professeur Madior Diouf, porte-parole du jour de « Benno Siggil Sénégal », déclarait que la coalition n’avait pas enregistré de départ. Et parlant de votre parti et de votre supposé départ, il dit, je le cite : « On quitte un endroit où on a été, ou une organisation dont on a été membre ». Il a aussi insinué que vous n’aviez jamais assisté à une réunion de Benno en tant que chef de parti. Que répondez-vous à cela ?

Cheikh Sidiya DIOP: je ne vais pas polémiquer avec Madior Diouf sur cette question. D’ailleurs, je m’interroge sur la régularité de sa présence dans cette conférence de leaders de Benno en tant que chef de parti contesté qui ignore carrément le fonctionnement de cette organisation. Notre interlocuteur au sein de Benno est le coordonateur qui s’appelle Amath Dansokho, un monsieur de bonne foi avec qui nous avons effectué toutes nos démarches et procédures en bonne et due forme. Quant à ma présence dans les réunions de Benno, je réponds seulement que je n’ai pas un don d’ubiquité d’être à Paris et d’assister à des réunions à Dakar, une fois que le parti est représenté le problème est réglé. En conséquence, les déclarations de Madior Diouf sont folkloriques.

Beaucoup de Sénégalais ont tendance à penser que Benno, qui symbolise l’union, est devenu Niaaro, nietto, nientoo, c’est-à-dire la division, l’émiettement. Pensez-vous qu’une scission au sein de Benno puisse être bénéfique pour l’opposition que vous représentez, vous, Talla Sylla et les partis politiques réunis autour de Benno ? N’êtes-vous pas en train de fragiliser l’opposition et de renforcer le camp d’Abdoulaye Wade en entretenant une polémique de cette nature ?

Cheikh Sidiya DIOP : Personnellement je déplore l’implosion de cette dynamique unitaire. Comme j’ai eu à le dire, ces leaders classiques de Benno Siggil Sénégal ne pensent qu’au pouvoir, ils ignorent carrément le message des Sénégalais au sortir du 22 mars qui est « unissez-vous ». Il y a une volonté manifeste des  Sénégalais qui aspirent au changement. Cette candidature plurielle est contre nature, inopportune et dangereuse. Elle n’est ni efficiente, ni porteuse, ni conforme au contexte actuel. Chaque élection a son enjeu et sa stratégie. Ces leaders classiques de Benno savent très bien que désunis, nous ne battrons pas Abdoulaye Wade, malheureusement ils s’entêtent de se présenter séparément. En conséquence le Jef Jël et la ligue des masses ont pris leurs responsabilités en ne cautionnant pas la victoire programmée du Président Wade. Nous avons proposé toutes les formules à savoir la concertation, les partielles, les primaires, le vote à huit clos, mais rien, aucun sursaut. J’ai moi-même personnellement tenté de les raisonner un à un, je leur ai demandé de penser à l’intérêt du pays auquel ils doivent tout, ils ont catégoriquement refusé. Cette polémique mène droit au chaos, puisqu’ils faciliteront la tâche au Président Wade qui aura la voie balisée pour son fils.

Quelles convergences d’idées existe-t-il entre vous et Talla Sylla ?

Cheikh Sidiya DIOP: Elles sont nombreuses, nous sommes en phase extrêmement étroit. D’abord nous pensons que le pays est au bord du gouffre et qu’il faut mettre un terme à la gestion despotique de monsieur Abdoulaye Wade et appliquer un plan de redressement national pour reconstruire le pays en amont et en aval. Talla et moi avons vu que ces vieux de Benno qui se battent entre eux, ne feront pas le salut du Sénégal, ils suivent le calendrier de monsieur Abdoulaye Wade qui leur impose son rythme. Il clignote à droite, ralentit, attend le feu orange et tourne à gauche. Benno Taxawal Sénégal pense que l’opposition sénégalaise actuelle a un processus très lent ; à l’heure actuelle, la question de candidature unique devait être réglée depuis belle lurette. On devait se situer au montage des comités électoraux et à l’investiture de notre candidat. Enfin, avec Talla, nous sommes d’accord qu’il faut appliquer les conclusions des assises nationales qui sont un gouvernail pour le pays.

Jusqu’ici, la candidature unique de l’opposition semble relever de l’utopie. Pensez-vous que l’opposition a des chances de gagner en 2012 ? De quels moyens dispose Benno Taxawal Sénégal pour arriver à ses fins ?

Cheikh Sidiya DIOP : Effectivement dans l’esprit des Sénégalais, Benno Siggil Sénégal a montré son incapacité de rassemblement. Que des tiraillements entre « partenaires », vous avez vous même constaté ce qui s’est passé après notre victoire en mars 2009. Ces vieux de Benno Siggil Sénégal sont en train d’hypothéquer l’avenir des Sénégalais, et pourtant, ils ont niché leurs enfants dans les organismes internationaux ou dans les entreprises de renommée. Je parle d’eux tous sans exception, ces leaders classiques n’ont pas leurs enfants au Sénégal mais en Occident. C’est cette injustice, ce ‘je m’en tape du peuple’ que la Ligue des masses n’a pas voulu cautionner. Benno Taxawal Sénégal va montrer la voie, nous allons fédérer toutes les synergies qui ont une ambition pour ce pays, car le mythe de cette candidature unique n’est qu’une question de volonté politique et de dépassement. Nous allons associer d’une manière inclusive les bonnes volontés, les partis indépendants, les partis non alignés, les partis neutres et non inscrits mais aussi les mouvements citoyens et les forces vives du pays. Vous verrez de vous même que Benno Taxawal Sénégal aura le mérite d’avoir réalisé ce mythe.

Avez-vous autre chose à ajouter ?

Cheikh Sidiya DIOP : je vous remercie sincèrement de l’opportunité que vous m’offrez d’éclairer les lanternes. Je vous félicite également pour le travail appréciable que vous faites, ainsi que toute votre corporation. Cette presse est un régulateur, mais un acteur qui nous accompagne dans notre processus de démocratisation. J’inviterais aussi les Sénégalais à qui revient le dernier mot, de ne pas se laisser flouer aussi facilement, et, de procéder eux même au renouvellement de la classe politique, au rajeunissant du Landerneau dans l’intérêt supérieur du pays. Enfin, je voudrais lancer un message aux jeunes, particulièrement à ceux de ma génération à qui je dis que nous avons une mission noble de participer au développement du pays et de le conduire à l’émergence économique. Je pense qu’il est possible de se retrouver autour de l’essentiel et de pouvoir dans un laps de temps redorer le Sénégal de son leadership d’antan et poser les bases des Etats-Unis d’Afrique. Je vous remercie.

Propos recueillis par Momar Mbaye

http://mbayemomar.over-blog.net

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