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CHEIKH TIDIANE GADIO, PRESIDENT DE « LUY JOT JOTNA » « J’ai promis de ne jamais révéler de secrets d’Etat »

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Suite aux nombreuses sollicitations des internautes, nous reproduisons in extenso, l’interview exclusive que Cheikh Tidiane Gadio a accordée au quotidien L’Observateur. Un entretien publié hier lundi qui revient sur la situation politique, économique et social qui prévaut au Sénégal. Gadio esquisse le carnet de route du mouvement qu’il dirige, revient sur les raisons de sa rupture avec Me Abdoulaye Wade et jette un coup d’oeil sur la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire ainsi que sur nos relations avec des pays comme l’Iran, la Gambie etc. Source : L’Observateur.

Mr le président vous venez de recevoir votre récépissé, quelles sont les autres étapes de votre combat ? Permettez moi tout d’abord de remercier les citoyens « ordinaires » sénégalais et africains, les amis de la communauté internationale, les mouvements citoyens, les organisations de la société civile, les partis politiques, la presse, le corps diplomatique accrédité à Dakar et toutes les bonnes volontés qui ont refusé que notre démocratie au blason déjà terni ne le soit davantage par un bras de fer franchement inintelligent sur le récépissé d’un simple « Mouvement politique citoyen », comme ce fut le cas du temps du refus du récépissé à l’impérissable intellectuel et leader politique Pr. Cheikh Anta DIOP. « Kuy bërey daan ! » (seule la lutte est gage de victoire !) avait dit ce dernier, l’histoire de notre récépissé l’a encore prouvé.

Et pour en revenir aux autres étapes de votre combat ?

Les prochaines étapes de notre combat politique et citoyen sont toutes balisées : poursuivre la massification de notre mouvement qui a franchi en 16 semaines d’existence la barre des 50.000 adhérents, et ceci sans descentes majeures sur le terrain et par une simple transformation en engagement à nos côtés du capital de sympathie pré-existant à notre émergence et par notre communication médiatique. En dépit d’une formidable campagne d’intox et de rumeurs du régime et d’une rétention délibérée de notre récépissé pendant six mois, le MPCL – Luy Jot Jotna a connu un développement fulgurant dans le landerneau politique et citoyen de notre pays. Tout ceci sera prouvé dans les faits et sur le terrain !

Dès cette semaine, nous débuterons le tour des Grands Chefs religieux (musulmans et chrétiens) de notre pays pour recueillir leurs prières et leurs bénédictions ! Ensuite la Casamance et les banlieues seront les cibles de nos premières sorties sur le terrain avec une approche « grassroots » c’est à dire de proximité, ceci afin que nous puissions démarrer une vraie conversation citoyenne et nationale avec nos compatriotes sur la question existentielle qu’ils brandissent tous « le régime actuel c’est fini mais qui à la place ? ».

Nous expliquerons qu’à notre humble avis la question ne devrait pas être « qui à la place ? », mais bien « quoi à la place ? ». Permettez-moi d’énumérer :

* institutions fortes et autonomes, * nouvelle Constitution, inviolable dans ses fondamentaux républicains, démocratiques, laïcs, institutionnels, * dirigeants intègres qui servent sans se servir, encadrés par des organes de contrôle forts et outillés pour leur mission, * capacité d’auto-saisine et omni présence citoyennes dans les affaires de l’Etat et de la Cité, * programme économique et social solide et chiffré, * leaders panafricains et adeptes au plan national de la réconciliation et du dialogue politique permanent et inclusif.

Pour le MPCL ce sont là les véritables clefs de la Renaissance institutionnelle et du Renouveau du Sénégal !

Bien entendu, une tournée nationale des autres régions du pays, de même que la réponse aux nombreuses invitations de la Diaspora où le MPCL – Lu Jot Jotna semble d’ores et déjà jouir d’une assise confortable, sont au menu des activités pour février et mars avant la première grande convention nationale du Mouvement qui verra une déferlante sans précédent, dans un style sans précédent pour un Mouvement politique citoyen sans précédent dans l’histoire du Sénégal !

Dans le contexte du Sénégal marqué par une cherté de la vie et un front social en ébullition, quelle est la démarche que préconise votre mouvement ?

Le MPCL l’a dit et redit, les problèmes qui assaillent le Sénégal sont tous à la portée des immenses et talentueuses ressources humaines de notre pays. La conjoncture internationale difficile ne saurait couvrir les accusations de mauvaise gestion des ressources mises à la disposition du secteur de l’énergie par exemple. On parle de 800 à 1000 milliards pour aboutir à la débâcle et aux résultats actuels catastrophiques voire humiliants pour notre pays. Les délestages intempestifs et coupures durables d’une régularité de métronome nous font tous souffrir dans notre chair.

Notre Mouvement qui travaillera à une alliance indispensable avec les autres forces vives du Sénégal a des réponses concrètes, chiffrées, difficilement réfutables à proposer à nos compatriotes. Le tout sera consigné dans un nouveau manifeste post – Convention nationale du MPCL qui présentera « Dix mesures urgentes de redressement national et la Vision Sénégal 2030 ». N’étant pas experts en tout, nous avons eu l’humilité de confier l’élaboration d’un programme précis et concret, sectoriel et global à des cadres reconnus comme étant parmi les meilleurs fils et filles de ce pays dans leur domaine et regroupés dans des « think tank » spécialisés par secteur : énergie, inondations et habitat social, emploi des jeunes, nouveau système de sécurité sociale et d’assurances maladie pour tous, mesures essentielles et immédiates pour un secteur privé moteur d’une économie émergente, nouvelle politique de développement rural, éducation, santé, infrastructures, Tics, etc.

Nous annoncerons alors des mesures qu’on peut mettre en œuvre immédiatement en commençant par réduire de moitié, voire plus, le train de vie de l’état et en mettant fin à « l’agencialisation » de l’Etat qui en fait multiplie les dépenses, dilue les responsabilités, renforce l’opacité dans la gestion tout en donnant des pouvoirs exorbitants à une Présidence hypertrophiée, tentaculaire et paralysante. Il nous faut redonner à l’administration son rôle de premier plan dans la conduite des affaires de l’Etat.

Quinze à vingt ministres, sérieux, compétents et intègres peuvent suffire à mettre en œuvre le programme gouvernemental puisque la première puissance économique et politique du monde avec 260 millions d’habitants (les USA) dépasse rarement les 13 ou 14 ministres. Le Japon aussi se contente souvent de 16 à 18 ministres. L’actuel attelage du gouvernement (frappé d’une obésité chronique avec son double gouvernement : celui dirigé de la primature et celui refugié à la Présidence), pour 12 millions de Sénégalais, est plus peuplé que le gouvernement de la République populaire de Chine avec 1,5 milliards d’habitants. On peut ici éliminer beaucoup de graisse et de redondance…

Pour se concentrer sur la demande sociale et abréger les souffrances des populations les plus démunies, le Sénégal a besoin de desserrer l’étau des politiciens professionnels qui ont piégé nos populations en les entrainant dans un débat électoral et un débat sur la succession deux ans et demi avant les échéances. Ici la responsabilité historique du Président WADE est engagée avec sa candidature – du reste illégale et anti-constitutionnelle – annoncée depuis septembre 2009. L’opposition traditionnelle n’a pas crié « hors sujet » mais s’est engouffrée allégrement dans le cratère ainsi ouvert et qui aura coûté très cher à notre économie, à nos programmes avec les investisseurs privés et les partenaires au développement. Une fois les joutes électorales lancées, plus personne n’ose jeter son capital ou ses projets majeurs dans … l’incertitude. On attend.

Enfin, en lieu et place de solutions à la cherté de la vie (gaz domestique aux prix exorbitant, essence au coût dissuasif, flambée générale des prix de toutes les denrées de première nécessité), on nous a entrainés dans cette triste histoire presque rocambolesque de « projet dynastique » qui a exaspéré et entamé l’optimisme de beaucoup de partenaires qui avaient parié sur le Sénégal. A leur grand dépit, ils se sont rendus compte que notre pays n’était pas la grande « exception » vantée sur tous les toits, mais s’était mué progressivement en une « démocratie tropicale » où la constitution faisait l’objet d’un viol répété afin d’organiser l’affaissement des institutions, la relégation de la demande sociale au second plan, le tout afin que le malheureux « projet dynastique » se fraye une voie.

Notre mouvement a les capacités de remobiliser les amis et partenaires du Sénégal, de remotiver le secteur privé en un temps record et de siffler la fin de la pénible récréation afin que le pays se remette au travail et sorte ceux qui sont dans l’obscurité ou ont les pieds dans l’eau de leur misérable condition à peine humaine !

Il y a un de vos compatriotes qui est en proie à des difficultés face à la position de l’Etat qui semble lui mettre des bâtons dans les rues : Bara Tall. Quel soutien ou appui comptez-vous lui apporter ?

Ce jour lundi les leaders des mouvements citoyens vont animer au siège du MPCL Luy Jot Jotna un grand point de presse pour dire notre position et notre plan d’action sur ce dossier. Comme l’indique déjà notre communiqué commun, la « mise à mort » de l’entreprise JLS et l’acharnement continu contre son patron sont une honte nationale qui si on n’y prend garde nous fera tous désormais baisser la tête constamment. Un peuple n’est grand que dans sa capacité à faire face à ses grands défis et à les surmonter victorieusement. Bara TALL, par la simple évocation de son nom désormais emblématique, symbolise les souffrances du secteur privé national et des compétences nationales marginalisées. Bara, comme on l’appelle tous affectueusement, est un Sénégalais debout, insoumis, patriote qui résiste au plat-ventrisme. Ceux qui lui avaient promis de le « casser » et de le « briser » en auront pour leurs frais car Dieu, dans la panoplie infinie de ses ressources, a aussi créé des êtres « incassables ».

Il y a quelques semaines, une histoire d’armes en provenance de l’Iran a jeté un coup de froid dans les relations entre le Sénégal et la Gambie. Le Sénégal a rappelé son ambassadeur en Iran pour consultations etc… Le Gouvernement a t il bien gérer cette crise ? Qu’est-ce qui n’a pas été fait qui devrait l’être.

Vous connaissez ma doctrine en la matière, vu mon parcours dans la diplomatie sénégalaise j’évite de commenter tout ce qui est « action diplomatique » du Sénégal sauf si celle-ci allait délibérément à l’encontre de l’intérêt national vital de notre pays. Je ferai noter simplement que le Président de la République m’avait accusé devant tous les Sénégalais, d’avoir saboté sa politique envers l’Iran, ce grand partenaire stratégique du Sénégal, en soutien « à la politique de mes amis américains ». Mais comme disent certains compatriotes, il y’a des injustices tellement « criardes » que Dieu semble vouloir les réparer sur terre, en attendant le face à face céleste.

L’accusation était choquante puisqu’elle était basée sur une amnésie volontaire ou non. « Gadio ne s’était jamais rendu en Iran malgré ses tours du monde planétaires, en plus il n’a jamais organisé de commission mixte avec l’Iran, ceci nous a porté préjudice » ! En vérité, GADIO s’est rendu cinq fois en Iran, plus qu’en Inde et en Chine deux grands pays très proches de mon cœur. 1) J’ai porté un message comme envoyé spécial chez le Président Khatami. 2) J’ai organisé et accompagné le Président lors de sa visite officielle à Téhéran. 3) J’ai dirigé la délégation à la Commission mixte Sénégal-Iran tenue à Téhéran. 4) J’ai amené la délégation ministérielle au Sommet des Non Alignés tenu en Iran et enfin 5) j’ai été envoyé spécial du Président pour témoigner notre compassion et remettre un chèque de 500.000 dollars aux autorités iraniennes après le tremblement qui avait endeuillé une région de ce pays. S’agissant des commissions mixtes avec l’Iran, j’en ai co-dirigé une à Téhéran et une autre à Dakar !

Je conclus en disant que je soutiens la volonté de mon pays de tirer au clair cette affaire très grave de cargaisons d’armes et je l’exhorte à travailler main dans la main avec la Gambie, pays jumeau du nôtre, pour que la vérité complète éclate dans cette affaire. Avec la séparation en marche du Sud Soudan, tous les marchands d’illusions et d’armes vont s’activer dans notre région Sud et dans beaucoup de « régions Sud » de beaucoup pays d’Afrique. D’où aussi l’urgence de conclure une paix définitive en Casamance !

L’actualité c’est aussi la crise en Côte d’Ivoire. Quelle est votre position et quel doit être le comportement de notre pays dans cette crise ? Sur la tragique crise ivoirienne, la position du MPCL ne souffre d’aucune ambiguïté, nous soutenons les positions de la CEDEAO et de l’UA qui prescrivent que toute résolution de la crise doit partir des résultats annoncés par la CEI et certifiés par la Nations Unies. Nous aurions défendu une position différente en privilégiant l’avis émis par le Conseil constitutionnel si la Loi électorale ivoirienne n’avait pas énoncé clairement en son article 64 ceci :

“ Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection et notifie sa decision à la Commission Electorale Indépendante qui en informe le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le Représentant special du Facilitateur à toutes fins utiles.

La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en Conseil des Ministres sur proposition de la Commission Electorale Indépendante. Le scrutin a lieu au plus tard 45 jours à compter de la date de la décision du Conseil Constitutionnel”.

En outre, notre Mouvement a consulté un brillant constitutionaliste sénégalais sur certaines questions juridiques sensibles. Ce dernier a estimé que la Résolution 1765 du 16 juillet du Conseil de Sécurité des Nations Unies avait clairement défini la mission du Représentant spécial du Secrétaire général en lui donnant le mandat accepté par tous les leaders ivoiriens depuis “l’Accord de Prétoria” jusqu’aux “Accords de Ouagadougou” ainsi qu’il suit :

Si l’ONU doit certifier « toutes les tapes du processus électoral », son avis devient prépondérant et peut expliquer l’unanimité de la communauté internationale (excepté l’Angola) autour de l’avis exprimé par M. CHOI le Représentant spécial.

Par delà ces questions politiques et juridiques, je milite pour une solution rapide de cette grave crise, préjudiciable à l’unité de la Côte d’Ivoire, ce beau pays locomotive de l’UEMOA, et préjudiciable à l’avenir démocratique du continent africain tout entier.

Vous aviez joué un rôle dans cette crise, le travail que vous aviez abattu à l’époque n’est-il pas tombé à l’eau ?

Non pas réellement car il est des moments historiques comme cet Accord de Bouaké du 17 octobre 2002 qui a arrêté la guerre en Côte d’Ivoire que rien ni personne ne pourront effacer ! Présentement, je discute beaucoup avec des amis, une sorte de groupe de “concerned African citizens” qui émet des idées et des suggestions, pour que le sang ne soit pas versé, que Gbagbo (compagnon historique dans le combat pour la démocratie et le changement en Afrique) ne soit ni humilié ni menacé de poursuites ultérieures, mais aussi pour que justice soit faite à Ouattara qui est sorti vainqueur de la confrontation électorale si l’on en croit la CEI, les nations Unies, la CEDEAO et l’Union africaine.

Peut-on s’attendre à une mutation de votre mouvement en parti politique ?

Avec votre permission, je vais ici reproduire une réflexion que j’avais émise lors d’un entretien avec le Mensuel parisien MATALANA que j’ai ici sous les yeux. Je disais en gros ceci.

Le MPCL a lancé un appel pour une « levée citoyenne majeure » à la OBAMA (Grassroots Movement) pour que la maxime « la politique est une affaire trop sérieuse pour être laissée entre les mains des politiciens » s’applique au champ politique sénégalais. Après avoir salué les immenses contributions des Assises nationales et des partis historiques, nous avons néanmoins constaté le besoin non satisfait des Sénégalais d’une nouvelle offre politique, citoyenne, jeune, rénovée, en phase avec la modernité politique d’une république vertueuse et en phase avec l’aspiration très audible et très intelligible des peuples africains pour l’unité continentale et pour un nouveau leadership !

Et à la préoccupation « Mouvement citoyen » ou « Parti politique » ? Je clarifiais ainsi la vision du MPCL « Vous savez, il faudra s’y faire, la « détérioration des termes de la transaction politique » a atteint un point de non retour. Les partis classiques et la forme ancienne de la politique (modèle hérité de Lénine ou des libéraux), ont fait leur temps, épuisé leur capacité historique de renouvellement ou d’innovation et sont des candidats sérieux –comme disait justement Lénine- au Musée des antiquités politiques. De là que l’émergence des « mouvements citoyens à vocation politique » comme diraient Gadio et ses amis, ou des « mouvements sociaux à vocation politique » comme diraient notre frère et ami Mansour Sy Jamil et ses amis, était inéluctable car l’homme restera à jamais un animal politique qui ne pourra pas se passer de la politique. Même après la prétendue « fin de l’histoire » !

L’irruption citoyenne dans la sphère de la politique est une irruption cyclique et par séquences historiques qui annonce toujours une ère de recomposition et de re-conceptualisation de la politique. La révolution citoyenne est partout en marche, dans et en dehors des partis classiques. Voyez le maire socialiste de Dakar, Khalifa Sall, il se déploie comme un vrai leader de mouvement citoyen. Et c’est fort apprécié par ses compatriotes. La même observation est valable pour Cheikh Bamba Dieye, le maire de Saint Louis et sûrement pour bien d’autres. Voilà pourquoi notre organisation politique porte sans aucun complexe le nom évocateur de « Mouvement politique citoyen » ! Et comme au Sénégal, la Loi sur les Partis ne reconnaît que les partis comme unique forme d’association politique, notre Mouvement s’est conformé à la législation en vigueur en obtenant le récépissé d’un Parti politique. Un mouvement pour nous est plus rassembleur, moins sectaire, moins doctrinaire et plus poreux au changement et aux idées nouvelles, surtout quand il est un mouvement citoyen et un mouvement politique comme LUY JOT JOTNA.

Les Sénégalais peuvent-ils s’attendre à une candidature de Gadio à la prochaine présidentielle ? Où avez-vous un candidat ?

Rendez vous à la Convention nationale du MPCL prévue vers le mois de mars, pour une réponse argumentée à votre importante question ! Visiblement notre attitude prouve que ceci n’est pas une question de vie ou de mort pour nous. Le Sénégal notre pays, et l’Afrique notre patrie commune, passent bien avant nos personnes. Une telle philosophie matérialisée dans l’attitude que nous saluons tous de Cellou Dalein DIALLO en Guinée permet de ne pas sur-dimensionner son ego et de s’éloigner des convictions messianiques de sauveur attitré de « la patrie en danger ». Dieu a déjà choisi ses candidats en 2012 et le vainqueur est déjà assis sur le fauteuil présidentiel, peut-être sans le savoir. Tout cela n’empêche pas la terre de tourner, la SENELEC de nous délester, les inondations de charrier frustrations et misère humaine, le manque d’emploi des jeunes et leur désarroi de s’amplifier, et les paysans de monter sur le toit de leur montagne d’arachides ou de mais invendus et de ruminer leur désespoir en scrutant un horizon plat et cruel. C’est vrai que Luy Jot Jotna et que le vrai changement en 2012 est inéluctable !

J’apprécie l’appel du Président WADE pour la sérénité en cette année pré-électorale en 2011 lors de son discours de fin d’année. J’ajoute toutefois que lui même peut grandement contribuer à cette sérénité en convoquant tous les leaders politiques du pays au Palais, pour leur annoncer la bonne nouvelle qu’il a décidé de s’en tenir à sa première interprétation de la Constitution de 2001 et qu’il ne briguera pas un 3ème mandat mais organisera l’élection présidentielle la plus démocratique et la plus transparente dans l’histoire du Sénégal moderne. Le Président ne peut même pas imaginer comment le C- que lui a décerné le mois passé un grand journal « East African » va se transformer de façon instantanée en un A+ et le repositionner comme à son arrivée en 2000 parmi les leaders d’une autre Afrique.

Avec le recul n’avez-vous pas une part de responsabilité dans le bilan de Wade après toutes ses années passées dans son gouvernement. Cette part du bilan ne peut-elle pas vous nuire dans vos ambitions ?

Je vous remercie pour cette question car elle me permet une bonne fois pour toutes, du moins je l’espère, de clarifier une mystification savamment entretenue.

Je le réaffirme haut et fort, j’assume entièrement le bilan de mon action aux côtés du Président WADE pour avoir servi avec abnégation mon pays pendant neuf ans et demi. Mes détracteurs savent bien ce qu’est l’action diplomatique, « une action plus au service d’un pays que d’un régime particulier » comme disait le plus grand ministre des affaires étrangères de l’histoire du Brésil du début du siècle passé.

Vous savez il y’a deux bilans de mon action, celui du peuple c’est à dire 99,99 % des Sénégalais et celui de certaines élites. Ensuite il y a le bilan des partisans du régime et celui d’opposants en mal de vision dont le bilan peu reluisant les condamne au statut d’éternels aigris.

Le peuple sénégalais, pour qui j’ai sacrifié 10 ans de vie de famille et de plaisirs d’une vie ordinaire pour siéger parfois 14 heures non stop dans une salle de plénière, risquer ma vie à Bouaké, rétablir les relations avec la Chine dans une formidable diplomatie secrète, rénover et développer comme jamais avant notre coopération avec l’Inde, ouvrir les portes d’un partenariat nouveau avec les USA et le Brésil, renforcer l’amitié avec les pays arabes et le socle traditionnel (France, Maroc, Arabie Saoudite), offrir au Sénégal le leadership dans le combat panafricain et pour le siège permanent de l’Afrique au Conseil de Sécurité aux Nations Unies, ce peuple m’a dit à l’unanimité « Gaccé Ngalama » !

Certains même ont ajouté « Merci monsieur le Ministre zéro faute ! », d’autres ont dit : « dans la tradition des grands serviteurs de l’Etat, comme ton cousin Oumar WELE, tu as prouvé qu’on peut servir sans se servir, car tu as servi avec intégrité et sens de l’honneur. Merci ! ». Je me rappellerai aussi toujours avec fierté ce commentaire d’un grand magazine de la place « le Ministre de WADE qui a le plus donné satisfaction à ses compatriotes vient de quitter le gouvernement ! »

Les gens du pouvoir qui disent « oui mais il a fait 9 ans avec Wade ! », je réponds : qu’est –ce- à dire ? Car au fond c’est un argumentaire dangereux et glissant pour eux mêmes. Sont-il en train de dire : « nous sommes mauvais, Gadio a passé 9 ans avec nous, donc il est mauvais ! » Ou bien « Nous sommes bons, Gadio a passé 9 ans avec nous donc il est bon ! », ou enfin « Nous sommes bons, Gadio a passé 9 ans avec nous, donc il est … mauvais ! ». On voit l’absurdité du raisonnement. J’ajoute que je détiens les preuves que quatre mois avant la sortie de Luy Jot Jotna, le régime s’est préparé à mon entrée sur la scène politique en donnant comme consigne « dès qu’il sort et qu’il nous critique, dites qu’il a fait 9 ans avec nous. Ainsi la faute morale sera établie ! ».

Dans ce même document, le régime reconnaît que « Gadio a une réputation d’homme intègre et loyal. Il n’a pas été mêlé à des affaires de sous, comme les autres qui ont rompu avec Wade sur de telles questions » ! Plus grave, mon appartenance « confrérique » et « ethnique » sont dangereusement invoquées pour déplorer les problèmes que je vais poser au régime lors des présidentielles de 2012. Les auteurs d’une telle stratégie n’ont assurément pas droit à la parole et leur logique « mille collines » est à combattre sans concessions.

Ils semblent oublier la contribution de Gadio et de ses amis à l’alternance que Me WADE avait qualifié « d’immense ». Ils oublient qu’il ne s’est jamais mêlé de leur politique politicienne n’ayant jamais accepté de militer ou d’être membre d’un quelconque parti.

Quant à certains amis de l’opposition, je trouve leur attitude condescendante par rapport à l’histoire. WADE est entré deux fois dans les gouvernements de Diouf, cela ne l’a pas disqualifié pour conduire victorieusement l’alternance. Mon grand frère et ami, Niasse, après 40 ans passés chez les Socialistes, a versé un précieux et déterminant 17% des votes du premier tour en 2000 dans la corbeille de l’alternance. Mon frère Idrissa Seck qui revendique un compagnonnage de plus de 26 ans avec WADE, si l’on en croit les résultats des élections de 2007, est arrivé un bon 2ème. Mon ami et frère Macky Sall qui revendique aussi un parcours de 19 ans aux côtés de WADE est aujourd’hui une figure respectée et appréciée de l’opposition nationale. Au demeurant, les amis de la presse et certains respectés analystes ne posent jamais les 26 ans de Idrissa ou les 19 ans de Macky comme un handicap mais les 9 ans de Gadio leur semblent tellement immenses qu’ils les perçoivent comme un obstacle pour un futur politique. Comme on dit chez nous « khana il a tellement bien travaillé que ses 9 ans valent bien toutes les années de compagnonnage des autres ! ». Soyons sérieux !

Ceux qui aussi prennent le risque de dire que « quand il était à l’intérieur, on l’avait pas entendu ! ». Eux non ! Le Président oui ! J’ai promis de ne jamais céder à la tentation de révéler des secrets d’Etat, mais le jour où la machine de propagande étatique débordera certaines limites raisonnables, le peuple sénégalais connaitra la vérité, toute la vérité, car si j’ai été un ministre dévoué à son peuple, à son pays et au Président qui lui avait fait confiance, j’ai aussi pris le soin de tout documenter par des échanges écrits ! Ce qui rend facile demain l’archéologie de mes divergences et de mes points d’accord.

Je conclus sur ce point en disant encore ma satisfaction que le peuple sénégalais me demande de continuer de servir mon pays et de mettre l’expérience accumulée et le fameux et volumineux « carnet d’adresses » au service du Sénégal et de l’Afrique. J’accepte volontiers et avec humilité car ceci n’a pas de prix à mes yeux !

Gadio, peut-il un jour collaborer à nouveau avec Wade ?

Si c’est collaborer pour que le Président, pour qui je garde estime et considération, puisse sauver son legs historique en renonçant à sa candidature controversée pour 2012, en tournant résolument le dos à toute tentation de dévolution dynastique ou par dauphinat constitutionnel du pouvoir, je suis prêt ! Si en plus ceci lui permet de relancer le dialogue politique national, de réussir la réconciliation nationale en Casamance en particulier, de faire arrêter les injustices comme dans le dossier « Bara TALL », et de sortir lui même par la grande porte en préservant la paix sociale, la stabilité politique et l’image de notre patrie, je ne peux qu’y souscrire ! Et je suis sûr de trouver à mes côtés les douze millions de Sénégalais qui tous lui souhaitent une sortie honorable. Si et seulement si il a la sagesse de le vouloir et de s’y atteler résolument.

Par Alioune Badara FALL

Coordonnateur de L’Obs via nettali.net

2 Commentaires

  1. Gadio, tu crois que les Sénégalais sont amnésiques. Mais je te dis quelque chose que tu reconnais toi-même: un seul pied de Idy Seck est meilleur que toi. Et quand tu te compareras à ce monstre politique, tu le sauras. Parlant d’injustice flagrante, les Sénégalais pensent en particulier à l’affaire Idy qui a eu raison sur tous les comploteurs et hypocrites de ce pays, y compris CT Gadio et Macky Sall. En un record T.
    To set the record straight, la population des USA a dépassé les 300 millions. ce sont des chiffres élémentaires qu’un ancien MAE doit connaitre sans consulter un papier.

  2. Jambaar, si tu n’a rien a dire veut mieut tu la ferme, tu n’a pas enlever une vergule de ce qu’a dit CHEIKH TIDIANE GADIO mais tu attaque des nonsenses. Boy, if you don’t have anything to say, you better shut up1

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