Alors que Chelsea, Arsenal, Liverpool et Tottenham trustent les 4 places de finaliste en Ligue des champions et en Ligue Europa, ces équipes sont majoritairement animées par des acteurs étrangers.
FOOTBALL – La totale anglaise. Ce mercredi 29 mai, à Bakou, en Azerbaïdjan, Chelsea et Arsenal vont tenter de rattraper une saison relativement quelconque en remportant une Coupe d’Europe, la C3. Un duel entre équipes londoniennes qui promet de la hargne et du combat.
Mais, signe de l’extraordinaire internationalisation du football continental, force est de constater que cette finale de Ligue Europa– comme d’ailleurs celle de Ligue des Champions entre Tottenham et Liverpool, quatre jours plus tard- n’aura pas grand chose de britannique.
En effet, si quatre équipes du Royaume-Uni vont donc se disputer les deux trophées européens de la saison, signe d’un renouveau exceptionnel du football du pays de sa Majesté et grande première historique avec quatre clubs originaires du même pays à ce niveau de compétition, elles sont toutes majoritairement dominées par des acteurs étrangers. Sur la pelouse, sur le banc et dans les bureaux.
Fortune russe, fonds américain, coach basque et attaquant belge
Ce mercredi, au Stade olympique de Bakou, s’affronteront ainsi deux propriétaires américain et russe, avec le fonds d’investissement de Stan Kroenke à Arsenal et la fortune de l’oligarque Roman Abramovitch pour Chelsea, les entraîneurs espagnol et italien que sont Unai Emery et Maurizio Sarri, et les stars sur le terrain seront belge (Eden Hazard), gabonaise (Pierre-Emerick Aubameyang), allemande (Mesut Özil), ou françaises (Olivier Giroud, Ngolo Kanté, Alexandre Lacazette).
Si les compositions probables annoncées par l’UEFA à la veille du match se révèlent vraies, il n’y aura même que deux joueurs anglais alignés au coup d’envoi: le milieu Ross Barkley pour les Blues et le jeunot des Gunners Ainsley Maitland-Niles.
Cette ouverture au monde du football britannique n’est pas récente. Depuis le tournant du siècle, Arsenal s’est notamment fait une réputation durant le règne du Français Arsène Wenger en recrutant de très nombreux joueurs étrangers et en particulier venus de l’Hexagone. À Chelsea, première équipe britannique à être passée sous le pavillon d’une inextinguible fortune étrangère, c’est à coups de dizaines de millions envoyés hors des frontières du Royaume-Uni que l’on a construit une équipe aussi compétitive que bigarrée.
Il faut dire que le championnat anglais, la Premier League, s’est engouffré tête baissée dans le virage libéral offert au monde du ballon rond. Il y a maintenant près de trente ans, les hooligans violents ont été priés de prendre la porte et l’on a modelé une compétition aux allures de blockbuster. Gros budget, clubs de légende en haut de l’affiche, matches diffusés à des horaires complaisants avec le marché asiatique, paris internationaux dans le recrutement pour accaparer de nouveaux fans… Rien n’a été laissé au hasard et le championnat est très vite devenu le plus puissant -financièrement et économiquement du moins- au monde.
Le retour en grâce du football de sa Majesté
Ainsi cette saison, le dernier de Premier League, Huddersfield (trois petites victoires au compteur en 38 matches) va recevoir plus de droits télévisés que le Paris Saint-Germain, le puissant champion de France mené par Kylian Mbappé et Neymar. Un triomphe économique qui ne s’est pour l’heure pas traduit par une domination sans partage au niveau continental, la faute à la résilience des géants espagnols que sont le Barça et le Real Madrid, aux performances de la Vieille dame italienne qu’est la Juventus ou encore à la régularité des Allemands du Bayern Munich et de Dortmund.
Ainsi, depuis le début du XXIe siècle, seuls Liverpool (2001), Chelsea (2013) et Manchester United (2017) ont inscrit leur nom au palmarès de la Ligue Europa. Et idem en Ligue des Champions, où les trois mêmes clubs sont les seuls anglais à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles depuis le début du siècle, respectivement en 2005, 2012 et 2008. Mais cette époque de relative vache maigre semble donc toucher à sa fin.
La preuve en est l’autre finale européenne de la semaine, celle de Ligue des Champions, où Tottenham et Liverpool se disputeront la consécration, à la surprise générale. Et là encore, le titre n’aura pas grand chose à voir avec l’Angleterre. Les entraîneurs y sont argentin et allemand, les joueurs phares égyptien, sénégalais, français, belges ou brésiliens. Seule exception à cette fresque internationale: le président anglais des Spurs, Daniel Levy, et son fonds d’investissement britannique, ENIC plc.
Mais dans un football mondialisé, où les finales vont se disputer l’une en Azerbaïdjan et l’autre à Madrid, devant les caméras de la planète entière et à des horaires susceptibles de convenir au plus grand nombre, il y a fort à parier que l’on retienne surtout une chose: le football britannique est de retour, qu’il soit réellement anglais ou pas.
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