Le responsable de la CAMS, la Cellule d’Animation et de Massification du parti par les Secteurs a tenu à mettre en garde les responsables du PDS, qu’il a invités à « redonner la parole aux militants ». Chérif Djiba est largement revenu sur la situation que traverse le PDS, la candidature d’Abdoulaye Wade en 2012, la question de la Casamance, et les « dérives » liées à la liberté d’expression au Sénégal, non sans déplorer certains propos qu’il qualifie de xénophobes à l’endroit de Karim Wade.
« Il faut rétablir la confiance avec la population »
Ancien membre du Meel, le Mouvement des Elèves et Etudiants Libéraux de l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar, Chérif Djiba est militant du PDS depuis 1986, à l’époque de Modou Diagne Fada, Aminata LO, Pape Saer Guèye, Cheikh Seck, ou encore Abdou Sané. Aujourd’hui responsable de la CAMS, qui n’est pas un courant du PDS, mais « un outil que nous avons fabriqué et mis à la disposition du parti, afin de travailler pour les élections de 2012. » Une structure née donc de la volonté d’un ensemble de responsables de secteurs de la France. « Les élections de 2012, note-t-il, sont des élections à risque pour le PDS ». D’où son appel à cultiver la proximité avec les militants, leur rendre la parole, car, pour gagner en 2012, « il faut rétablir la confiance avec la population, la rassurer. » La CAMS, ajoute-t-il, « sert de vecteur, de trait d’union entre le parti et les militants. Son souhait ? « Apporter la vision et les ambitions du secrétaire général du PDS, Me Wade », mais aussi, « rétablir la vérité, car il ne passe pas un seul jour sans qu’il y ait une information sur Abdoulaye Wade et son entourage », des informations que Chérif Djiba juge pour certaines d’entre elle, « erronées, des affirmations gratuites ».
Justement Abdoulaye Wade, qu’en est-il de ses dix ans à la tête du Sénégal ? « Une décennie d’exception », répond le responsable de la CAMS, convaincu que « de 1960 à 2000, le Sénégal est toujours resté dans le combat démocratique. » Aujourd’hui, « les Sénégalais ont compris l’importance de la carte électorale, ils ont compris qu’une élection peut changer beaucoup de choses. »
« Wade a travaillé, et continue à travailler comme s’il n’avait jamais rien fait. »
Le jeune leader politique n’a pas manqué de relever le développement des infrastructures qui a amélioré la vie des Dakarois. Sur le plan social, soutient-il, « Wade a promu la femme, la jeunesse sénégalaise ; qu’on le veuille ou non, c’est une réalité », rassure le responsable de la CAMS, qui note une avancée au niveau social, et précise qu’au Sénégal, des dispositions ont été prises pour que les édifices soient accessibles aux personnes handicapées. « Wade est en train d’intégrer toutes les couches sociales dans le processus de développement du Sénégal. Il a travaillé, et continue à travailler comme s’il n’avait jamais rien fait » a-t-il martelé. Il s’est battu aussi « pour que les gens aient le droit de s’exprimer », précise Chérif Djiba.
Qu’en est-il du débat sur la candidature de Wade en 2012 ? « C’est une question qu’on doit dépasser, c’est un non débat », rétorque Chérif Djiba, qui ne prend pas de gants pour descendre les détracteurs du président. Macky Sall par exemple, dont il juge la démarche « inélégante ». Personne, dit-il, « ne connaissait Macky Sall avant que le président Wade fasse de lui ce qu’il est aujourd’hui. Le jour où ils ne sont plus aux responsabilités, ils commencent à cracher dans la soupe », a-t-il regretté. « Si vous lisez Macky il y a quelques années en arrière, vous allez croire que le meilleur homme au monde est Abdoulaye Wade. Toutefois, Chérif Djiba reste persuadé que son parti, le pds, « doit prendre en compte tous les acteurs présents, y compris les partis qui ne sont pas représentatifs, et qui doivent être pris comme des concurrents sérieux.
« Les gens indexent Karim Wade, parce qu’il a une mère blanche »
En 2009, Chérif Djiba a rédigé une lettre ouverte adressée au président Wade, et à tous les Sénégalais, pour dit-il, déplorer certains propos tenus à l’endroit de Karim Wade, le fils du président, dont la nationalité sénégalaise est remise en cause par certains. Chérif Djiba dit ne pas comprendre « que des gens se lèvent pour dire qu’un ministre de la république n’est pas sénégalais. Il ne se passe pas un seul jour sans que les gens indexent Karim Wade, parce qu’il a une mère blanche. » « Comment voulez-vous, s’interroge-t-il, remettre en cause la nationalité de quelqu’un parce que simplement il ne parlerait pas une langue » ? « C’est çà qui a amené la Côte d’Ivoire au bord de l’abime », souligne Chérif Djiba, un fils de la Casamance, qui regrette toutefois la recrudescence de la violence dans la région Sud : « c’est une question très sensible, et suffisamment importante pour que tous les Sénégalais se mettent à travailler pour trouver une solution durable ». Pour lui, « il faut qu’on arrête de diaboliser tous ceux qui parlent au nom de la Casamance ». Non sans faire remarquer qu’aujourd’hui, « la notion d’Etat-nation, est en train de disparaître en Casamance. »
Momar Mbaye