Contrairement aux éditions précédentes de Coupe d’Afrique des nations (2017 et 2019 notamment), l’équipe du Sénégal version 2022 a su gérer les temps faibles d’un premier tour soporifique dans l’ensemble, a su faire les réajustements nécessaires en fonction de l’adversaire et surtout profiter de la richesse de son effectif, de l’expérience précédemment acquise durant 3 CAN consécutives par un sélectionneur et une ossature qui en voulaient plus, pour enfin se hisser sur le toit du continent le 6 février dernier.
Dans le jeu, la maîtrise collective et l’envie d’abord très pauvre durant les trois premier matchs de poule, se sont manifestées timidement à partir des huitièmes de finale et quarts de finale, pour prendre des aires de rouleau compresseur en demi-finale et en finale. La solidité et la complémentarité défensive, l’impact physique imposé, l’intensité et la détermination affichée ne souffraient d’aucune comparaison d’avec ses adversaires.
Aliou Cissé et son staff technique après coup, ont été pointilleux et méticuleux dans le choix des hommes ( Nampalys Mendy, Pape Bouna Sarr, Ismaila Sarr) et ont mis en place un système basé sur un socle défensif difficile à contourner (2 buts encaissés en 7 matchs, 5 clean sheets au total). Complété en phase offensive par la qualité intrinsèque de son leader technique (Sadio Mané), par l’intelligence d’un Pape Gueye précieuse dans la verticalité, du culot et de la fougue d’un Bamba Dieng et surtout par l’éclosion d’un Saliou Ciss monstrueux sur le flanc gauche et véritable poison pour ses adversaires.
Les Lions ont terminé la phase de groupes avec cinq points et un seul but marqué sur penalty. Le Sénégal a marqué ses deux premiers buts en phase de jeu qu’en huitièmes de finale contre le Cap-Vert, réduit à 10 puis à 9 joueurs. Offensivement, des interrogations légitimes sautaient à l’oeil, mais défensivement, ils étaient intraitables.
La victoire 2-0 contre le Cap-Vert a marqué un tournant, car elle signifiait que le Sénégal n’était que la deuxième équipe sous le format actuel à atteindre un quart de finale sans encaisser de but. La première de ces équipes, l’Algérie en 2019, avait remporté la victoire.
À la veille de la finale contre l’Egypte, défensivement, le Sénégal était resté assez hermétique malgré deux buts encaissés sur 45 tirs concédés au total. La moyenne normale de buts attendus sur un tel volume est de 3,03. Pas mal.
En plus sur les 45 tirs concédés à l’adversaire, 16 seulement ont été tentés dans la surface de réparation sénégalaise. Cela pourrait être attribué au pressing haut que le Sénégal effectuait sur le terrain, aboutissant à un nombre élevé de 51 récupérations -entre la zone adverse et sa zone médiane- meilleur total du tournoi avec le Cameroun pays hôte.
Même si le Sénégal a trouvé ses buteurs dans les dernières étapes de la compétition, son total de buts attendus (9,8) suggère qu’il aurait dû être encore plus prolifique devant le but.
Huit de leurs neuf buts ont été marqués en deuxième mi-temps, soit plus 85 % de leurs buts attendus durant leurs sept matchs.
Une solidité défensive impressionnante à fait que le Sénégal n’a jamais été mené au score durant tout le tournoi (en compagnie de la Côte d’Ivoire, du Mali) mais n’a pas pour autant masqué l’inefficacité ou la domination stérile puisqu’au cours de leurs sept matchs, les Lions se sont retrouvés le plus souvent à égalité en cours de jeu (82 % du temps) que menant au score (18 %).
Sadio Mané a été l’homme de ce tournoi, le leader offensif en statistique avec 28 opportunités dans le camp adverse, 6 occasions nettes, 2 buts et 2 passes décisives à son actif. Nampalys Mendy a été le plus adroit et précis dans le jeu avec un total de 89 % de réussite dans ses passes en plus d’une présence, d’une activité énorme dans l’entre jeu. Avec 82 % de réussite des passes en moyenne pour 6 joueurs de l’équipe avec plus de 100 passes effectués (Nampalys, Gana, Kalidou, Abdou Diallo, Bouna Sarr, Pape Gueye) le Sénégal n’a jamais été dominé en possession. Idrissa Gana Gueye a effectué plus de passes que tous ses coéquipiers avec 336 au total et réussi plus de tacles (13). Saliou Ciss a le plus récupéré de ballons (42) et intercepté (8 au total), Abdou Diallo à le plus joué (540 minutes), Kalidou Coulibaly a réussi 89 % de ses longues passes. Dans les cages, Seyni Dieng (apportant la sérénité au cours des 2 matchs piège) et Édouard Mendy ont été des valeurs sûres.
Passé le cap de ce tournoi qui par sa finalité sportive et non par son contenu technico-tactique restera pour longtemps encore dans les mémoires, d’autres challenges se profilent à l’horizon. Le travail continue de plus belle.