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Chronique-Bienvenus chez les fauves ! Par Ndiaga Diouf

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D’ici quelques semaines certainement comme la Guinée de Dadis Camara et compagnie, la Côte d’Ivoire ne fera plus l’actualité. Le nouveau Président va prêter serment, les nouvelles autorités vont peut-être se battre pour aider l’Eléphant à se remettre sur ses quatre pattes et panser ses blessures. Si on fait plus l’actualité c’est qu’on tue plus, qu’on travaille, qu’on est dans l’ordre normal des choses… Quelques têtes du côté de l’ancien président déchu vont payer ce qui ne représente rien devant les milliers de morts dans la population civile. Petit à petit, on va tourner la page. Mais on ne pourra plus effacer dans nos esprits les images de ces personnes des pneus autour du cou brûlées vives comme l’image aussi de ce défunt ministre de l’intérieur de Gbagbo, Désiré Tagro, derrière un véhicule militaire, la bouche en « lambeaux » essayant de s’exprimer par des gestes de la main et qui est mort le lendemain.
Passons sur les réactions teintées de nationalisme avec l’intervention de la France dans cette affaire, en Côte d’ivoire comme ailleurs en Afrique, nous avons donné l’occasion aux autres de venir décider chez-nous ! Comme dirait l’artiste, les ennemis de l’Afrique ce sont les africains. Si au Sénégal Abdoulaye Wade par sa simple volonté ne respecterait pas demain la volonté populaire, au-delà du combat du peuple, nos hommes politiques dans l’opposition seront les premiers à interpeller les bailleurs qui soutiennent notre processus électoral. Il est peut-être temps qu’on dépasse le financement de la démocratie africaine par l’Occident ?
Plus de cinquante ans encore après les indépendances, on doit toujours compter les morts sur la route qui mène vers les palais comme c’est le cas avec les dernières présidentielles au Nigeria. Les signes annonciateurs sont déjà là pour les élections de 2012 au Sénégal. De quel côté la prise de conscience va-t-elle venir pour la fin de ce cycle infernal ? C’est toujours la violence et les morts, les rebellions par-ci par-là, les campagnes politiques avec leurs lots de victimes… Au Sénégal même la lutte, l’opium du peuple est devenue source de violence. Notre relation avec la violence doit être bien étudiée. La presse rapporte la réaction de Gbagbo devant les militaires venus le prendre, « ne me tuez pas ! ». Oui c’est le premier geste qu’on pose souvent sans aucune explication. On n’oubliera pas aussi de sitôt, les images devant le quartier général de Ouattara, un de ses fidèles regardant des prisonniers derrière un véhicule n’a aucune réaction sinon de dire : « mais pourquoi les amener ici il faut les tuer ! ». En Afrique c’est comme chez les fauves, on tue trop et facilement.
Malheureusement on semble ne jamais tirer les leçons de toutes ces tueries qui nous présentent aux yeux des autres comme de vulgaires barbares. Voilà pourquoi de l’autre côté certains pensent devoir traverser l’atlantique pour venir mettre de l’ordre dans nos jungles et donner quelques fessées à nos dirigeants qui ont encore du mal à faire la part des choses entre l’intérêt privé et l’intérêt général. Nous sommes seuls responsables et surtout nos politiques. Ces derniers ont pourtant bien autres choses à faire dans des pays en chantiers inachevés depuis les années des indépendances. Devant certaines souffrances et injustices, le peuple est impatient de voir que justice se fasse et parfois on peut se conformer à cette justice même si elle vient de l’extérieur en attendant la justice divine. Surtout que ce justicier d’ailleurs vient avec du pain car chez les fauves les plus fort mangent tout et laissent les faibles dans la misère. Ce n’est pas demain la fin de ce système de jungle car devant l’insuffisance de la justice c’est le recours à la violence pour arrêter la violence.
Ndiaga DIOUF

Pressafrik.com

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