Et voilà que s’achève le mois béni du ramadan, célébré au Sénégal encore dans la division. Un pays, plusieurs korités. Nous laissons encore les démons de la division et le pouvoir de nos égos prendre le dessus sur les forces de la raison. Nous avions jeûné pendant un mois, non pas pour priver seulement nos corps de nourriture et de boisson, mais pour devenir de meilleurs croyants, imbus de la finalité spirituelle que cherche à réveiller et à entretenir un mois de foi et de ferveur religieuse.
Entre autres objectifs poursuivis pendant ce mois, l’unité dans nos cœurs et nos actions. Nous l’avions exercé dans notre forme commune et similaire de respecter une recommandation divine : s’abstenir de manger avant le lever du soleil jusqu’au coucher du soleil; taire nos divergences et nos oppositions… Au bout d’un mois, pouvons-nous affirmer avoir atteint les compétences et les habiletés de fonder dorénavant un projet collectif commun basé sur la cohésion et l’harmonie? Pas très sûr. Nos pulsions divisionnaires se sont manifestées dès le dernier jour du ramadan.
Vivre et agir pour le bien collectif au-delà de nos petites ambitions personnelles, penser ensemble à une utilisation efficiente de nos ressources actuelles sans hypothéquer le legs des générations futures, se battre pour la consolidation d’une société unie dans sa belle diversité, tel devrait être quelques uns des enseignements de vie sociale à tirer de ce mois de ramadan.
Que dire de ces nombreux vices-là qui finissent par jeter une voile de suspicion constante dans nos relations et empiètent même sur notre marche vers le développement? La jalousie, l’envie, la médisance, la calomnie et la méchanceté. Qu’en ferons-nous ? Serions-nous maintenant prêts à aider et à accompagner le frère ou la sœur qui se bat dans un projet professionnel noble et louable? Serions-nous plus justes et plus honnêtes dans nos relations interpersonnelles? Serions-nous plus compatissants envers les plus démunis et les plus faibles d’entre nous? L’avenir nous le dira…
Nous nous sommes certes échangé des civilités, jusqu’au sommet de l’État, pour marquer la fin du ramadan. Cela ne doit pas toutefois occulter les attentes de la population vis-à-vis des élus de la République : Que tous les pilleurs et les prédateurs des biens collectifs du pays , même ceux qui ont transigé dans la plus grande discrétion, soient traduits en justice et jugés en toute transparence. Que le sempiternel problème des inondations ne soit pas noyé dans les discours démagogiques, le titillement des sensibleries et le saupoudrage médiatique. Finalement, que le projet de Réforme des institutions tant annoncé ne soit pas dilué ou même vidé de sa quintessence par des calculs bassement politiciens.
Déwénati!
Lamine Niang