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Chronologie d’une vingtaine d’années de violence politique

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La mort annoncée hier, jeudi 22 décembre du dénommé Ndiaga Diop, un des présumés assaillants de la Commune d’Arrondissement de Sicap-Mermoz, qui serait tué par balles, allonge une liste déjà macabrement longue de 1988 à nos jours des victimes de la violence politique au Sénégal. De Mor Fall, le militant du Parti démocratique sénégalais (Pds), mort à l’occasion d’une manifestation politique au quartier Som de Thiès dans les années 1980 au jeune Ndiaga Diop, tombé hier sous les balles « de légitime défense », ils ont été en effet, plusieurs compatriotes à perdre la vie sur la scène politique. Des morts au nom du Sopi ?

La violence politique de ces 25 dernières années au Sénégal porte-t-elle les couleurs du Sopi ? Cri de ralliement, le « Sopi » qui a incarné pour des milliers et des milliers de Sénégalais de tous les âges et de toutes conditions, l’aspiration au changement surtout chez les jeunes qui n’ont pas hésité très souvent, à hypothéquer leur avenir (années blanches en 1988 et en 1993) et à verser de leur sang pour la cause, est-il porteur de violence ?

La mort hier, lundi 22 décembre de Ndiaga Diop, un des présumés assaillants de la mairie d’Arrondissement de Sicap-Mermoz qui serait mort de balle (s), allonge une liste déjà longue en tout cas. La mort de ce jeune de « Thiaroye Tally Diallo », membre présumé d’une bande de nervis et ses compagnons d’infortune, également blessés à l’occasion de leur « opération commando » d’hier qui aurait mal tourné pour eux et dont les commanditaires gagneraient à être connus, se rajoute à une chronologie macabre de la violence politique au Sénégal. Il en est de même de la mort par balle du jeune Malick Bâ tué pendant une manifestation contre l’installation d’une délégation spéciale à Sangalkam. La gendarmerie qui serait à l’origine de ce drame, avait fait parler d’elle également un 11 août 2009. L’agent Gora Diop, aurait tiré à bout portant, à la suite d’altercation, sur le mareyeur, Sanghoné Mbaye. Le drame s’est passé à la porte de Joaol, la ville natale du Président-poète, Léopold Sédar Senghor. Le lundi 5 juillet 2010, Moustapha Sarr, un jeune pêcheur âgé d’environ 25 ans, est tué d’une balle à la poitrine par dit-on, un garde-côte. Ses camarades sont descendus dans la rue pour brûler des pneus et bloquer le tunnel de Soumbédioune.

Il y a aussi l’affaire de l’étudiant Balla Gaye, tué le 31 janvier 2001, par balle sur le campus universitaire, à la suite de manifestation d’étudiants.

A cela s’ajoutent les émeutes de Kédougou du 23 décembre 2008 qui ont fait, officiellement deux morts tombés sous les balles des forces de sécurité. Rappelons que les jeunes de cette s’étaient alors révoltés pour dénoncer leurs conditions de vie dans une région très pauvre, malgré les richesses en or de son sous-sol. A l’époque, 19 personnes accusées notamment de « complot contre la sûreté de l’Etat », avaient été condamnées à des peines de 5 à 10 ans de prison, avant de bénéficier de la grâce du président de la République, Abdoulaye Wade.

Le mercredi 15 juillet 2010, à l’occasion d’une des récurrentes manifestations dites les émeutes de l’électricité, des jeunes de Yeumbeul Ben Barack avaient été pris à partie par la répression policière. Le jeune Abdoulaye Wade Yinghou y avait trouvé la mort. Sa famille, très remontée contre la police n’a cessé de demander que la lumière soit faite sur cette affaire.

Ajouter à cette liste, la mort de Samsedine Dino Néma Aïdara, froidement assassiné à Mahmouda Chérife, son village d’origine, à une dizaine de kilomètres de Diouloulou, chef lieu d’arrondissement du même nom (département de Bignona). Que dire du Joola  » ou  » Diola  » du nom de la principale ethnie de ce bateau qui assurait la liaison maritime entre Dakar et qui sombra corps et âmes dans les abysses du fait d’une négligence coupable et d’un laxisme assassin ? Rien sinon qu’il procède avec ses près de 2000 morts officiellement tout aussi que le « beuk mi » (immigration clandestine via la mer) pour l’Europe de l’autre violence qui a endeuillé le Sénégal pendant ces 25 ans. Fuyant la misère chez elles, des milliers de personnes à partir de toutes les côtes du pays ont pris le large à bord d’une embarcation de fortune. Direction : l’Espagne et l’Italie, leurs eldorados. Combien d’entre eux sont morts ? La crise casamançaise qui refuse de s’estomper avec son lot de morts et d’estropiés à jamais dont la liste s’étire avec les derniers événements (en moins d’une semaine on parle d’une vingtaine de 20 morts du côté de l’armée) s’ajoute à ce cycles de violence.

La manifestation de l’Ads

En vérité le Sénégal semble connaître une violence politique et sociale cyclique. C’est ainsi que sur appel de l’Alliance démocratique sénégalaise (Ads) regroupant les partis de l’opposition comme la Ligue démocratique (Ld) à l’époque Ld/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt), la Parti de l’indépendance et du travail (Pit), Aj/Pads et le Pds, une manifestation est organisée pour apporter soutenir le leader de l’Anc Nelson Mandela incarcéré par le pouvoir sud-africain. Les forces de l’ordre ont chargé les manifestants, puis ont arrêté Abdoulaye Bathily, leader de la Ld/Mpt. Lui est Abdoulaye Faye passent un terrible quart d’heure entre les mains des forces de répression de la police. Le photographe-reporter de Sud Quotidien, Thiémokho Coulibaly immortalise l’événement dans une photo restée célèbre.

Les événements de 1988

A la présidentielle de 1988, seuls quatre candidats étaient en lice. Ils avaient nom : Abdou Diouf, président sortant, candidat du Parti socialiste (PS), Abdoulaye Wade, Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds); Feu Me Babacar Niang du Parti pour la libération du peuple (Plp), et le candidat « sans illusion », Landing Savané de And-Jëf/Mrdn, plus tard Aj/Pads (And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads). Abdou Diouf passa dès le premier tour avec 73,2% des voix valablement exprimées. Son parti, le Ps rafla la mise aux législatives en s’octroyant 71,34% des suffrages qui lui fournirent 103 sièges sur 120 que comptait l’Assemblée nationale. Le Pds de Me Wade avait obtenu quant à lui, 17 sièges avec 24,74% des voix. Seules ces deux formations politiques étaient représentées à l’hémicycle, présageant déjà d’une bipolarisation de la vie politique nationale entre les deux mastodontes de la scène politique nationale. Une situation qui n’avait pas été cependant acceptée par tous et qui avait fait le lit d’une vive agitation politique, notamment de l’opposition qualifiée à l’époque par le président réélu, Abdou Diouf de simple soubresaut postélectoral. Une lecture démentie par les événements qui ont suivi. De violentes manifestions, un peu partout à Thiès, à Dakar et dans d’autres localités du pays même si c’était de moindre envergure et d’une tonalité inférieure, ont embrasé la rue. Elles ont touché les établissements scolaires et universitaires. Leur ampleur et leur intensité obligèrent le pouvoir central à interdire les rassemblements sur la voie publique. Le communiqué du ministre de l’Intérieur de l’époque, déclarait pour que nul n’en ignore «(…)pour prévenir tout désordre, les rassemblements sur la voie publique sont interdits et des instructions très fermes ont été données en ce sens aux agents de la force publique». Ce communiqué d’André Sonko n’ayant pas suffit assurément, par Décret n°88.229 du 29 février 1988, l’état d’urgence avait été proclamé sur toute l’étendue du territoire de la région de Dakar. Le Secrétaire général national du Pds, Me Abdoulaye est arrêté le 29 février 1988. Plusieurs opposants et manifestants ont été également interpellés. Toutefois, le chef de l’opposition d’alors avait été amnistié au soir de la fête de Korité. Pour les besoins de la « table ronde avec un grand T » ?
La mort du juge électoral

Le 15 mai 1993, Me Babacar Seye vice-président du Conseil constitutionnel est assassiné sur la corniche quelques minutes après avoir quitter son travail. Une bande de trois individus sous la houlette d’un Clédor Sène, énigmatique personnage déjà cité dans l’affaire des voitures piégées en 1988, qui circulaient à bord d’un véhicule, lui a tiré dessus avait conclu la Justice. La piste Pds avait été indexée et son chef interpellé puis relâché. La bande à Clédor Sène qui l’avait accusé en premier, « retournée ? », avait par la suite indexé des membres du pouvoir de l’époque, notamment l’ancien Premier ministre, Habib THiam. Le Tribunal ne l’avait pas suivi et avait condamné durement ses membres comme auteurs même si les commanditaires n’avaient pas été connus et arrêtés. Dix-huit ans après ce crime qui a choqué tout le Sénégal, des zones d’ombres persistent. Contre toute attente, les condamnés avaient été tous graciés par l’actuel président de la République, Me Abdoulaye Wade quand il accéda à la magistrature suprême.
Les policiers de Centenaire

Après un meeting organisé par la Coordination des forces démocratiques regroupant les partis de l’opposition et la société civile, une marche initiée par le mouvement des Moustarchidine pour la libération de son leader Serigne Moustapha Sy vire au drame. Bilan: six policiers tués, plusieurs blessés du côté des manifestants ainsi que des arrestations. Procès retentissant et libération de tous les arrêtés.

A quelques jours du début de la campagne électorale de 2007, la police a violemment réprimé une marche organisée par l’opposition pour dénoncer « la dérive autoritaire du régime de Wade ». Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et Abdoulaye Bathily, tous candidat à la présidentielle ont été interpellés par la police en plein centre de Dakar.
Abdoulaye Wade Yinghou, Malick Bâ et Ndiaga Diop, derniers de la liste ?

Le jeune Abdoulaye «Yinghou» âgé de 29 ans, mort le 14 juillet 2010 à l’occasion d’une manifestation contre les coupures de courant, Malick Bâ de Sangalkam tué aussi par balles et Ndiaga Diop mort hier sont-ils les derniers d’une longue liste ? Les Sénégalais le souhaitent.

Sources :
• La violence politique au Sénégal Marcel Mendy
• Essai (broché). Paru en 02/2006
Abdou Latif Coulibaly : « La mort d’Abdoulaye Wade Yinghou présage d’un avenir meilleur »
• Divers journaux parmi lesquels Sud Quotidien, Walf, le Quotidien, le Populaire…

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