Cimetière des hypocrisies : « Ici repose la Parole présidentielle »

Il arrive un moment dans la vie d’une république où chaque citoyen doit prendre ses responsabilités ; ce moment est celui de la Conscience. Bruno CHENO nous disait: « Sur certaines positions, la lâcheté pose la question : « Est-ce sans danger ? » L’opportuniste pose la question : « Est-ce politique ? » La vanité pose la question : « Est-ce populaire ? » Mais la Conscience pose la question : « Est-ce juste ? »

Concernant ce référendum prévu le 20 mars 2016, nous demandons aux uns et aux autres de refuser d’être lâches car, « le courageux ne meurt qu’une fois alors que le lâches est déjà mort mille fois ». Nous demandons aux uns et aux autres de refuser d’être opportunistes car, quelque que soit leur beauté, les fleurs du printemps ne sont jamais faites pour durer longtemps ; l’aumône offert par les acteurs politiques a un caractère souvent éphémère et déshumanisant.

Nous demandons aux uns et aux autres de refuser d’être vaniteux car dans un cirque, le clown qui rend heureux son public n’est pas forcément, intérieurement, en bon ménage avec le bonheur. Enfin nous demandons aux uns et aux autres d’être justes et de rechercher ce qui est juste car c’est le siège de la paix intérieure et de la liberté.

Ce qui se passe au Sénégal nous oblige à briser le silence. Le révérend Martin Lutter King disait que le mal peut faire tourner les événements de telle sorte que César occupe un palais et Jésus Christ une croix, mais vient un jour où ce même Jésus se dresse et partage l’Histoire en deux ères – avant et après Jésus Christ- de sorte que le règne même de César doit être daté du nom du Christ.

Aujourd’hui, face à ce référendum, le Mal porte les habits du « Mensonge d’Etat ». Le mensonge est devenu la marchandise la mieux vendue dans notre pays. Nous assistons à la prolifération des mensonges « sérieux et graves », des mensonges à « cheveux blancs », des mensonges des « faux dévots », des mensonges des « juristes alimentaires », des mensonges des politiciens véreux, des mensonges des artistes en perte de repère etc. Et le match qui oppose la Vérité au Mensonge se joue dans le champ politique sans Arbitre.

Jean de Galles disait : « Le pion, dans sa simplicité, marche droit devant lui, mais lorsqu’il prend, il le fait obliquement. Ainsi l’homme, tant qu’il reste pauvre, marche dans la droiture et vit honnêtement, mais lorsqu’il recherche les honneurs, il flatte, se parjure et, p ». Son propos peut être une allusion parfaite à la situation que nous vivons actuellement avec la ruée de certains de nos hommes politiques et prétendus juristes, intellectuels ou religieux vers les pairies vertes du camp présidentiel pour nous faire avaler l’idée selon laquelle le fait de se dédire, pour un guide, n’est pas un mal à combattre comme du temps de Wade ; ils se parjurent sans vergogne avec des explications alambiquées, des justifications injustes, des balbutiements dignes d’un nouveau né qui ne peuvent convaincre personne.

Sacré Sénégal ! Qui sont ces parvenus qui cherchent à transformer notre cher pays en « Cimetière des hypocrisies » où repose, hagarde, la « Parole présidentielle » ? Est-ce cela la Gouvernance vertueuse qu’on nous a tant chantée? C’est triste et honteux.

Il nous faut changer la donne, car la légèreté, avec laquelle, on a justifiée le reniement présidentiel sur la réduction de son propre mandat, argument démenti par nos docteurs et agrégés en droit, montre que   la médiocrité, l’arbitraire et l’impunité comme système de gestion, sont encore des maux à combattre dans notre pays. Et On voit, tous les jours, depuis ce reniement inexplicable, des hommes et des femmes, se livraient à des explications qui n’attestent que leur épouvantable hypocrisie.
Ça suffit. Ce pays a besoin de ce que disait Serigne Moustapha SY ibn Serigne Cheikh Ahmet Tidjane : un redressement moral. Nous ajoutons qu’un tel redressement moral est impératif et doit précéder et accompagner tout redressement économique et social. Alors de grâce, cessez de nous fatiguer avec des spéculations erronées sur les vertus de ce référendum au contenu à la fois flou et mal rédigé ; arrêtez de nous présenter cette brume sous les auspices d’un soleil au zénith. Après l’avoir vidé de sa substance, pour des raisons purement politiques et partisanes,  laissez-nous pleurer la perte douloureuse de notre « Parole présidentielle » qui repose, depuis le 16 février 2016 au « Cimetière des hypocrisies ».

Notre société est remplie de flatteurs fainéants fumistes fourbes fieffés félons qui se targuent d’être de fins politiques alors qu’ils ne sont, en réalité, que des parasites, sans vergogne, prêts à plonger leur pays dans le gouffre. Leur unique devise est : « Que le peuple trinque, pourvu que je prospère ». Ces derniers ont l’art de s’agglutiner autour de tout président élu, comme son ombre, afin de réussir à assouvir leur dessein.  Jean de La Fontaine disait que : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. » La confiance du peuple, personne n’a le droit de la bafouer et il n’est pas un chèque à blanc. Il faut la mériter dans les faits.

Certaines voix autorisées ne vous ont pas ramené à la raison, préférant même vous encourager dans le reniement, d’autres se limitent à occuper la position du spectateur, plus confortable, mais attention à la fin du match.

En vérité, le travail des Assises nationales et celui de la Commission dirigée par Monsieur Amadou Moctar Mbow auraient pu s’adosser sur le respect de la Parole présidentielle pour aider notre pays à assainir ses institutions, sa démocratie, sa vie politique, économique et sociale en faveur du peuple souverain. Ce référendum n’a plus sa raison d’être, c’est du bluff comparé aux attentes des masses populaires en termes de révolution et d’évolution de notre texte fondamental.

Nous serons toujours déçus tant qu’au banquet du respect de la Parole donnée, nos dirigeants répondront absents.

Nous disons Non à la forfaiture ! Non à l’escroquerie politico-judiciaire servie au peuple ! Non aux tentatives de manipulations de nos piliers religieux ! Non à la gabegie et à la corruption constatées dans cette parodie de référendum et qui sont contraires à une quelconque Gouvernance sobre et vertueuse ! Non à la gestion clanique, familiale et ethnique de notre pays ! Nos à la puanteur de toutes ces hypocrites qui pullulent, pavanent, piaillent et polluent nos oreilles avec leurs mensonges éhontés à travers les radios et télévisions ! Non à la violence de ces détraqués politiques !

Ces médias passent pour devenir les instruments des propagandes les plus ignobles, les plus abjectes  auxquelles participent certains artistes mange-mils. Pouah ! Ici, on immole la parole donnée comme on immole un mouton à la fête et cela n’offusque personne… mêmes certains pseudo religieux et acteurs culturels s’en délectent.

« Fragile, mon cœur ne tient plus en geôle, il lui faut de l’air » car ces politiciens à la solde, véritables tacticiens du gain facile, ennemis déclarés de la Vérité et de la Justice, lui pompent l’air. Qui pour aimer mon pays?

Tafsir Ndické DIEYE

Auteur de polars et de poésie dont :

Sacrifice satanique – Polar – Editions Edilivre Paris Saint Denis novembre 2015

Pèlerinage au temple de l’amour – Poésie – Editions Edilivre Paris Saint Denis février 2016