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Cinq bateaux livrés, consommés et non payés : Les 7,5 milliards du gaz volatilisés

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La société de raffinage ne parvient plus, depuis un bon moment déjà, à honorer ses engagements vis-à-vis de son fournisseur d’hydrocarbures. Après plusieurs mises en demeure, ce dernier a décidé de fermer le robinet. D’où le manque qui commence à se faire sentir en divers endroits de la ville.

Par Mohamed GUEYE

Le gaz butane manque à Dakar, et dans certains quartiers, le spectacle de jeunes gens et jeunes filles trimbalant des bonbonnes de 6 kg de gaz, allant de boutique en boutique, reprend sa place dans le décor, au grand dam des pauvres consommateurs. Surtout que tout cela, selon des informations recueillies auprès des spécialistes des questions d’hydrocarbures, semble encore une fois, imputable à la courte vision des choses des dirigeants de ce pays.
Si le gaz vient à manquer en effet, c’est parce que l’Etat, à travers la Société africaine de raffinage (Sar), n’a pas respecté les termes de l’accord qui le liait à la société Itoc, dirigée par M. Diao, qui est son principal fournisseur. Selon ledit accord, la société Itoc fournit du gaz à crédit à la Sar, jusqu’à concurrence de 3 millions d’euros, équivalent environ à 2 milliards de francs Cfa. Ce crédit est revolving, ce qui veut dire, qu’avant la livraison de la cargaison suivante, d’un montant équivalent, la Sar éponge le premier montant, ce qui lui permet de s’endetter à une hauteur équivalente. Or, ce système qui a fonctionné tant bien que mal pendant une période plus ou moins longue, a été mis à mal par l’incapacité de la société nationale de transformation des hydrocarbures à payer ses dettes.
Ainsi, du fait des retards de paiement de la Sar, les facilités de crédit qui, au départ, étaient de 3 millions d’euros, sont passées à 6 millions d’euros, près de 4 milliards de francs, avant d’arriver, progressivement, au vendredi 24 septembre dernier, à 11,6 millions d’euros, soit un peu plus de 7,5 milliards de francs Cfa de dettes impayées.
Et le ministre de l’Energie Samuel Sarr, a été tenu informé de toute la situation. Les créanciers de la Sar lui avaient fait comprendre que les retards de paiement de la Sar sur ces livraisons, menaçaient à terme, la livraison régulière de ce combustible au pays. Et des personnes proches du cabinet du ministre de l’Energie, affirment que le ministre a été informé par lettre du 24 septembre dernier, par le Pdg de Itoc, qu’après avoir livré successivement 5 cargaisons de gaz butane à la Société africaine de raffinage, sans que cette dernière n’ait consenti à payer le moindre sou, Itoc, acculée par ses banquiers,  dégageait toute responsabilité quant aux ruptures de stock qui interviendraient dans la chaîne d’approvisionnement de ce produit.
Il semble que la société de Diao n’a pas su expliquer à ses banquiers comment il acceptait de continuer à faire confiance à un partenaire qui, visiblement, n’était pas pressé de solder ses comptes. Car en plus des 7,5 milliards de créances impayées, la Sar doit à Itoc environ 2,6 milliards supplémentaires, dont l’échéance est pour la première quinzaine du mois d’octobre.
Tout cela démontre qu’il faudra au ministre de l’Energie, beaucoup d’entregent pour éviter au pays une pénurie de gaz, qui risque de prendre des proportions dramatiques. La situation actuelle est déjà due à l’annulation, au dernier moment, du chargement prévue pour le 19 septembre dernier, car Itoc ne pouvait plus se permettre de livrer une sixième cargaison à un client incapable de respecter sa parole et d’honorer ses engagements.
Cependant, si la Sar mettait enfin la main à la poche, la situation pourrait se décanter rapidement, car le prochain navire devait être chargé demain, en principe. Si cela n’est pas le cas, on pourrait alors vraiment se préparer à chercher des solutions alternatives, car il y aura de l’eau dans le gaz.
lequotidien.sn

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