Le festival international de jazz de Saint-Louis s’est clôturé en beauté, dimanche, avec le concert magistral de Mina Agossi et de Kenny Barron. Ces deux musiciens de référence ont plongé le public, venu en masse les écouter, dans l’émotion et la communion, leur laissant un grand parfum de joie.
Pour clôturer cette 19è édition qui a accueilli pendant quatre jours de grands noms du jazz, affiche ne pouvait être mieux pensée que celle de Mina Agossi et de Kenny Barron. Cette dernière soirée, animée par ces deux grosses pointures du jazz, restera dans les annales de cette 19e édition, qui a battu le record d’affluence. Car, pour la première fois depuis le coup d’envoi du festival, la place Faidherbe a accueilli une meute de passionnés du jazz de tout horizon. Et ces deux artistes de référence ont permis à ce public de fin connaisseurs de savourer les plus beaux métissages et fusions. La première avec sa voix originale et le second par son piano qu’il maitrise parfaitement.
C’est à Mina Agossi qu’est revenu l’honneur d’ouvrir les festivités annonçant les couleurs de cette dernière soirée. Cette première partie a offert à l’assistance un impressionnant voyage de bonheur et de gaieté. La franco-béninoise, qui fait partie d’un trio où elle assure les chants, a tout simplement plongé le public dans une ambiance croisant les sonorités de l’Afrique à celles de l’Europe. Accompagnée par deux musiciens qui ne manquent ni de talent ni de passion, ce trio y est allé de son mélange complexe des rythmes et des sonorités, riche et bien épicé qui a permis à l’assistance de savourer une musique tout éloquente. En véritable acrobate vocale, Mina Agossi a, pendant un peu plus d’une heure, surpris par son talent, distillant des notes mélodieuses par sa voix si particulière. Très applaudie par le public, elle a ensuite cédé la scène Kenny Barron, qui est à l’heure actuelle considéré comme l’une figure incontournable du jazz.
Retour aux sources
Le frère cadet du saxophoniste américain, Bill Barron, le non moins talentueux pianiste a, malgré ses 68 ans, joué avec la fougue et l’enthousiasme d’un tout jeune virtuose. Nominé neuf fois pour un Grammy Awards et pour le « American Jazz Hall of Fame », Kenny Barron a tout simplement entraîné les admirateurs dans des ballades rythmées par les notes cristallines de son piano, qu’il manie avec aisance. Le pianiste américain, qui a eu droit à un standing ovation, a aimé cette communion avec le public. « C’est un plaisir d’avoir pris part à ce festival. C’est un vrai retour aux sources et je suis prêt à revenir », a confié le musicien à la fin du spectacle, qui couronne quatre jours pendant lesquels Saint-Louis a été un véritable carrefour de rencontres pour des artistes et stars de renommée mondiale.
Samedi déjà, le festival avait atteint sa vitesse de croisière avec Sonja Kandels et Jean Pierre Como qui avaient haussé le niveau. La trompettiste et chanteuse allemande, qui a grandi en Afrique de l’Ouest, a surpris plus avec son répertoire composé de chansons interprétées dans plusieurs dialectes africains. Sonja a interprété deux morceaux en wolof : « Aduna » et « Aya bimbam » de la diva Khar Mbaye Madiaga, mais aussi une chanson de Miriam Makéba en hommage à la chanteuse sud africaine décédée en 2008. Et en plus de chanter en Anglais, Kisuaheli, Ewé, Baka et Wolof, Sonja qui a grandi en Afrique, s’est même inventé sa propre langue imaginaire et s’est payé le luxe d’utiliser sa voix comme instrument de musique. A sa suite, le claviériste français, Jean-Pierre Como, a joué sa partition et marqué d’une pierre blanche cette 19e édition, qui s’est clôturé dans la gaité.
Samba Oumar Fall, lesoleil.sn