Ils avaient la prétention de succéder à Abdoulaye Wade au trône au soir du 26 février 2012. Le peuple en a décidé autrement. Sans perdre le moral, Diouma Dieng Diakhaté, Cheikh Tidiane Gadio, Amsatou Sow Sidibé, Mor Dieng, Doudou Ndoye, Ibrahima Fall, Djibril Ngom et consorts, ont soutenu Macky Sall avec l’espoir, pour certains, de figurer dans son gouvernement. Un autre rêve brisé. Mais ces candidats malheureux à la présidentielle n’ont pas pour autant perdu le nord. Ils sont tous retournés à leurs anciennes amours. Avec l’expérience d’avoir fait le tour du Sénégal en 21 jours.
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l’issue de la présidentielle de 2007, au moins deux candidats malheureux (Alioune Mbaye dit «Petit» et Louis-Jacques Senghor) n’ont plus fait signe de vie puisqu’ayant maille à partir avec la Justice. En 2012, ce n’est pas le cas. Même si quelque chose a changé en bien ou en mal dans leur avenir politique ou professionnel. Par exemple : le nom de Diouma Dieng Diakhaté renvoyait jusque-là au célèbre salon de couture Shalimar qui habillait beaucoup de Premières dames en Afrique. Mais depuis le mois de février 2012, ce nom renvoie à l’ancienne dame qui voulait présider aux destinées du Sénégal.
Un objectif qu’elle n’a pas atteint. Elle figure aussi parmi les oubliés du premier gouvernement de l’ère Macky Sall. Par contre, sur les allées centenaires, le boulevard abritant le célèbre complexe de couture et de coiffure Shalimar, le personnel confie que l’ancienne candidate à la présidentielle a repris les ciseaux. «C’est après la fin du second tour que Diouma Diakhaté a repris ses activités professionnelles, elle est fréquemment présente au complexe et s’occupe convenablement de ses clients», renseigne son assistante, Mme Wade.
Evitant de se prononcer sur l’avenir politique de sa patronne, Mme Wade évoque quand même les retombées de la campagne électorale sur les activités professionnelles de la candidate à la présidentielle. A son avis le complexe Shalimar se porte à merveille. «Notre clientèle a considérablement augmenté, les gens viennent de partout pour se faire confectionner une ou des tenues ou pour se coiffer, dans le seul but d’avoir le privilège de rencontrer Diouma Diakhaté», confie-t-elle.
Amsatou Sow Sidibé invisible à l’Ucad
Ce n’est pas la même situation chez l’autre dame qui voulait remplacer Wade à la magistrature suprême : Amsatou Sow Sidibé. A la faculté des Sciences juridiques et politiques, les étudiants qui ont commencé à reprendre timidement les cours, sont à la devanture du bâtiment. Dans le hall, à droite il y a des escaliers qui mènent vers l’Institut des droits de l’Homme et de la paix (Idhp). C’est le professeur Amsatou Sow Sidibé qui le préside. Cependant, les étudiants qui partagent le bâtiment avec la candidate de la coalition Car Leneen soutiennent que cette dernière n’a pas encore repris ses activités. «Depuis, le début de l’année universitaire, le professeur Amsatou Sow Sidibé n’a pas été aperçue dans cette zone, heureusement que ses assistantes sont là pour combler le vide», disent-ils.
Pour eux, cette absence s’explique par la préparation et la durée de la campagne présidentielle. Aujourd’hui encore, ils croient savoir que l’absence prolongée du professeur de droit est liée à la préparation de la campagne pour les législatives. En effet, pour l’un des étudiants, Mactar Samb, Amsatou Sow Sidibé a sa place dans le monde de la politique. «Elle doit se battre sur le plan de la politique pour s’imposer et pouvoir ainsi développer ses activités de redressement de la situation économique et social du pays», souligne l’étudiant. Avis partagé par sa camarade, Maïmouna Dione, qui estime que la candidate de Car Leneen a les potentialités requises pour bien représenter le peuple à l’Assemblé nationale.
Toutefois, son chargé de communication, Pèdre Ndiaye, se veut rassurant en soutenant qu’Amsatou Sow Sidibé est sur le point de reprendre ses activités professionnelles. Selon lui, la campagne pour les législatives ne constituera pas un frein à sa vie professionnelle. «Le professeur est quelqu’un qui aime le partage du savoir, d’où son désir de vouloir reprendre les cours, malgré l’approche des législatives», explique le chargé de la communication de l’ancienne candidate à la présidentielle.
Gadio à Sarata international
Ce n’est pas le cas chez Cheikh Tidiane Gadio qui n’a pas mis du temps pour reprendre ses activités de consultance au niveau international. «Vous avez entendu Cheikh Tidiane Gadio dire à Walf Tv (émission Perspectives 2012, Ndlr) qu’il s’étonnait de voir d’anciens ministres refuser de retourner à leurs anciennes occupations une fois qu’ils ne sont plus au pouvoir. Donc aujourd’hui, il est chaque matin à son cabinet Sarata international au Point E. N’oublions qu’il a emmagasiné beaucoup d’expérience dans le cadre du règlement des conflits», explique Mamadou Thiam, directeur de la communication du candidat Gadio. Par ailleurs, ajoute-t-il, «l’objectif de notre candidat n’était pas de figurer coûte que coûte dans le gouvernement de Macky Sall. Il l’a soutenu sans condition et il continue à le faire dans le cadre des élections législatives au niveau de Benno Bokk Yaakaar». En dehors de cela, Cheikh Tidiane Gadio poursuit le travail de massification de son parti, souligne M. Thiam.
Idem pour Mor Dieng. Un autre consultant qui dit continuer ses travaux de consultance. «Notre candidat est à la tête d’un cabinet de consultance bien connu et ne peut pas se payer le luxe de baisser les bras après une élection présidentielle ratée», affirme un de ses chargés de la communication. «Mor Dieng n’a pas été surpris de son absence du gouvernement car le travail qu’il mène au cabinet n’est pas compatible avec la fonction de ministre. Il compte cependant participer aux législatives dans le cadre de la Coalition Benno Bokk Yaakaar qui a soutenu Macky Sall avec qui il entretient toujours de bonnes relations», précise l’entourage de l’ancien candidat à la présidentielle.Pour le candidat Djibril Ngom, ce n’est pas non plus la «fin du monde» «Il va prendre quelques jours de repos avant de reprendre ses consultances au niveau international. Il travaille sur un ambitieux programme pour le Sénégal», révèle, sans plus de précision, Lat Dior, un de ses bras droits. Quant à son avenir politique, Djibril Ngom entend poursuivre le compagnonnage avec Macky Sall dans Benno Bokk Yaakaar aux prochaines législatives. Une ambition partagée par Doudou Ndoye et Oumar Khassimou Dia.
Ibrahima Fall reprend ses médiations au niveau international
Un candidat comme Ibrahima Fall est jugé comblé d’avoir participé à cette élection avec un score honorable. Il a obtenu 1,81 % des suffrages. Se classant juste derrière les grands caciques de la politique comme Niasse, Tanor, Idrissa Seck. «Pour quelqu’un qui n’a pas fait le tour du Sénégal, c’est un score plus qu’honorable. Fall n’a été qu’à la place de l’Indépendance. Donc il n’est point déçu. Et après quelques mois de repos, il reprendra ses activités au niveau international étant donné qu’il préside le groupe de contact dans le cadre de la crise en Guinée. Nous sommes à deux mois des élections législatives dans ce pays, il n’est pas exclu qu’il reprenne du service», explique Abdou Lahat Seck un de ses bras droits. Non sans souligner que Fall pourrait être amené à jouer au sapeur-pompier dans la sous-région comme au Mali et à Bissau. Abdou Lahat Seck précise qu’il n’a jamais été dans les rêves de Ibrahima Fall de figurer dans un gouvernement comme ministre après avoir occupé le poste il y a trente ans. Mieux, loin de disparaître de la scène, on a même vu Ibrahima Fall admirer ses propres exploits dans la campagne électorale retracés par une exposition des journalistes photographes intitulée «Chronique d’une révolte», à la galerie Raw material company à Amitié II.
WALF