Ibrahima Macodou Fall répond au ministre de l’Industrie
Se déclarant outrés par la sortie de Ousmane Ngom, les anciens ouvriers de l’usine de Sotexka à Kahone, n’ont pas peur des mots et accusent ce dernier de haute trahison. Pour leur part, les salariés actuels de l’usine, ont entamé hier un mouvement de grève, pour réclamer leur salaire.
Par Birane DIAW
La clameur soulevée par l’article du journal Le Quotidien n°2145 du weekend dernier, portant sur l’inauguration du Pôle industriel textile de Kahone (Politexka) par le Président Abdoulaye Wade, continue de retentir l’attention dans le milieu des ex-employés de la Sotexka, ainsi que ceux qui y sont embauchés actuellement. Suite aux propos du ministre de l’Industrie, des Mines, et de la Transformation des produits agricoles, Ousmane Ngom, accusant Ibrahima Macodou Fall, d’avoir manipulé les employés contre lui, les ex-employés de la Sotexka s’inscrivent en faux et traitent le ministre d’irresponsable. «Ce n’est pas responsable, ce que dit Ousmane Ngom. Nous ne sommes pas manipulés par Ibrahima Macodou Fall alors qu’on le poursuit lui aussi en Justice», indique Bissenty Mendy, responsable syndical de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), et responsable de la maintenance à la Sotexka.
Selon le syndicaliste, Ousmane Ngom a tout faux et ne peut être assimilé à rien d’autre qu’à un «hors-la loi». Il poursuit : «Je ne peux admettre que Ousmane Ngom, avocat de son état, fasse fi des règles juridiques pour se transformer en hors-la loi. Pourtant, même Secondi en reprenant l’usine, avait l’intention d’éponger le passif de l’entreprise. Il nous avait proposé de faire des demandes d’emploi mais nous avons refusé sa proposition, car nous avions des Contrats à durée indéterminée (Cdi). On nous a mis à la porte pour prendre d’autres.»
Les ex-travailleurs de la Sotexka, qui tenaient un point de presse jeudi dernier à Kaolack, déclarent ne vouloir qu’une chose : «Etre rétablis dans (leurs) droits, c’est-à-dire reprendre (leur) travail et empocher (leurs) arriérés de salaires», car soutiennent-ils, ils ne sont toujours pas licenciés et ne sont pas non plus des «quémandeurs d’emplois».
Revenant sur la fameuse inauguration de l’usine de Kahone, les travailleurs se veulent formels : «Le montage institutionnel de la Politexka est illégal. On peut dire avec certitude que le nombre de machines qui fonctionnent dans l’usine ne peut dépasser 5». Technicien ayant installé tout le système électrique de l’usine, Bissenty Mendy persiste à dire que «les tissus qu’on a vus à la télévision, ne sont pas fabriqués au Sénégal. Ils sont importés et, après, on fait l’impression dans l’usine». Cette assertion rejoint celle des travailleurs, qui ont contacté Le Quotidien dans la journée d’hier. Ces membres du personnel en ont profité pour annoncer qu’ils se mettaient en grève jusqu’à nouvel ordre, pour réclamer le paiement de leurs salaires.
Pour sa part, le syndicaliste Bissenty Mendy a indiqué que de 1988 à 1997, l’usine tournait, du bobinage au tricotage en passant par la filature. Confiée en location gérance à Lamine Ndoye Fall, ce dernier n’a pu relever le défi de l’exploitation, et a accumulé des dettes. Viendra ensuite Ibra-hima Macodou Fall, qui a démarré ses activités jusqu’en 2004, mais n’a pas versé les cotisations pour l’Iprès et pour la Caisse de sécurité sociale. Néanmoins, de 2004 à juillet 2008, l’ensemble de la Sotexka fonctionnait à merveille, en harmonie avec la Nsts et Indosen, assure le syndicaliste. Le fond du problème à en croire les ex-travailleurs de la Sotexka, c’est la vente du foncier Sotiba et la délocalisation de l’entreprise à Kahone sans tenir compte de la situation des travailleurs.
Ces derniers au nombre de 438, dont 300 environ demeurant à Kaolack et une trentaine décédée, selon leurs collègues, réclament 73 mois de salaires, dont 13 mois à Politexka, et 850 millions pour la part sociale. Se déclarant outrés par les propos de Ousmane Ngom, ministre de l’Industrie, des Mines, et de la Transformation des produits agricoles, ils se disent disposés à débattre publiquement avec ce dernier, pour rétablir la vérité.
Correspondant
lequotidien.sn