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Collaboration entre Walf FM/TV 2STV et Canal Info : Le Cnra au secours de la Rts ?

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Un débat de haute facture avec un plateau relevé, tel a été le résultat d’une franche collaboration entre la 2Stv, Walf Tv et Canal Info, le 31 décembre dernier à la suite du discours du président de la République. Un avis loin d’être partagé par le Cnra qui fustige une telle collaboration pour, officiellement, un non respect du droit du public à une information plurielle. Par Gilles Arsène TCHEDJi

Dans son dernier avis trimestriel, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), au nombre des dysfonctionnements constatés au cours du quatrième trimestre de l’année 2009 à travers les organes audiovisuels, a estimé que la diffusion simultanée par trois chaînes de télévision, 2STv, Walf Tv et Canal Info, d’une émission de débats le 31 décembre 2009 constitue : «Une restriction manifeste du droit du public à une information plurielle.» Une remarque qui interpelle et choque de nombreuses personnes qui se demandent «en quoi une telle démarche pourrait porter atteinte au droit du public à une information plurielle ?». Ousmane Sène, secrétaire de rédaction à Walf Fm/Tv, affirme d’ailleurs que l’avis du Cnra est «une des suggestions les plus inquiétantes. Je dirai même des plus énigmatiques. Nous n’avions rien compris à leur remarque en dehors du cercle qui a rédigé cet avis et pour qui, il y a eu absence de pluralité de l’information». «Franchement, je ne comprends vraiment pas, là où se situe l’atteinte à la pluralité de l’information», a-t-il insisté.
Interpellé, Modou Ngom, membre du Cnra affirme d’emblée que la démarche des trois chaînes de télévision incriminées, s’inscrit dans une logique de «s’unir pour une lutte commune». Lutte pourquoi et contre qui ? En tout cas, les membres du Cnra se disent convaincu que «ces organes ne devaient pas faire un débat synchronisé à la suite de l’allocution du président de la République». Modou Ngom d’argumenter : «Nous avions fustigé cela parce que si ce débat n’intéressait pas un téléspectateur, il ne pouvait pas zapper vers une autre chaîne. Du moment où toutes les chaînes privées de télévision se sont unies pour diffuser le même débat… Au-delà du service public, si on autorise une multiplicité de télévision, c’est pour qu’il y ait un droit du public à une information plurielle. Sinon autant n’autoriser que le service public à émettre.»
Des arguments battus en brèche par le secrétaire de rédaction de Walf Fm/Tv. Pour Ousmane Sène, «la pluralité de l’information ou la pluralité médiatique ne doit pas porter entrave à la collaboration entre les chaînes de télévision. Ce sermon du Cnra est plus proche du sermon de la division que du rôle de régulateur qu’il devrait jouer. Ce genre d’avis encourage plus une guerre qu’un jeu concurrentiel qui devrait prévaloir entre confrères». Ousmane Sène qui dit ne pas comprendre en quoi «l’association de ces trois chaînes est une gifle au droit du public à l’information plurielle», indique également que le Cnra dans sa logique se doit de respecter «la liberté d’association des confrères qui se pose dans ce débat». Ce d’autant plus que «ce n’est pas du ressort, ni le rôle du Cnra de porter ce combat au point de trouver des victimes dans la collaboration entre trois chaînes de télé».
«Même s’il s’agissait d’une forme de lutte, ou d’un complot tel que le présente le Cnra, il n’a qu’à identifier la victime pour que tout le monde le sache. Ce n’est pas au Cnra de porter ce combat et insinuer des complots de chaînes de télévision contre une autre.  D’ailleurs après avoir signé le contrat avec 2Stv et après avoir négocié la collaboration avec Canal Info, notre Pdg s’est rendu à la Rts pour faire la même chose. Alors quelle victime peut-on identifier dans cette situation», s’interroge Ousmane Sène tout en insistant que l’avis du Cnra est «un faux alibi».
L’instance de régulation quant à elle, par la voix de Modou Ngom indique que normalement, «les organes qui ont demandé et obtenu l’autorisation de diffusion ne doivent pas se liguer pour imposer au public une seule information. Ce qui aurait pu être, c’est que la Rts ait son plateau, la 2Stv aurait pu avoir son plateau, Canal Info également son propre plateau, de manière à ce qu’il y ait une pluralité d’information».

UN FAIT, PLUSIEURS PLATEAUX
Et pour se justifier, Modou Ngom de signaler que «dans le cas du sport, on peut synchroniser pour les mêmes images, mais pas pour faire les mêmes commentaires. Les commentaires doivent varier pour permettre une pluralité de l’information. D’ailleurs ce que nous disons ne concerne pas la lutte ou le sport de manière générale. Dans le cas du sport, il n’y a même pas d’opinion à exprimer. Donc en cas de sport, de lutte, de boxe ou de foot, les télévisions peuvent diffuser le même spectacle. Mais elles ne doivent pas organiser un commentaire commun. Et ceci, dans le souci d’offrir aux téléspectateurs une information plurielle.  Chaque télé doit avoir son propre commentateur». «Dans le cadre du défilé ou simplement du spectacle du 4 Avril, les télévisions peuvent synchroniser et montrer les images. Mais il faut laisser chaque chaîne constater et commenter. Car, ce que les uns trouveraient comme un podium à moitié plein, l’autre peut dire qu’il s’agit d’un podium à moitié vide. Mais si le commentaire est unique, alors il y a dysfonctionnement. Et c’est ce dysfonctionnement que le Cnra invite les chaînes à corriger en offrant une information plurielle», tente-t-il de convaincre.
«On ne peut pas imposer au public une même information. Si tous les quotidiens de la place doivent s’unir et passer les mêmes informations, autant faire un seul quotidien», analyse également Modou Ngom selon qui, «toute invitation à un débat télévisé est arbitraire. Donc dans le cadre de ce débat, il peut y avoir manipulation parce que les gens orientent facilement le public vers un même argumentaire au lieu de favoriser des arguments diverses. Il ne fallait pas faire entendre un même son de cloche. L’idéal, eu égard à ce qui s’était passé le 31 décembre dernier, c’était que chaque télévision en fonction de sa ligne éditoriale, puisse organiser son débat avec des personnes ressources diverses. Il faudrait que les téléspectateurs puissent se dire au Sénégal, nous avions 4 chaines de télé, nous avions la possibilité après le discours du Président, d’avoir 4 ou 5 ou 6 approches différentes. Ce que nous avions observé a été juste un regroupement de télé pour la lutte. Qu’on ne cherche plus à l’avenir à inculquer au public un seul point de vue. Les images communes ? Oui. Mais servir les mêmes commentaires ? Non !».
Du côté des télévisions incriminées, on pense que la pluralité de l’information a été respectée dans le cas de ce débat télévisé du 31 décembre dernier. «Même si chaque organe à sa ligne rédactionnelle ou éditrice, on se doit forcément une certaine complémentarité dans ce métier. Et puis débattre ensemble ne veut pas dire qu’on s’associe pour poser les mêmes questions ou uniformiser pour orienter les prises de position ou la pensée des invités. Cela n’a jamais été le cas. D’ailleurs nos invités étaient de différentes tendances : pouvoir, opposition, société civile et les consommateurs», fait remarquer Ousmane Sène, convaincu que cette pratique ne rend en aucun cas sans objet la pluralité des organes audiovisuels.

AUCUNE LOI N’INTERDIT CETTE COLLABORATION
En somme, faisant remarquer qu’aucune règlementation, qu’aucun décret et aucune loi relative à la presse n’interdit l’association d’organes audiovisuels et la synchronisation pour un plateau de débat télévisé, Ousmane Sène qui «regrette la sortie peu courtoise et sans fondement du Cnra», n’exclut pas la possibilité de poursuivre la collaboration, la complémentarité et l’entraide entre chaînes de télévision à l’avenir. Collaboration qui de son avis, pourrait jaillir sur de nouvelles opportunités de débats télévisés, même avec la chaîne nationale. Il faudra donc, conclut-il, «que le Cnra apporte des arguments valables et  plus convainquants afin de dissuader les télévisions à opter pour de telles collaborations».
Toutes nos tentatives pour avoir une réaction des responsables de Canal Info sont restées vaines, et à la 2Stv, on ignore jusqu’à l’avis du Cnra. C’est ce qu’a affirmé Tapha Diop, le chargé des programmes de la chaîne dirigée par El Hadj Ndiaye : «Je ne sais pas encore de quoi il s’agit. Je n’ai pas encore vu l’avis du Cnra. Laissez moi le temps de vérifier s’il nous est parvenu et je réagirai par la suite.» Promesse non tenue. Tapha Diop ne décrochera pas son téléphone le lendemain, malgré notre insistance.

lequotidien.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Je suis tout a faite d’accord avec le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel qui fustige, pour un non respect du droit du public à une information plurielle, la collaboration de trois chaines de télévision pour une émission de débats suite au discours du président de la république le 31 décembre 2009. . Non seulement le débat n’était pas relevé (Farba???) comme le prétend Mr. Gilles Arsène TCHEDJi dans son article publié par le Quotidien, mais encore il n’y avait aucune possibilité d’alternative pour le téléspectateur. La diversité est nécessaire dans toute démocratie qui se respecte. En plus, au niveau de la modération c’était vraiment médiocre. Les journalistes se passaient la parole mécaniquement afin de se partager le temps d’antenne (mais oui ! l’un ne doit pas briller plus que l’autre avec une telle collaboration!), donc impossible d’approfondir et de suivre logiquement les points saillants de la discussion … (et de briller comme ils le font si bien individuellement!). Au finish, c’était ridicule et anti démocratique!

    Et pour la même raison, il est grand temps que des nouvelles lois sur la propriété des médias soient promulguées afin d’empêcher la propriété commune de licences de diffusion de journaux, la télévision et les de radiodiffusion qui desservent la même région/localités. En d’autres mots, faire en sorte qu’une même compagnie ne puissent publier un quotidien, émettre par radio et posséder une télévision qui traite des mêmes sujets et dans un même marché…comme Walf…et comme veut faire Future Medias….

    Sorry You, I love your music mais je ne soutiens pas votre ambition concernant une licence de télévision!

    Strictement sur cette base, Youssou Ndour (comme S L Niasse d’ailleurs!) ne devrait pas être autorisé à avoir une chaine de télévision non payante qui ferait le traitement de l’info et les débats politique, à moins qu’il ne renonce à son quotidien ou sa radio dans différentes localités. En fait, la justification de la réglementation sur les formes les plus influentes des médias commerciaux est tout simplement que le fonctionnement efficace d’une démocratie appelle à une participation diversifiée des médias pour s’assurer que la vie publique est signalée de façon juste et ouverte chaque jour.

    La tendance en matière de propriété des médias ne peut pas continuer de cette la façon au Sénégal. A l’instar des grandes démocraties, il nous faut :

    • soutenir la politique de la concurrence pour promouvoir la diversité dans la propriété de la presse quotidienne et la télévision et radio publique ;
    • décourager la concentration de la propriété des médias dans les marchés locaux, et
    • améliorer l’accès du public à une diversité de points de vue et de sources d’informations et commentaires.

    Mme Fall,
    Consultante Internationale

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