COLLAPSUS D’IDENTITE ET ANOMIE SOCIALE
Abdou Ndukur Kacc Ndao
Le Sénégal est en pleine frénésie. On dirait subitement que ses fonctions vitales qui maintiennent son équilibre sont tombées en collapsus, entre la syncope et l’adynamie. Les sciences sociales pourraient, en enpreuntant ces concepts des sciences médicales, dire à leur tour que nous sommes en situation d’anomie sociale.
L’espace public est parasité voire pollué par des senteurs identitaires, ethnicistes puantes qui etaient en dormance. La résurgence du discours ethniciste est un signe des sous entendus et des hypocrisies que notre pays n’a jamais voulu affrontrer de maniere frontale. Il est ainsi emblématique, par exemple, qu’à chaque fois que nous discutons de langues nationales et de notre politique linguistique, les réflexes identitaires fleurissent pour dénaturer leur portée.
Notre pays est dans une profonde crise identitaire. Mais au-délà, il a un probleme grave d’identité. La question du voile, des homosexuels, etc. nous montre toute la profondeur de notre porosité. Nous sommes traversés par tous les courants sans être capables de dire qui sommes-nous. Nous sommes devenus une société de consommation à grande vitesse culturelle après avoir démontré notre mimêsis économique. Aristote serait sans doute bien fier de nous !
Ce « mimêsis aristotélicien » à pris des ampleurs graves avec une posture présidentielle qui fait feu de tout bois, et qui surfe sur ces lignes de fractures pour diviser et mieux régner. Nous avons toujours eu des elites hal pulaar, sereres et sudistes du fait du taux de pénétration de l’ecole coloniale française. Tout comme nous avons toujours eu des élites issues des castes dites inférieures que l’ecole a pu libérer. Cependant, force est de reconnaître que c’est le systeme senghorien (un peu plus meritocrate) et la pudeur ambiante qui ont pu masquer ces aspérités.
Nous avons toujours eu des quotas et des équilibres régionaux dans nos gouvernments. Mais, pour la première fois, nous voyons des listes se définissant comme hal pulaar circuler. Mamadou Dia ou Cheikh Hamidou Kane n’ont jamais été dépeints comme des toucouleurs. Mais quand le manteau du mérite et de la compétence tombe, nous commençons à nous référer aux origines et aux castes.
Il se passe quelque chose de grave dans un Sénégal capturé de plus en plus par des esprits grégaires. Nous pouvons toujours feindre de voir que le loup est entré dans la bergerie. Tous les signes montrent que nous sommes en situation d’anomie sociale. Une situation qui contourne et défie les normes, fondement d’un vivre ensemble brouillé.
Alors si nous ne prenons garde, en continuant de se refugier derrière nos hypocrisies, ces callapsus identitaires ou cette situation d’anomie se termineront inévitablement dans l’implosion.
ANKN
COLLAPSUS D’IDENTITE ET ANOMIE SOCIALE
Date:
Si Macky a choisi la division, vivement que le peuple sénégalais, jusque là soudé, le remette à sa place de légionnaire au service de ceux qui ont intérêt dans la division.
Et le président de la république, avec un nationalisme bien placé, lança la psychose nationale. Et qui disait que gouverner c’est prévoir ?
En 1938, sur une radio américaine (CBS), le cinéaste Orson Welles lança une expérience qui connut une célébrité sous le nom de canular d’Orson Welles. La diffusion, à la radio, d’un mensonge sur une attaque d’extraterrestres sur l’Amérique, avait causé une panique générale et une psychose collective.
http://www.anecdote-du-jour.com/la-diffusion-de-la-guerre-des-mondes-a-la-radio-fit-paniquer-des-auditeurs/
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2005/07/15/orson-welles-le-genie-mysticateur-par-michel-braudeau_672792_3208.html
https://youtu.be/ClreKtEi4dM
Le comportement de la population américaine d’alors dû à la diffusion de ce mensonge à la radio, n’était du au fait que c’est un peuple d’idiots ou d’incultes. Il s’agit d’un impact des médias sur la population.
Les études sociologiques, psychologiques, psychanalytiques, qui se sont saisi de cet exemple, ont permis de jeter une lumière sur la large gamme de ce qui est possible de faire sur les peuples par les médias. Et surtout ces études ont jeté une lumière sur les risques et conséquences du discours public.