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Collège d’éducation moyen technique : Un danger à Diourbel

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Il a formé plusieurs cadres de ce pays. Ravagé par le temps, le Collège d’enseignement moyen technique (Cemt), le doyen des collèges d’enseignement moyen dans la commune de Diourbel, peut s’effondrer à tout moment. Si rien n’est fait. Elèves et enseignants dans un même élan de peur alertent les autorités sur l’imminence du danger. La Protection civile avait ordonné la fermeture de 6 classes pour éviter une tragédie. Chaque jour, 2 700 personnes fréquentent l’établissement et franchissent le seuil du collège la peur au ventre. Mais l’autorité ne semble pas se presser pour réfectionner le Cemt qui a vu défiler dans ses salles d’éminentes personnalités comme Souleymane Ndéné Ndiaye ou la Première dame. Sos !

Le doyen est à l’agonie. Le Collège d’enseignement moyen technique (Cemt) de Diourbel est dans une situation sinistre. Des plafonds qui s’effondrent. Des trous béants qui permettent aux élèves de scruter le ciel à l’intérieur de leurs salles de classe. Des cours qui se font la peur au ventre. Des toitures envahies par l’herbe. Des pans entiers de bâtiments lézardés. Des murs défraîchis. Cette description ne reflète pas la situation du Cemt. Tellement la situation est catastrophique dans cet établissement.
Pourtant, les noms des diplômés de cette école sont ronflants : Souleymane Ndéné Ndiaye, Premier ministre, les ministres Aly Ngouille Ndiaye, El hadji Oumar Youm, le député Modou Diagne Fada, le directeur de l’Agence de Diamniadio, Seydou Sy Sall. Ainsi que la Première dame, Mariéme Faye Sall. La liste est loin d’être exhaustive.
Aujourd’hui, le Cemt appelle ces personnalités à voler à son secours. Elève en classe de 3ème, Saliou Ngom, potache très impliqué, lance un cri d’alarme : «Nous demandons au chef de l’Etat et à toutes les autorités du pays de nous aider à réfectionner notre établissement parce que les bâtiments sont très vieux. Il faut la réfection avant qu’il ne soit tard.» Bien sûr, le réveil risque d’être brutal : l‘effondrement est imminent. Regard confus, voix grave, Abdou­laye Diouf, professeur d’anglais, prévient : «C’est une situation très alarmante parce que depuis des années, on ne cesse de demander aux autorités de venir nous aider parce que la situation est devenue grave au point que on a même peur d’être dans les classes. Il n’est même plus sûr d’être dans les classes et faire cours.» Il mesure déjà les conséquences à venir.
Face à cette situation, les responsables de l’établissement en ruine implorent aux anciens élèves de l’école, qui ont réussi leurs études, à revenir au royaume d’enfance. Avant que l’irréparable ne se produise. L’irréparable, c’est évidemment la chute des installations en plein cours. Il compte un collège classique avec un effectif de plus de mille cinq cent élèves (1 500 élèves) et un collège franco-arabe avec un effectif de plus de cinq cent élèves (500 élèves). Ces potaches sont encadrés par 70 enseignants. Chaque matin, 2 700 personnes, guidées par leur devoir professionnel, fréquentent cet établissement presque centenaire.
Impuissant, le personnel avait adressé une lettre ouverte aux autorités administratives et académiques de Diourbel. Dans cette missive dont Le Quotidien détient une copie, ils écrivent : «Nous ,membres de l’Amicale du personnel du Cem, ex-Cemt de Diourbel, venons par cette lettre informer, sensibiliser, s’inquiéter et lancer un cris de cœur aux autorités administratives et académiques de Diourbel face à la gravité de la vétusté et à la menace d’effondrement du Cem, ex-Cemt où nous travaillons avec les enfants du Sénégal, de Diourbel en particulier.» La lettre rappelle les conseils de la Protection civile qui alertait sur les risques d’effondrement de l’établissement qui court derrière son prestigieux passé.

La peur des élèves et des enseignants
Même face à une menace catastrophique, il y a une hiérarchie du malheur. Ainsi, le 20 novembre 2014, la Protection civile avait ordonné la fermeture de cinq salles de classes au niveau du Bloc C et une salle au Bloc A. A l’époque, les autorités avaient annoncé la réhabilitation de l’établissement. Un an après, nada ! «Aucune réaction par rapport à la réhabilitation annoncée par les autorités n’a été faite jusqu’au moment où nous écrivons cette lettre. De plus, nous tenons à préciser que l’établissement abrite deux collèges.» Ils poursuivent : «Ainsi, nous sommes très inquiets face à cette situation d’insécurité, de précarité et de manque de protection. Nous lançons un appel aux autorités à veiller au droit de protection et de sécurisation des travailleurs et des enfants pour qu’on ne dise pas demain que l’autorité n’est pas avisée. Chères autorités, nous sommes inquiets, quand nous dispensons nos cours dans des salles lézardées par des fissures, des toitures à ciel ouvert, des bâtiments dont l’étanchéité laisse à désirer, des portes et des fenêtres complètement détachées .Nous sommes inquiets quand nous voyons les enfants arpenter des escaliers qui menacent de s’écrouler sous le poids de la vétuste. Nous sommes inquiets de circuler chaque matin sous des plafonds qui ne tiennent que sur un fil. Nous sommes inquiets d’être dans une salle où le moindre bruit fait penser à l’effondrement. Nous sommes obligés de tirer la sonnette d’alarme et de crier au secours en ce début d’année où le démarrage des cours se déroule dans un esprit de peur et d’anxiété. Chères autorités, ces cris de cœur viennent compléter les rapports des principaux et de la protection civile déjà sur vos tables.»

Silence des autorités
Aujourd’hui, l’Amicale du personnel de l’ex-Cemt de Diourbel rappelle aux autorités administratives et académiques son «droit à la sécurisation et à la protection de notre lieu de travail, dont l’administration est tenue de protéger les travailleurs contre les menaces, attaques de quelque nature que ce soit, dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Nous disons aux autorités que l’acte que nous avons posé ne s’aurait être assimilé à une désobéissance ou à une déloyauté mais plutôt à un cri de cœur face à une inquiétude qui peut créer une psychose dans l’établissement cela peut déteindre sur les enseignements apprentissages».
Aujourd’hui, les élèves et le corps professoral attendant un signe de l’Etat qui traîne les pieds face à l’imminence du danger. Mais, il n’est pas question de renoncer à leur devoir bien qu’ils soient exposés au danger. «Nous tenons à préciser que le travail continue car nous sommes des fonctionnaires de l’Etat, conscients de notre mission, qui est de servir la Nation sénégalaise que nous chérissons tant. Voila, Messieurs les autorités l’objectif de notre cri de cœur dont nous osons espérer qu’il ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd», implorent les responsables de l’établissement. Pour l’instant, l’Etat n’a pas réagi à ces alertes. Il fait comme si de rien n’était. Comme toujours. En attendant, la catastrophe.

Le Quotidien

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