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Colonel Idrissa Ndiaye,face au projet monarchique de Wade «Notre armée n’est pas une armée de larbins»

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Colonel Idrissa Ndiaye, douanier à la retraite, est un militant du Parti socialistes à Colobane, depuis janvier 2010. Préoccupé par la situation actuelle du Sénégal, M. Ndiaye s’est lancé en politique, «par principe», précise-t-il. Il se prononce ici sur le débat relatif à la dévolution monarchique du pouvoir. A ceux qui s’attendent à ce qu’une telle forfaiture prospère avec la complicité de l’Armée, le colonel Ndiaye rappelle que celle-ci n’est pas faite de larbins.

Après 34 ans au service de l’Etat, vous avez décidé de vous lancer dans la politique. Pourquoi un tel choix ?
Je ne fais pas de la politique pour avoir des prébendes, mais pour des principes. Je pars de la situation de l’homme noir, et la conclusion que j’en tire, c’est qu’il ne se développe pas parce qu’il ne vit pas dans un pays de démocratie, de liberté où il peut développer son génie créateur. La conséquence, c’est qu’il faut s’engager en politique pour faire appliquer ses principes de vérité, de justice, etc. qui d’ailleurs, sont des valeurs fondatrices de la dignité humaine.
Pourquoi vous avez choisi le Ps et non un autre parti ?
J’ai choisi le Parti socialiste pour des raisons idéologiques, même si c’est devenu suranné de parler d’idéologie. Le Ps en tant que tel, prône des idées conformes aux principes auxquels je crois. Ce sont les principes de justice sociale, de solidarité, de vérité, de manière générale, les principes républicains. Autre chose aussi : ce sont, quoiqu’on ait pu dire sur le règne du Ps de 1960 à l’avènement de l’Alternance, des hommes de dignité, de courage, de fidélité, qui ont refusé d’être des larbins, des vendus. Ils auraient pu aller brouter dans les prairies bleues. C’est ce refus de l’indignité, de la trahison de leurs idées de départ, qui m’a amené à adhérer au Ps. J’y vois vraiment des types en qui je me reconnais.
Comment vous vivez votre  nouvelle expérience ?
Ce n’est pas parce qu’on est militaire qu’on ne doit pas s’intéresser à la politique. On lit les analyses que font les politiciens ; on les regarde agir, et on a nos avis. Le problème, c’est que, contrairement aux civils, on ne peut pas les exprimer. La nouveauté, c’est que maintenant que je ne suis plus actif, je vais vers les masses. Je suis vraiment impliqué pour faire gagner le Parti socialiste.
Mais la politique, c’est aussi les coups bas à l’intérieur du même parti. Vous y êtes-vous préparé ?
Les hommes sont partout les mêmes, autant en politique que dans d’autres structures. Quand on vit avec des hommes, il faut s’attendre à voir tous les types de personnes. Tous les comportements sont visibles, si on a commerce avec les hommes. Même là où je vivais, je voyais toutes sortes de comportements. On peut dire qu’en politique, les choses se sont amplifiées. Cela s’explique par la course vers les postes ;  encore qu’on soit dans l’opposition. Dans l’opposition, on voit moins ces querelles intestines, sauf quand il y a renouvellement. Mais, a priori, je fais de la politique pour des principes. Pour le moment, je ne subis pas encore ces querelles intestines.
Quel regard vous portez sur la situation politique, économique et sociale du pays ?
Si j’étais satisfais de la manière dont les choses se passent, j’allais certainement militer dans le parti au pouvoir.
Mais vous avez votre point de vue sur la situation quand même…
Moi, je viens d’arriver. Il y a une position du parti sur les sujets que vous évoquez. J’attends de m’imprégner d’abord. Je ne peux parler au nom du parti.
Personnellement, que pensez-vous par exemple des délestages ?
Moi-même, je les vis. Personne ne peut rester indifférent aux délestages et aux inondations. Il y a beaucoup d’autres choses qui se passent dans le pays, sur lesquelles j’ai des avis personnels. J’en pense ce que mon parti en pense.
Quelle est votre opinion sur le débat autour de la dévolution du pouvoir ?
Je me bats pour des principes. Dans un régime démocratique, on ne peut pas l’accepter. C’est nous ramener très loin en arrière. Le Sénégal, avant même l’Alternance, était un phare en Afrique en matière de démocratie. Donc, on ne peut pas faire moins que certains pays comme le Ghana, le Mali, le Bénin. Il est inimaginable que de telles choses puissent se passer dans ce pays, même si ça se fait avec un habillage démocratique. Tout le monde sait que les dès sont malheureusement pipés dès le départ. Je réfléchis sur ça ; j’ai même fait des documents sur cette question.
Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
C’est un truc personnel. J’aime bien écrire, surtout quand je suis inspiré. J’ai écrit sur l’homme noir dans l’histoire.
Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous le partagiez un jour avec les autres ?
Ah oui ! Pourquoi pas ? On ne sait jamais.
Récemment, le ministre Awa Ndiaye aurait déclaré aux Etats-Unis que leur objectif, c’est d’élire Me Wade et ensuite donner le pouvoir à Karim. Vous pensez que cette forfaiture peut passer?
Tout est possible. Même le chef de l’Etat n’est pas si clair que ça. Il a dit une fois qu’il sait comment les choses se passent dans d’autres pays, même s’il reviendra sur ses déclarations par la suite. Pour le moment, j’ai des appréhensions. Il y a des supputations qui ne peuvent pas ne pas se faire du fait des déclarations des hommes du pouvoir, le chef de l’Etat en premier lieu. Si on analyse les déclarations ici et là, même de l’intéressé lui-même, on ne peut pas ne pas penser qu’il y a quelque chose qui se prépare.
Le Pr Albert Bourgi a déclaré, sur les ondes de Rfm, que les militaires ne vont jamais cautionner une telle forfaiture. En tant qu’ancien paramilitaire, est-ce que vous partagez son avis ?
Dans d’autres pays où ça s’est fait, c’était des Armées tribales. Au Sénégal, nous avons une Armée républicaine, des gens lucides. On ne peut pas leur faire faire n’importe quoi. Ils savent que le Sénégal a une place à préserver en Afrique. Le Sénégal est un très grand pays de démocratie. Ce n’est pas une Armée de larbins ; ce sont des gens très bien formés, de très haut niveau intellectuel. Ce ne sont pas des gens qu’on peut mener à la baguette. Et puis, je crois que le chef de l’Etat ne pense pas utiliser l’Armée pour ça. Il va essayer par d’autres moyens, comme l’habillage démocratique. Mais, les Sénégalais sont assez mûrs. Ils savent que ce sont les cartes qui font gagner les élections. Il faut que, dans l’opposition, nous restions vigilants. Comme le dit souvent Tanor Dieng, ce qui est important, ce n’est pas le débat sur la candidature unique, mais plutôt le processus électoral. Il faut faire en sorte que nous maîtrisions le fichier électoral et que les partis de l’opposition s’organisent pour avoir des représentants partout sur le territoire du Sénégal.
Que pensez-vous du débat sur la candidature unique ?
Tanor Dieng a dit quelque chose d’intéressant : «Ce fétichisme du candidat unique, il faut le dépasser.» Il faut essayer de travailler sur des programmes, sur le processus électoral. Après tout ça, on pourra se prononcer. Une chose est sûre : ceux qui peuvent aller ensemble iront ensemble en fonction de leur programme et de points d’accord sur le processus électoral. Mais, il ne faut pas faire de fixation. Ce n’est pas parce qu’il n’y aura pas de candidature unique que l’opposition perdra. Ce n’est pas une évidence.
Vous avez publié, en janvier dernier, un article que vous appelé votre profession de foi, dans lequel vous faites une analyse critique de la situation en Afrique. Pourquoi vous l’avez considéré comme une profession de foi ?
(…) J’analyse la perception de l’homme noir et ses apports dans l’histoire depuis la création de l’Humanité. Comme vous le savez, l’homme est né en Afrique. Ce qui est extraordinaire, c’est que malgré tout ce que l’homme noir a fait, comme Cheikh Anta Diop a eu à le démontrer, – n’oubliez pas que les pharaons étaient des Noirs qui ont développé les pyramides dont les scientifiques n’arrivent pas à percer les secrets de fabrication – l’Africain est à la traîne de l’Humanité à tous points de vue, scientifique, économique, social, etc. J’ai essayé de comprendre le pourquoi. Et la réponse que j’ai trouvée, c’est que le problème de l’Afrique, ce sont ses élites, la bonne gouvernance, de surcroît la liberté. On parle beaucoup de démocratie, mais dans les faits, on ne l’applique pas au véritable sens du terme une fois au pouvoir. Ce qui m’a amené à penser que les Africains doivent tous participer au combat pour rétablir une véritable démocratie avec une liberté qui permet au génie créateur de l’homme noir de s’épanouir. C’est surtout les intellectuels qui doivent être au premier rang.
Vous avez aussi dénoncé l’allocation des ressources, la gestion patrimoniale, la dictature, l’impunité en Afrique de manière générale. Est-ce que ces cas sont patents au Sénégal ?
J’ai fait mes études en économie. Le problème fondamental, ce sont les ressources, surtout dans le pays où on vit une économie de pénuries. Donc, il y a énormément de besoins et peu de moyens. Le problème est de savoir comment allouer les ressources aux dépenses prioritaires. Il n’est pas évident au Sénégal que des routes soient une priorité. C’est  vrai qu’il faut en faire pour circuler. Mais, quand on doit construire des routes comme celles sur la Corni-che, où est-ce qu’il faut les faire ? Est-ce que ce n’était pas mieux de régler les problèmes de l’irrigation que de faire des routes ?
Qu’en est-il de l’impunité ?
Un Etat où il y a impunité est un frein à l’investissement. Les investisseurs ne viennent pas dans un pays où n’importe qui peut faire n’importe quoi et rester impuni (…)
Quel est le cas d’impunité qui vous a le plus marqué ?
(Il se braque) Vous voulez me tirez le ver du nez ?
C’est la règle du jeu…
C’est vrai. Si vous lisez La Gazette, vous y verrez moult cas ayant trait à  des dossiers d’impunité. Je vais juste citer le cas qui vous intéresse, vous les journalistes. C’est le type (Farba  Senghor) qui a envoyé des sbires pour saccager les locaux de L’As et 24 heures Chrono. Il y en a d’autres aussi. Ce n’est pas une politique d’incitation à l’investissement.

lequotidien.sn

2 Commentaires

  1. Il est venu en politique a cause de son ami Tanor Dieng. Ce monsieur est un promotionnaire de Djibo et de Niadiar Seye( mr amendement). Il a fait l’enam avec OTD, Jarusinski. Je discute souvent avec lui. Il a des convictions fortes et parait-il, quand il etait douanier c’etait un mec honnete. Il avait horreur des magouilles. Il peut faire bouger les choses. Je profite de l’occasion pour presenter mes condoleances a tout le groupe pour le deces de Mawdo Diouf.

  2. c est des messieurs de ce genre dont colobane a besoin et je suis pret a le soutenir depuis l etranger car je suis de colobane et je suis pour une emmergence de la substance grise de colobane et non de ces farfelus qui nous tympanisent a longueur de journees sans pourtant compter ceux qui a longueur de journee jouent les cartes et croyant detenir les rennes de colobane

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