Classé au 111ème rang mondial sur 142 économies, le Sénégal où corruption et accès difficile au financement se disputent l’environnement des affaires, est absent même du top ten africain des économies africaines les plus compétitives. L’édition 2011-2012 du Rapport Global sur la Compétitivité du Forum économique mondial (WEF) publié mercredi dernier, tresse cependant des lauriers au continent dont la moyenne globale dépasse même celle du gotha mondial.
Le Lion rouge n’a pas rugi. Quand la Gambie qui régresse pourtant de 9 points et chute de la 90ème à la 99ème place, figure dans le top 10 des économies africaines les plus compétitives dans le classement 2011-2012 du forum économique mondial (WEF), le Sénégal a bien de quoi rougir. Avec une moyenne générale de 3.70 points, le Sénégal dégringole de la 104ème marche et atterrit à la 111ème du classement général perdant ainsi 7 places en un an et ne figure même pas dans le top 20 des économies africaines les plus compétitives. Pourtant, s’il fait mieux que la lanterne rouge le Tchad qui ferme le classement 2011-2012 à la 142ème place (tandis que la Suisse plastronne à la 1ère), il fait aussi mieux que des économies comme le Cameroun (116), le Ghana ( qui n’a pas bougé du 114ème rang ), la Côte d’ivoire ( dont la longue période d’instabilité explique le 129ème rang ) et même le Cap-vert (119), le Burkina (136), le Mali (128), etc… Sauf que ce « mieux » par rapport à ces économies dans le présent classement, cache mal une évolution erratique d’année en année du classement du Sénégal qui, en 2009-2010, occupait le 92ème rang parmi 133 pays avant de dégringoler un an plus tard en 2010-2011 au 104ème rang.
Subissant de vives critiques qui contestent souvent ses méthodologies et résultats, ce classement se veut de plus en plus prudent, essayant d’intégrer de nouveaux critères et d’affiner le traitement des données. Aussi, le Rapport Global sur la compétitivité se fonde-t-il sur le classement établi par l’Indice global de compétitivité (GCI) qui inclut 12 catégories (les piliers de compétitivité) composées de 111 variables recueillies directement auprès des organismes nationaux et internationaux (32 variables) et observés à partir de l’enquête internationale auprès des chefs d’entreprises (79 variables).
Des indicateurs répartis en trois « piliers » fondamentaux de la croissance et de la compétitivité: Il s’agit des exigences fondamentales en matière de compétitivité (à travers les sous-catégories institutions, infrastructure, environnement macroéconomique, santé et éducation de base) ; les améliorateurs d’efficacité (à travers les sous-catégories enseignement supérieur et formation, efficacité du marché des biens, efficacité du marché du travail, développement du marché financier, développement technologique, taille de marché) ; et les déterminants d’innovation et de sophistication (à travers les sous-catégories degré de sophistication des activités commerciales et innovation). Le classement est ainsi établi sur la base d’une combinaison de données statistiques et des résultats de l’Executive Opinion Survey, une enquête annuelle réalisée par le World economic Forum en collaboration avec son réseau d’instituts partenaires.
Le Rapport offre ainsi, selon ses auteurs, une image complète de la compétitivité d’un pays. Cette année, plus de 14 000 chefs d’entreprise ont ainsi été sondés dans 142 pays, un record à ce jour, semble-t-il et le sondage passe en revue un large éventail de facteurs influant sur le climat conjoncturel.
Plombé par la corruption, handicapé par son système judiciaire
Sur une échelle de 1 à 7, la petite taille du marché sénégalais lui vaut une moyenne de 2.7 qui le place au 100ème rang tandis qu’en matière de protection juridique notée sur une échelle de 0 à 10, le Sénégal reçoit une claque et rejoint la 105ème place avec 3 malheureux points. Le mieux qu’il ait pu faire outre sur le premier pilier des institutions dont la qualité a une forte influence sur la compétitivité et la croissance et où il s’est classé au 78ème rang avec 3.7, c’est au niveau de l’environnement macroéconomique où, avec une moyenne de 4.5, il se classe… au 89ème rang et malgré la même moyenne obtenue dans le critère de l’éducation de base et la santé, le Sénégal s’étouffe au 119ème rang du classement. Et encore, le pire qu’il ait pu faire c’est de reculer à la 122ème place avec une moyenne de 2.6 sur la sous catégorie infrastructure.
Bien entendu le Sénégal n’en a pas l’apanage, mais la corruption y apparaît comme un des principaux facteurs entravant la compétitivité et expliquant les contreperformances de son économie sénégalaise, à côté d’un accès difficile au financement du secteur privé dominé essentiellement par les Pme-Pmi, rappelons-le.
Toujours est-il que sur une liste de 15 facteurs dont 5 considérés comme les plus bloquants, 22,1% des sondés ont cité en premier l’accès difficile au financement, suivi de la corruption pour 14.1% des sondés, viennent ensuite le taux d’imposition (12.5%), la règlementation fiscale (7,8%), l’inefficacité de la bureaucratie gouvernementale (7.5%).
En gros, le Rapport global sur la compétitivité qui fait autorité dans le monde des affaires et est très attendu par les investisseurs, classe l’économie sénégalaise au stade de développement « Factor diven », autrement dit même pas en transition encore moins émergent.
Il convient de signaler que la Tunisie qui a pourtant subi tant de pénibles circonstances économiques post-révolutionnaires, perd 8 places (à la 40ème mondial) par rapport à l’année dernière mais reste le leader africain de la compétitivité.