Le talent n’attend point le nombre des ans, serait-on tenté de dire, vu la qualité des applications mobiles conçues au terme des cinq jours de l’atelier intensif du projet « Mobiles Sénégal » qui a pris fin avant-hier, lundi 26 juillet à Dakar. C’est à l’œuvre d’une vingtaine d’étudiants venus de différents centres de formations supérieures et universités du pays et dont les deux tiers sont constitués de filles. Sur une palette de sept projets conçus autour du thème « Applications mobiles à l’autonomisation des femmes et des filles africaines », « Soukeyna » de l’équipe de trois étudiants issus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a pris le dessus.
Diary Ba, étudiante en master transmission de données et sécurité de l’information à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Baba Djombéra Tandia et Mame Seye Fall étudiants en master dans la même formation, sont sortis vainqueurs du camp d’entraînement en conception d’application mobile sur le thème « Promotion de la femme ». Cette équipe a développé, sur la base de technologies mobiles un projet dénommé « Soukeyna ». C’est un projet de suivi pour femme enceinte. « L’application permet aux femmes enceintes enregistrées dans les structures de santé d’envoyer des Sms de prise de rendez-vous, d’assurer le suivi des consultations. Elle assure les interactions entre l’hôpital et la patiente », a renseigné Diary Ba, interrogée au terme de la délibération du jury constitué de professionnels dans le domaine des Tic (Technologie de l’information et de la communication).
Diary Ba assure que « le projet permettra à la femme enceinte d’avoir toutes les informations sur ses visites et faire des notifications parce qu’il y aura une autre plateforme pour la gestion de la femme. C’est-à-dire qu’on va organiser un forum pour toutes les femmes enceintes et qu’elles puissent venir s’inscrit et notifier ». Avec l’application, a-t-elle poursuivi, « la femme enceinte donne sa date et elle a toutes les prévisions ». Selon elle, l’application permettra également de jumeler deux femmes qui sont dans la même situation. « On a prévu d’implémenter une application grâce à laquelle, après l’accouchement de ces femmes jumelées, il sera possible de continuer à assurer le suivi de leurs enfants jusqu’à l’âge de cinq. Quand la femme a notifié son accouchement, le portable lui demande automatiquement un faire part à ses contactes. Il s’agira dans ce cas d’entrer les numéros des proches et l’application leur notifie par sms que vous avez accouché à telle date ».
Diary Ba défend que le processus d’utilisation est très simple. « Il suffit de l’installer sur votre téléphone portable pour pouvoir le déployer ». Et de préciser : « L’utilisation ne requière pas une bonne connaissance de l’outil informatique ou des technologies parce qu’il y a des interfaces graphiques. Il suffit de cliquer sur le bouton qui donne des indications claires ».
Si toutefois ce projet est appelé à être mis à la disposition des populations, il serait préférable que ses concepteurs prévoient une application devant permettre aux femmes analphabètes de pouvoir l’utiliser sans grandes difficultés. En attendant d’y parvenir, il faut rappeler que ce projet était en compétition avec d’autres conçus par des équipes de trois étudiants (deux filles et un garçon) dont « Mbotay » et « TayLaneLA » de l’Esmt, « Sanni Djamra » de l’Esp / Ucad, « SMSRecettes » de l’Ucad, « Badienou Goxx » et « Ndimbeul Djiguene » de l’Université de Thiès. Vu la qualité de ces projets, l’autonomisation de la femme et de la fille africaine ne devrait pas connaître de peine pour s’adapter aux Technologies de l’information et de la communication au Sénégal.
La mode, la coiffure, les parents pauvres des projets
Le Dr Chistelle Sharff, un des organisateurs de cet atelier intensif a relevé qu’il y a eu beaucoup de projets sur la santé des femmes enceintes. Ce qui, à son avis, « montre que c’est un problème réel qui existe au Sénégal ». Elle a tenu à faire remarquer que « les applications développées étaient très sérieuses, mais il n’y avait rien sur la mode, la coiffure si l’on sait que les femmes aiment beaucoup ces choses ». A son avis, « ce qui est plus intéressant, c’est de voir que les étudiants avec des technologies qu’ils n’ont pas connu avant sont parvenus à développer des prototypes des projets. Maintenant, il faut qu’ils les améliorent davantage pour avoir plus de qualité et avoir une application qui peut être déployées complètement ». Dr Chistelle Sharff considère que « ces applications développées sont prometteurs donc il faut aider les étudiants à voir comment créer des modèles d’affaires autours de produits qu’ils pensent à développer ».
Pour le suivi, « on va rester en contact avec les étudiants de faire comme un – réseau social pour échanger, voir les progrès et donner les conseils et tout ça va se faire virtuellement ». « Nous on leur a mis l’eau à la bouche du domaine. On essaye aussi de leur donner quelques conseils pour devenir entrepreneur. Il faut qu’après eux ils essayent de voir comment développer çà. C’est difficile de créer une compagnie dont ils ont besoin de plus de supports ».
Après cet atelier intensif, le projet Mobile Sénégal prévoit de lancer une compétition en application mobile qui a déjà été sponsorisé par google. Il prévoit également d’autres ateliers de formations des formateurs en 2011.
sudonline.sn