Le juge de première instance a rendu un verdict lourd dans l’affaire qui opposait Thierno ousmane Sy, le conseiller en Tic du Président Wade, au journaliste Abdou Latif Coulibaly. La lourde amende, assortie d’une peine avec sursis, a provoqué la réaction indignée de Reporters sans frontières.
L’organisation internationale de défense des journalistes, Reporters sans frontières, n’est pas restée longtemps muette après la condamnation à un mois avec sursis et 20 millions de francs d’amende, de Abdou Latif Coulibaly et de deux de ses confrères de l’hebdomadaire La Gazette. Cette condamnation dans le cadre d’un procès opposant les journalistes à Thierno Ousmane Sy, conseiller du chef de l’Etat en Tic, suscite les inquiétudes de Reporters sans frontières, qui repose pour l’occasion, le débat sur «la dépénalisation des délits de presse et de l’indépendance de la Justice au Sénégal».
Dans un communiqué rendu public hier, Rsf juge que «le procès de Abdou Latif Coulibaly et de ses deux confrères révèle de manière flagrante la difficulté, voire l’incapacité des médias et des journalistes de mener des investigations dans le cadre d’affaires de corruption compromettant les arcanes du pouvoir». Pour l’organisation dirigée par Jean-François Julliard, «il est troublant que Thierno Ousmane Sy n’ait pas eu à s’expliquer des accusations dont il avait fait l’objet».
Tout compte fait et en perspective du procès en appel intenté par les avocats des journalistes, Rsf «s’interroge sur l’équité de ce procès qui s’apparente fort à une chasse à l’homme destinée à décourager l’un des journalistes les plus critiques du pays». Par extension, Rsf pense même que «ce procès pourrait intimider les professionnels des médias, les pousser à l’autocensure et menacer ainsi l’avenir de la presse d’investigation au Sénégal».
Aussi, Reporters sans frontières demande-t-elle que la volonté d’amélioration de la situation de la presse exprimée à travers le nouveau Code de la presse et des journalistes au Sénégal, «dépasse les simples déclarations d’intention». Comme cela a été le cas avec le projet de dépénalisation de la presse agité depuis 2000. Rsf s’appuie donc sur le nouveau code et engage «fermement la Justice à prendre en compte et à mettre en application les déclarations gouvernementales, à faire preuve d’impartialité et de probité».
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