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Confidences de Abdoulaye Wade à un journaliste suisse : «Un Président qui doit partir ne doit pas le dire».«Abdou Diouf qui l’avait fait a été laminé complètement».«Mes innovations ont rendu riches beaucoup de Sénégalais».«Y’en a marre,c’est de la blague»

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Encore un entretien du Président Wade qui va susciter bien des commentaires et autres conjectures. Il a accordé une interview, le 30 septembre dernier, à Dakar, au journaliste suisse Arnaud Robert, Dans cet entretien repris dans le site rsr.ch, Me Wade parle de sa succession, dans le «moyen terme», réitère sa volonté de se présenter pour un troisième mandat, de la jeunesse sénégalaise qui, d’ailleurs a fait l’objet d’un dossier dans le site suisse sous le titre «La colère jeune», surtout du mouvement Y’en a marre, des difficultés à fournir de l’électricité et du «Printemps arabe», entre autres sujets. Le 30 septembre dernier, le Président Wade a accordé un entretien avec un journaliste suisse, Arnaud Robert. Dans cet entretien publié en audio par le site rsr.ch dans sa rubrique Son bonus, le président de la Répu­blique parle de sa succession sans même que l’on ne lui pose la ques-tion. Après avoir indiqué au confrère suisse qu’il se présentera à la Présidentielle de 2012, Wade répond à une autre question lui demandant ce qu’il attend «de ce troisième mandat». Il déclare que c’est pour «l’accomplissement» de ce qu’il est «en train de faire pour le pays et qui est déjà très avancé», même s’il concède, par ailleurs, qu’«un travail n’est jamais fini». Et comme d’habitude, il s’est offert tout de go une digression à propos de sa succession, dans un éclat de rires : «Il est évident que je pense en même temps à ma succession.» Pour son départ du pouvoir, Me Wade le situe ‘’à moyen terme (sic !)’’».

Ce qui est à signaler surtout dans cette séquence de l’entretien, ce sont ces propos de Wade au journaliste suisse ; des propos qui valent leur pesant… électoral, par les temps qui courent : «Un Président qui doit partir ne doit pas le dire. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il y a des gens frileux. Ils commencent à regarder (hésitation et éclat de rires : Ndlr) dans d’autres directions. C’est une affaire qui est arrivée à Abdou Diouf qui avait annoncé en toute sincérité qu’il allait partir après les élections, mais il a été laminé complètement.» Wade signifiera à son interlocuteur que, pour lui, «ce n’est pas le cas», car, dit-il, lui est «en très bonne santé». Et d’ajouter : «C’est peut-être à moyen terme que je partirai ; pour l’instant, je me prépare aux élections et j’achève surtout les grands travaux que j’ai déjà commencés.»

Justement à propos des grands travaux, le Président Wade abordera la question liée aux difficultés de fourniture de l’électricité, soulevées par le journaliste suisse, après que ce dernier lui a fait remarquer que «la situation ne s’est pas du tout améliorée, au contraire, elle s’est péjorée». Alors, entre autres réponses, le locataire du Palais Léopold Sédar Senghor lui répond ceci : «Celui qui voit son courant interrompu ne regarde pas comment c’est arrivé ; ça ne l’intéresse pas. Il n’a pas de courant et il veut en avoir.»

«Les Sénégalais sont devenus plus riches»
«Puis, Wade s’engage dans des explications en faisant remarquer qu’après dix ans, «la population a augmenté», que «les gens sont devenus plus riches au Sénégal, puisque le niveau de vie est passé de 500 dollars à 1 350 dollars.» Le Président dit avoir «développé le secteur privé, inexistant à l’époque». Wade soutient que «maintenant il y a beaucoup de gens qui sont riches par suite des innovations et avec des activités économiques» qu’il a développées dans l’agriculture, la transformation et le commerce. «Donc, les Sénégalais ont davantage de points lumineux. Ceux qui avaient un étage en ont deux ou trois», affirme-t-il. Selon Me Wade, «avec le temps, la con­sommation d’électricité augmente de façon très rapide», mais pas de manière «exponentielle». Pour lui, «dans ces conditions-là, il faut avoir la capacité d’emmener des usines pour produire la capacité d’alimentation des nouveaux besoins ; ça n’a pas été fait, parce que ça coûte beaucoup d’argent». Le président de la Répu­blique soutient que «maintenant nous avons atteint la capacité nécessaire pour emmener l’électricité même dans le monde rural». Seulement, fait-il remarquer à Arnaud Robert, le journaliste suisse, «c’est à ce moment» qu’ils se sont «aperçus que le réseau de distribution était obsolète». «Voilà, dit-il, un réseau qui est là depuis 40 ou 50 ans. Regardez dans les rues, les fils suspendus à des rues ou à des maisons !» Tentant de se justifier par rapport à la remarque du journaliste, selon laquelle, «la situation ne s’est pas améliorée ; elle s’est péjorée», le Président Wade lui dira : «La nouvelle capacité d’électricité ne peut pas être transportée par le réseau» qui est en train d’être changé, notamment avec l’accord signé avec la France, notamment Edf qui a envoyé des ingénieurs ; ces derniers ont fait le diagnostic. Il annonce, dans la foulée, «la construction d’un réseau de manière différentielle» ; «un nouveau réseau qui, dit-il, ne peut pas être achevé avant 5 ans». (Sic !)

Y’en a marre, c’est de la blague
Quand le journaliste aborde avec lui la question relative à la jeunesse qui l’avait soutenu, mais qui est aujourd’hui lassée par sa Prési­dence, Me Wade s’emporte quelque peu et lui lance ceci : «Vous êtes en train d’inventer ! Vous voulez que je vous fasse rencontrer les jeunes ? Je vous donne une expérience : que moi je sorte avec vous. On va dans les quartiers populaires et vous verrez comment les jeunes se comportent vis-à-vis de moi. Cela n’est pas vrai ce que vous dîtes et les élections le prouveront.» C’est encore totalement l’enragement quand le journaliste demande à Wade s’il a «l’impression que des mouvements du genre Y’en a marre, c’est très anecdotique». Alors là, le Président sénégalais lui sert ceci : «C’est de la blague ! Vous savez, les rappeurs, qu’est-ce que ça signifie dans un pays ? Mais, les Français disent : ‘’une hirondelle ne fait pas le printemps’.’ Parce que vous avez deux ou trois gens qui ont trouvé une formule à réciter dans les radios ou à ameuter une partie de la population, ce n’est pas ça qui fait un pays ! Dans vos pays, il y a bien des gens comme ça, des chanteurs, des rappeurs qui racontent du n’importe quoi. Est-ce qu’on va juger une politique d’après ces gens-là ? Allez demander à l’intérieur du Sénégal, aux paysans, aux ruraux ? C’est ça un pays ! Ils (les Y’en a marristes), ce sont des artistes qui racontent ce qu’ils veulent.» Mais, lorsque le journaliste suisse lui fait remarquer que ce sont ces rappeurs qui l’avaient soutenu en 2000, le Président Wade répond que «c’est possible ; dans un mouvement politique, il y a du tout». Et d’interroger celui qui est chargé de l’interroger, ainsi : «Vous croyez qu’il n’y a pas de rappeurs qui me soutiennent ? Vous les avez rencontrés ? Je vais demander qu’on vous les fasse rencontrer. Il y a des rappeurs qui me soutiennent encore aujourd’hui.»

D’autres questions seront abordées comme le chômage des jeunes. Là, Wade parlera encore des bourses que le gouvernement offre à tous les étudiants, le taux de 40% du budget destiné à former les jeunes, des cadres sénégalais à l’extérieur qui reviennent au pays, des 180 000 bacheliers par an qui arrivent sur le marché de l’emploi. Avant d’avouer au passage être dans l’incapacité d’offrir à tous un emploi. Puis, la fin de l’entretien sera consacrée au «Printemps arabe», à la situation en Libye, entre autres.

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