Avec sa décision de déplacer le mur qui sécurise l’aéroport, l’État du Sénégal s’est attiré les foudres des Lébous de Yoff. Face à la presse , les habitants de cette commune se sont opposés à ce qu’ils appellent une «tentative d’accaparement» de leurs ressources foncières. Ils en appellent à l’arbitrage du Président Macky Sall.
On pourrait l’appeler le mur de Berlin bis. Sauf que cette fois-ci, ce ne sont pas les Etats-Unis et l’Urss qui sont aux prises, mais la commune de Yoff et l’Etat du Sénégal. Cause de la discorde ? La décision de l’Etat du Sénégal de déplacer le mur de l’aéroport vers les quartiers environnants de Yoff. Une décision qui, selon les Yoffois, serait dictée par l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci). Secrétaire général des Freys Yoff (police coutumière), Moustapha Guèye démonte ces arguments. «Ce mur pouvait rester là où il était. Avec l’avancée de la technologie, ils ne peuvent pas nous dire ce que nous ne savons pas sur cette question. Nous avons cheminé longtemps avec ces gens, en coordonnant le comité de suivi opérationnel qui s’occupe du bon fonctionnement de toutes les opérations aéroportuaires», explique cet ancien cadre à la retraite de l’Asecna lors d’une conférence de presse organisée samedi à la grande mosquée de Yoff. «Personne à l’Asecna ne peut me divertir sur ces installations. J’ai tracé des diagrammes pour le bon fonctionnement de ces installations et je les transmettais régulièrement à l’Oaci. Ils racontent des balivernes. Élever le mur et déplacer le mur, c’est différent. Si on déplace le mur, on va englober toutes ces parcelles qui ont déjà fait l’objet de transaction», poursuit M. Guèye. Ce dernier, qui a officié à l’Asecna de 1972 à 2008, voit des «non-dits» dans cette affaire. Il est d’ailleurs péremptoire : «Ils veulent dilapider les terres de nos ancêtres. Nous avons tout compris.»
Rencontre avec le gouverneur de Dakar demain
Dans cet élan de contestation, les Forces vives de la commune de Yoff se sont mobilisées. La présence des Jaraafs Mbaye Nguirane Mbengue et Seyni Guèye, sous le regard d’une centaine de jeunes, montre que les Yoffois ne sont pas près de renoncer à leurs terres. «Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Nous avons été trompés par trois régimes (Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade). Nous pensons que le régime de Macky Sall est un régime réparateur de ces injustices. Nous ne voulons pas de problèmes. Nous demandons qu’on nous rende nos terres», tonne le Jaraaf Mbaye Nguirane Mbengue. «Ils ont pris 3 ou 4 fois de ce qu’ils devaient prendre. Après, c’est pour faire du ‘’pathio’’ (partage du gâteau)», dit Moustapha Guèye, enragé.
Dans les jours à venir, les jeunes de Yoff promettent de hausser le ton, si le statu quo perdure. Avant que l’irréparable ne se produise, l’ancien adjoint au maire de Yoff, Mamadou Sylla, interpelle le Président Macky Sall. «Les autorités administratives qui travaillent pour l’Etat du Sénégal sont en train d’opérer des violences symboliques au niveau de la commune de Yoff. Nous avons été dépossédés de la Foire dans des circonstances obscures. Pour la Vdn, il y a des problèmes. Nous n’allons pas accepter le déplacement de ce mur», avertit-il.
En attendant, le gouverneur de Dakar, Mohamed Fall, rencontre les dignitaires yoffois demain.