Ancien ministre du Commerce dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye alors Premier ministre, le leader du Grand parti, fait un bilan sans complaisance des Conseils des ministres décentralisés. Malick Gackou en a une appréciation «politique».
«Je dois dire avant tout que ces conseils des ministres décentralisés sont politiques. J’étais membre du gouvernement. Au terme du premier Conseil des ministres tenu à Saint-Louis, le président de la République s’était engagé à faire des investissements dans cette ville à hauteur de 306, 7 milliards de francs Cfa. Ensuite, Kaolack 255 milliards, Thiès 447 milliards, Ziguinchor 360 milliards, Matam 127 milliards, Kolda 204 milliards, Kaffrine 206 milliards, Diourbel 209 milliards et enfin Fatick, le 22 juillet 2015, avec 246 milliards. Comme par la magie de l’histoire, le week-end j’étais à Foundiougne et je disais à mes amis que j’étais en train de chercher les 246 milliards que le président de la République nous avait promis», dit-il.
En fait, dans son entendement, «c’est pour dire qu’au total, le gouvernement a promis à toutes ses régions près de 3.200 milliards de F Cfa de 2012 à 2016. C’est quasiment le budget du Sénégal. Où est-ce que cet argent a été investi ? Je crois que ce gouvernement devrait nous dire, mercredi, au terme de son communiqué : «Voilà l’évaluation de ce qui a été investi dans toutes les régions du Sénégal.» Sinon il va manquer à son devoir. On ne peut pas promettre à des régions des milliards et ne rien faire. Plus grave, dans le cadre du plan d’action prioritaire du gouvernement, dans la politique économique du Pse, il est dit clairement que le Pse était à la recherche de 9 685 milliards investis sur 3 ans, de 2014 à 2017, et cherchait un taux de croissance qui dépassait les 8%. Nulle part dans le cadre de l’élaboration de ce plan d’action prioritaire, on ne voit les investissements qui ont été promis aux régions à travers les Conseils des ministres décentralisés. Donc, cette cacophonie de la politique du gouvernement mérite d’être clarifiée. Les Sénégalais doivent savoir que le gouvernement donne des chiffres à l’emporte-pièce pour leur faire croire une embellie qui n’existe pas ou qui ne l’est que de nom. C’est la raison pour laquelle je crois que ces Conseils des ministres décentralisés n’apporteront absolument rien au bien-être social de la population et sont tout à fait politiques parce que n’impliquant pas les forces vives de la Nation qui ne sont ni l’Apr ni la coalition au pouvoir, mais toutes les composantes de la société».
«Quand le président de la République vient à Guédiawaye, à Pikine, sous le couvert du Conseil des ministres, c’est juste pour faire des débauchages en recevant des leaders. C’est connu, mais c’est de bonne guerre que le président de la République vienne dans mon fief, la banlieue, pour acquérir plus de voix, et on ne peut pas le lui reprocher. C’est cela qui nous fait penser que ce sont des Conseils de ministres très politiques et, à la limite, politiciens. Mais ce n’est pas cela qui fera que les populations de la banlieue vont voter pour Macky Sall. En tout cas, ce que je peux dire avec certitude : le jour où le Sénégal organisera des élections libres, démocratiques et transparentes, avec une Ceni capable de matérialiser les volontés populaires, personne ne me gagnera dans la banlieue, ni à Guédiawaye ni à Pikine», prévient Malick Gackou dans une interview accordée au journal «Le Quotidien».
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