XALIMANEWS- Les aliments contenant des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques sont responsables de plus de 200 maladies, allant de la diarrhée aux cancers.
Presque une personne sur 10 tombe malade chaque année de maladies d’origine alimentaire, entraînant 420 mille décès par an, dont 125 mille enfants de moins de 5 ans, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) de 2015 au niveau mondial.
«Les maladies diarrhéiques sont les plus courantes. Elles seraient souvent dues à la consommation d’aliments contaminés par plusieurs bactéries dont les salmonelles», estime Maïmouna Kâ. La cheffe de division Etudes et planification au niveau du Service nationale de l’hygiène s’exprimait hier à l’atelier de restitution du Plan de surveillance de la prévalence des salmonelles et leurs serovars dans les légumes vendus dans certains marchés de Dakar, Thiès et Louga.
Au niveau local, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) a observé une forte prévalence de la diarrhée, particulièrement chez les enfants âgés entre 6 et 11 mois (24%) et ceux dont l’âge varie entre 12 et 23 mois (23%).
«Les salmonelles, souvent responsables des diarrhées, peuvent être présentes sur les fruits et les légumes qui ont été au contact d’un sol ou de l’eau contaminés», expliqué Maïmouna Kâ qui a présenté les résultats de l’étude.
Pis, poursuit la praticienne, «certains maraîchers utilisent frauduleusement des eaux usées pour l’arrosage des légumes. Et le risque de prolifération dans les aliments peut être à corréler aux mauvaises conditions de conservation et d’exposition des produits constatés dans les lieux de vente, mais aussi à l’absence de chaîne de froid ou aux ruptures fréquentes notées, surtout dans la conservation des denrées périssables».
Les persils et les menthes plus contaminés
Les prélèvements ont été faits dans les trois régions bordées par les Niayes, notamment Dakar, Thiès et Louga, au niveau des marchés et des grandes surfaces.
Au total, 16 lieux de vente ont été visités pendant six mois (de septembre 2020 à février 2021), dont 6 grandes surfaces et 2 marchés traditionnels pour le département de Dakar, 3 marchés traditionnels à Rufisque, Sangalkam et Bambilor concernant le département de Rufisque et 1 grande surface et 1 marché pour le département de Thiès. Celui de Tivaouane, 1 marché traditionnel à Mboro, et celui de Louga, 2 marchés traditionnels à Louga et à Potou.
L’étude a ciblé les légumes consommés le plus souvent crus et dont raffolent les urbains, notamment les carottes, choux, tomates, laitue (salade), concombres, menthe et persil. Au total, 871 prélèvements ont été effectués dont 511 à Dakar, 187 à Thiès et 173 à Louga. Les échantillons prélevés sur étals surélevés représentent 668 et les échantillons prélevés sur des étals à même le sol 203. Ainsi, sur 871 échantillons analysés, 108 sont revenus positifs, soit un taux de prévalence de 12,39%. «A Dakar, 86 échantillons ont été déclarés positifs sur 511 échantillons, soit un taux de prévalence de 16,83%, Thiès, 11 positifs sur 187 échantillons, soit un taux de prévalence de 5,88% et Louga 11 positifs sur 173 échantillons, soit un taux de prévalence de 6,36%», a révélé l’étude.
Sur les 108 échantillons positifs, il est noté une forte prévalence au niveau des persils et des menthes. «Persils (frisés, chinois…) 37,96%, menthes 25%, salades 17,59%, concombres 6,48%, tomates et carottes 4,63%, et choux 3,70%», révèle l’étude.
Selon Dr Kâ, cette situation pourrait s’expliquer par l’utilisation des eaux usées et les fientes d’oiseau comme amendements, les fumiers, la présence de la faune, la poussière et le péril fécal…
Les grandes surfaces moins insalubres
Selon les types de marchés, l’analyse ne montre pas une grande différence de résultats sur les 108 échantillons positifs. «53 proviennent des grandes surfaces, soit 49,07%, 55 proviennent des marchés traditionnels, soit 50,93%», dévoile l’enquête. «Les deux types de marchés se ravitaillent, selon nos enquêtes, pratiquement à la même source (zone des Niayes). Le lavage des légumes avant la mise en vente n’est pas toujours adéquat ou n’est pas observé. Les étals ne sont pas régulièrement nettoyés», informe Dr Kâ. Sur les 108 échantillons positifs, 95 proviennent des étals surélevés et 13 de ceux à même le sol.
«Rapporté au nombre d’étals, on a aussi un taux de prévalence de 14,22% pour les surfaces élevées et 6,40% pour les étales à même le sol. Ces résultats pourraient s’expliquer par le mode de vente, le client ayant plus de possibilités de manipuler les légumes avant d’acheter», commente la spécialiste. Le lavage des légumes a été la forte recommandation ressortie de l’étude financée par le Duc de Luxembourg et appuyé par la Fao.
Le Quotidien