Le supposé rapprochement entre les héritiers de Serigne Saliou Mbacké et l’industriel Dangote n’existe que dans la tête de ce dernier.L’avocat de la famille qui dément l’information indique, toutefois, qu’un rapprochement n’est possible que si la famille du dernier fils de Bamba sur terre est rétablie dans ses droits.
Contrairement à ce qui se raconte depuis quelques jours, les héritiers du regretté khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, sont loin d’un rapprochement avec l’industriel nigérian, Aliko Dangote, qu’ils accusent d’avoir empiété sur les terres appartenant à leur défunt père. Me Cheikh Fall, avocat des héritiers de feu Serigne Saliou Mbacké, que nous avons joint au téléphone hier dans la soirée, dément catégoriquement toute idée de rapprochement. Il soutient en effet que c’est l’autre partie, qui, sachant qu’elle n’est pas dans le droit, essaie d’entretenir la rumeur pour essayer de créer la confusion dans l’opinion.‘Nous avons constaté, à travers des journaux de la place, que la société Dangote, par la voix de son directeur général, qu’il y aurait un rapprochement entre Dangote et les héritiers de Serigne Saliou Mbacké.
Cela est faux. Ce supposé rapprochement n’existe que dans l’esprit de Dangote’, dit l’avocat. Qui pense que cette information ne vise qu’à troubler l’esprit des juges, des Sénégalais et en particulier des mourides qui suivent de près cette affaire. ‘Il ne peut pas y avoir de rapprochement puisque l’affaire est pendante devant la justice. Il ne peut y avoir rapprochement qu’avant ou après la saisine de la Justice’, déclare l’avocat. Non sans écarter la possibilité d’un rapprochement si la famille du dernier fils de Bamba sur terre est rétablie dans ses droits. ‘La voie de négociation ne pourrait être ouverte qu’après l’arrêt de la Cour d’appel et que les héritiers soient rétablis dans leur droit’, poursuit l’avocat et proche de la famille.
Les héritiers de l’illustre fils du fondateur du mouridisme reprochent à l’industriel nigérian, qui doit implanter la troisième cimenterie du pays sur cette zone, d’avoir empiété 124 hectares sur les 942,07 hectares de terres dans la forêt de Pout et Keur Moussa que Serigne Saliou Mbacké avait sollicitée et obtenue par décret n°2006-1335 du 27 novembre 2006 pour ses exploitations agricoles. Le marabout avait déjà acheté dans cette localité une superficie de 114 hectares dans la volonté de travailler au développement des productions agricoles et animales tout en apportant une bonne contribution à la conservation de la nature, notamment par des reboisements, dit l’avocat. Mais, 7 mois après le rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacké, ses héritiers ont appris qu’une partie de ces terres, soit 124 hectares, a été occupée par la société Dangote Industries.
Serigne Moustapha Saliou Mbacké, fils du défunt Khalif général et représentant des héritiers, avait alors, le 7 septembre 2009, saisi le ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature de l’époque qui, par un courrier daté du 06 octobre de la même année, avait confirmé, après une mission de ses services sur le terrain, que Dangote avait bien empiété sur le domaine du vénéré Cheikh. Jugeant cette situation ‘inacceptable’, le ministre avait demandé au directeur général de Dangote Industries de libérer, dans les meilleurs délais, cette partie qui avait fait l’objet d’une attribution préalable au profit de Serigne Saliou Mbacké. Mieux, une ordonnance du tribunal régional de Thiès avait donné injonction à l’industriel d’arrêter les travaux qu’il était en train de réaliser sur ce site appartenant aux héritiers de Serigne Saliou Mbacké, mais la société semble fouler du pied cette décision de justice.Elle continue, selon l’avocat, à occuper les terres sur lesquelles elle a édifié des travaux de baraquements de chantier, puis a débuté des travaux de construction de bâtiments, faisant fi des droits des requérants ainsi que des injonctions du ministre et de la direction des eaux et forêts.
Seyni DIOP