La Sonatel a été la première à déposer une demande d’extension de sa licence pour l’exploitation de la technologie 3G plus, mais à la surprise de l’entreprise, le président de la République l’a accordée à l’opérateur Expresso et s’est posé comme agent marketing de cette société. Ce que ne veulent pas accepter les travailleurs de la Sonatel qui ont décidé d’aller en grève le mois prochain.
Par Safiétou KANE
ImageLes agents de la Sonatel n’ont pas été tendres avec le président de la République lors de leur conférence de presse, organisé hier, pour dénoncer le projet de celui-ci, qu’ils accusent de vouloir la «liquidation de la Sonatel». Dans une déclaration liminaire lue par le Secrétaire général de leur syndicat, M. Mamadou Aïdara Diop, ils ont accusé le Président Wade «de poser des actes dont la finalité non déclarée est de faire disparaître à terme la Sonatel qui lui a déjà versé depuis 2000, plus de 1 000 milliards de taxes, d’impôts et de dividendes». En fait, les membres de l’intersyndicale des travailleurs se disent convaincus que «le président de la République est pris par un complexe de tout ce qui a réussi sans lui. C’est ce qui explique son acharnement à vouloir détruire toutes les personnes physiques et morales qui se sont réalisées en dehors de son officine de fabrication artificielle de nouveaux riches».
Ce qu’ils reprochent au Président Wade, c’est d’avoir présidé «en grande pompe», le lancement du service 3G+ de la société Expresso, il y a une semaine, accompagné de tout l’appareil d’Etat. Cela a été jugé «scandaleux du fait qu’il viole de manière délibérée le décret créant et organisant les mécanismes de régulation du secteur des télécoms qu’il a lui-même signé». Comme l’a rappelé M. Aïdara Diop, depuis 2008, la Sonatel a engagé des négociations avec les autorités du pays, par le biais de l’Agence de régulation des postes et télécommunications (Artp), pour obtenir l’autorisation d’exploitation de la technologie 3G+. En décembre 2009, l’Artp, après examen des arguments de Sonatel et après consultations et accord des autorités gouvernementales, a donné une suite favorable à la demande de la société, pour une extension de sa licence à des conditions acceptées par les deux parties. Mais, selon toujours les explications du président de l’intersyndicale, «tous les projets de décret soumis au président de la République sont restés sans suite».
La question que se posent les agents est de savoir «pourquoi deux projets de décret se perdent» alors que leur entreprise «remplit toutes les conditions d’exploitation du 3G plus». Pour M. Mamadou Aïdara Diop, il n’y a qu’une réponse?: «Le président de la République nous a ligotés pour permettre à Sudatel d’être prête alors que Sonatel l’était déjà. Mieux, nous pouvons même, dans les trois jours qui suivront la signature du décret, mettre en service le 3G plus partout dans le pays.» Mais, «nous sommes bloqués dans notre capacité d’innovation». C’est pour cette raison aussi qu’ils demandent à l’Etat d’être à équidistance des opérateurs.
Ces travailleurs, qui aimeraient bien que l’Etat défende leur société au lieu de les soumettre à de si rudes épreuves, ne comptent pas se laisser faire, et ils envisagent une grève illimitée à la fin juillet prochain, pour obtenir du président de la République, Abdoulaye Wade, «la signature du décret modifiant le cahier des charges de l’opérateur historique de télécoms en vue de lui permettre de commercialiser la technologie dite du 3G plus». En attendant, ce seront des Assemblées générales de section, une marche nationale de sensibilisation des populations qui vont meubler le temps d’ici à la fin de juillet.
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