Le message de nouvel an du président de la République a incontestablement remis les pendules à l’heure. Et ceci pour trois raisons principales qui touchent à la forme et au fond : un format adapté du point de vue du timing (1), des mesures phares en phase avec les attentes des Sénégalais (2) et l’affirmation d’une vision pour le Sénégal (3).
Raison 1. Un message de nouvel an n’est ni un discours sur l’état de la Nation encore moins un exposé programmatique adossé à un bilan. Un message de nouvel an est une adresse ramassée, concise et ciblée pour présenter des vœux et, pour un Chef d’Etat, rassurer ses concitoyens en vue d’entrer dans la nouvelle année avec espoir et pleine conscience des défis majeurs pour le pays et pour le monde. Il peut également annoncer des mesures phares qui confortent sa vision et présagent d’actions hardies pour mettre le pays sur la trajectoire d’un développement véritable. Dès lors, il n’est pas attendu, pour ce type d’adresse, l’exhaustivité qui sied à un discours sur l’état de la Nation. Journalistes, analyses et auditeurs/téléspectateurs quelconques ont unanimement salué la fulgurance du message, sa concision et sa clarté. Quinze minutes ponctuées d’espoir et de confiance !
Raison 2. La tonalité sociale du message de nouvel an du président de la République est nette. Le langage du vécu des populations a pris le pas sur la langue des chiffres déconnectés du quotidien. Il ne promet pas, il annonce le réel qui apporte immédiatement du mieux dans la vie des gens. Le lancement de la couverture maladie universelle (des Sénégalais sains), n’est pas une promesse. C’est un acte posé parce qu’inscrit dans le budget et dont les effets sont perceptibles dès 2013. Il en est de même de la bourse de sécurité familiale (des Sénégalais solidaires et dignes) qui va toucher immédiatement 50 000 familles des plus démunies. Le transfert de l’ordre de 30 milliards de francs cfa aux travailleurs salariés (pour des Sénégalais mieux payés), sous la forme du renoncement à une bonne part de fiscalité sur les salaires, n’est pas un effet d’annonce. C’est une mesure effective à partir de fin janvier 2013. Le recrutement de 5.500 agents dans la fonction publique n’est pas un mirage. C’est un engagement en œuvre ici et maintenant. L’accès à l’électricité de 32 000 foyers dans le monde rural n’est pas une chimère, c’est une mesure effective avant fin 2013. La mobilisation de 250 milliards de Fcfa dans le cadre de l’apurement progressif de la dette intérieure n’est pas un vœu pieux, c’est une annonce à effet immédiat pour le secteur privé. Entre autres…
Le message du nouvel an n’a donc pas été simple un défilé de promesses mirobolantes, encore moins un bilan souvent auto-glorifiant pour masquer les carences de l’action au présent et pour le futur. Le message a respecté un engagement axiomatique fort du candidat Macky Sall devenu chef d’Etat : dire ce qui est possible, éviter les maquettes faciles et les illusions infantilisantes.
Raison 3. Le Sénégal dont rêve chaque Sénégalais est bien profilé dans le message : un pays en lutte permanente contre les injustices et les inégalités sociales, ayant assuré son autosuffisance alimentaire, doté d’un tissu industriel moderne et adossé aux valeurs de paix, de démocratie et de liberté. Cette vision n’est pas un univers onirique. Elle repose sur des leviers puissants :
– La création de nouveaux instruments de financement de notre développement avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis).
– La révolution agricole annoncée par le président avec des mesures concrètes, notamment en matière de mécanisation (acquisition de 1.000 tracteurs), de juste prix (pour le producteur et le consommateur), de maîtrise de l’eau, d’accès à des semences de qualité… La démarche est ainsi inspirée de ce que les spécialistes appellent la chaine de valeur. Elle combine les intérêts de tous les acteurs, accorde une attention particulière aux facteurs de progrès et de performance et non plus seulement aux volumes à produire. Il n’est plus seulement question d’amélioration des performances de ce secteur décisif pour notre développement ; il est question surtout d’optimisation des performances. Il s’agit d’une mutation profonde du secteur agricole qui va induire des changements sérieux dans l’économie rurale et le visage des régions intérieures.
– L’éducation et la formation professionnelle pour faire émerger une masse critique de compétences dans tous les domaines, notre pays évoluant dans un contexte mondial très exigeant parce qu’ouvert et très concurrentiel.
– La bonne gouvernance, non pas seulement comme principe, mais comme mode de gestion des affaires publiques, réhabilitation de l’intérêt collectif, défense et illustration de la vertu comme signe distinctif du bon leader.
L’espoir et la confiance ne sont donc pas de vains mots dans l’adresse du président. Ils sont inscrits dans la réalité de nos efforts communs et quotidiens qui portent le Chef de l’Etat à la conviction suivante : « L’année qui s’annonce nous ouvre de nouvelles possibilités de poursuivre la réalisation de nos aspirations à une vie meilleure, sur le fondement de nos acquis. Bâtir le Sénégal de nos rêves est à notre portée. J’ai pleinement confiance dans nos capacités d’y parvenir si nous restons mobilisés autour des vertus du travail, du civisme et de la discipline individuelle et collective ».
El Hadj Hamidou KASSE
Conseiller Spécial du Président de la République
comme quoi il faut une caisse de resonnance pour rendre digeste et audible un discours étriqué et fade…