Toujours se méfier des interprétations basées sur des études « pré-publiées », c’est-à-dire mises en ligne sans avoir été validées par la communauté scientifique. Nouvel exemple avec un article associant l’utilisation de la climatisation dans un restaurant en Chine avec la contamination de neuf personnes par un malade.
L’histoire se déroule dans un restaurant en Chine. Un malade aurait contaminé neuf personnes, dont cinq membres de deux autres familles assises non loin de lui, près de la climatisation. Des faits a été tirée une étude pré-publiée, donc non validée par la communauté scientifique, établissant un lien entre l’air climatisé et la propagation du virus. Dans leur article, les chercheurs admettent eux-mêmes les limites de leur analyse : ils n’ont pas étudié toutes les pistes. Par exemple, l’éventualité de la présence de porteurs asymptomatiques dans les deux autres familles et donc d’une infection directe.
« On n’a jamais eu la preuve que des particules virales transmises par aérosols (mouvements d’air) aient été contaminantes. Leur charge virale semble tout simplement insuffisante pour contaminer », rassure Daniel Camus, professeur à l’Institut Pasteur de Lille. « C’est pour cette raison qu’aucun message d’alerte n’a jamais été émis concernant les systèmes de climatisation ou d’aération. La seule recommandation est un nettoyage régulier », précise-t-il.
Pour expliquer la notion d’aérosol, il revient sur les deux modes de transmission possibles des particules virales. Par voie aérienne, « elles sont présentes autour des gouttelettes expulsées par l’effort de toux », elles contiennent alors une charge virale importante. Les scientifiques estiment qu’elles peuvent être projetées jusqu’à un mètre avant de retomber. D’où la distance minimale d’un mètre imposée entre chaque individu. Les particules peuvent aussi être transmises par aérosols donc, « c’est-à-dire portées par un mouvement d’air ». Mouvement d’air qui peut être généré par la climatisation, la ventilation ou tout simplement « par quelqu’un qui marche ». « Le simple fait de se déplacer peut faire partir des particules dans l’air », explique le professeur, prenant l’exemple du parfum que l’on peut sentir chez quelqu’un qui passe à côté de nous.
« Il faut vivre cool » et aérer sa maison, entre autres
« Il n’y a pas d’inquiétude à avoir », insiste-t-il. « On estime que dans les locaux publics, le risque est quasi inexistant, il est plus important dans la chambre d’un malade, où la dispersion est moins importante », poursuit Daniel Camus. « Les tuyaux d’aération des bâtiments publics sont tellement longs que les particules finissent par se perdre. » En revanche, dans les maisons, « il est bon d’aérer largement au moins trois par jour dix minutes quand quelqu’un est malade, au moins une fois dix ou quinze minutes sinon. » Et dans la voiture, d’utiliser la ventilation en mode extérieur pour ne pas confiner l’air. Et non, on ne va pas attraper ce qui traîne chez le voisin, précise-t-il encore. « Il faut vivre cool », résume-t-il, d’autant que dans les lieux publics, « on devra porter un masque » pour protéger nos voies respiratoires.
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