L’athlétisme mondial plus que jamais dans le collimateur de la justice : une enquête préliminaire a été ouverte en France sur l’attribution des Mondiaux-2021 à la ville américaine d’Eugene, le berceau de Nike, parallèlement à une autre procédure pour corruption liée aux accusations de dopage d’Etat en Russie.
Cette nouvelle enquête a été ouverte le 1er décembre, a indiqué mercredi à l’Afp une source judiciaire, confirmant une information de la BBC. Elle est distincte de celle pour corruption qui a conduit à la mise en examen de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf), le Sénégalais Lamine Diack. Elle pourrait concerner son successeur, Sebastian Coe, légende de l’athlétisme britannique. Elu en août, l’Anglais a fait l’objet de vives critiques ces dernières semaines sur un possible conflit d’intérêt puisqu’il était jusqu’à récemment ambassadeur de Nike. Sous la pression, il a dû mettre fin le 26 novembre à son contrat avec l’équipementier américain, estimé à 142 000 euros annuels et vieux de 38 ans.
Cette double casquette avait fait naître le soupçon sur les conditions d’attribution des Mondiaux-2021 à Eugene, ville où est née la marque à la virgule. Le choix de la ville américaine avait été annoncé à la surprise générale en avril, alors que le processus classique d’étude des candidatures n’avait pas été respecté. C’est la BBC qui avait déclenché cette polémique en publiant le 25 novembre, un courriel de Nike daté de janvier et suggérant un lobbying de Coe auprès de son prédécesseur, Diack, pour confier l’organisation des Mondiaux-2021 à Eugene. Coe, entendu le 2 décembre par une commission du Parlement britannique, avait nié tout lobbying et réfuté tout conflit d’intérêt. Ancien patron des Jeux Olympique de Londres en 2012, Coe est un ancien député des Communes et a été fait Lord en 2000.
L’ouverture de cette nouvelle enquête est un coup dur pour l’Iaaf, déjà dans la tourmente à cause des soupçons de dopage organisé en Russie. Et assombrit encore l’image des grandes institutions sportives mondiales au moment où l’instance suprême du football, la Fifa, se débat elle aussi dans un énorme scandale de corruption. Début novembre, Diack, 82 ans dont 15 passés à la tête de l’Iaaf, a été mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé. Il est soupçonné d’avoir couvert contre rémunération des contrôles contre le dopage positifs d’athlètes russes. Son conseiller juridique, l’avocat Habib Cissé, ainsi qu’un médecin, Gabriel Dollé, chargé de la lutte antidopage à l’Iaaf jusque fin 2014, ont également été mis en examen, pour corruption passive.
Avec lavoixdunord