Si l’on n’y prend pas garde, les problèmes de la route risquent de plomber les efforts d’intégration et de développement économique enclenchés dans la zone Union économique monétaire de l’Ouest africain (Uemoa). La mise en garde est du forum civil qui a organisé, ce mardi 18 janvier et en partenariat avec « West Africa trader », un forum en direction des chauffeurs et transporteur. Il s’agit plus exactement d’un plaidoyer inscrit dans le cadre du programme de bonne gouvernance routière.
« Avec la bonne gouvernance routière tout le monde y gagne », a fait savoir le journaliste économique Mohamadou Sy. Ces gains que peuvent générer une bonne gouvernance routière, se situent à plusieurs niveaux, avec notamment la réduction des coûts de facteurs pour les consommateurs. En termes économiques, il s’agit entre autres, d’un facile accès entre les zones de production, aux zones de consommation. Ce qui permet à l’Etat de bénéficier d’une amélioration de ses recettes publiques, au moment où les chauffeurs obtiennent un gain de temps.
Avec tous ces avantages, note le journaliste, c’est le développement qui ne s’en porterait que mieux. Seulement, il est au regret de constater que ce pari n’est pas encore gagné, si l’on sait que le transport routier est caractérisé par une mal gouvernance qui a des conséquences sur l’économie dans la zone Uemoa.
A ce propos, Mohamadou Sy qui a fait un état des lieux de la situation indique, qu’entre 1976 et 2006, la part de l’Afrique dans les exportations mondiales, est passée de 2,9% à 0,9%.
Poursuivant, M. Sy renseigne qu’importer ou exporter en Afrique, nécessite, selon le rapport « Doing Business », 32 jours en moyenne, une des durées les plus élevées au monde.
Il révèle ainsi que les estimations de la Banque africaine de développement (Bad) au niveau des infrastructures (routes, ports, aéroports, chemins de fer, eau, électricité) en Afrique, nécessite 93 milliards F Cfa /an pendant 10 ans (2010-2020). Il indique également que selon une étude de la Bad, la dégradation des routes entraine des retards, puisqu’en Afrique sub-saharienne, il faut 1 heure de temps pour parcourir 12 km.
Toujours parmi les caractéristiques de la mal gouvernance routière, il y a selon Matar Sall, les pratiques anormales du fait des corps de contrôle mais également des chauffeurs qui ne respectent pas le code de la route. Il note également l’entrave à la libre circulation qui consiste à barrer les routes ou à casser les véhicules (transporteurs, conducteurs, populations)
Les pratiques effectuées par les corps de contrôle, précise-t-il, sont relatives à la délivrance de manière irrégulière et anormale de visites techniques, aux contrôles excessifs sur les axes routiers ; aux temps de contrôles mais également aux perceptions illicites, à savoir la corruption.
D’ailleurs s’agissant des difficultés liées aux contrôles, des statistiques montrent des dysfonctionnements au niveau du Corridor Dakar-Bamako. A travers cette voie terrestre longue de 1 476 km, le nombre de contrôles en moyenne sur tout le trajet est de 30, soient 3 contrôle en moyenne tous les 100km.
Le temps perdu sur le trajet dû aux tracasseries, est estimé à 200 minutes, soit 3 heures et demi pour tout le trajet et 15 minutes tous les 100km. En ce même moment, les chauffeurs déboursent en moyenne des faux-frais sur tout le trajet 43 000 Francs Cfa, soit 3 000 francs Cfa pour tous les 100 km parcourus.
Les dysfonctionnement et mauvaises pratiques notées sur le corridor Dakar –Bamako, se désole M. Sy, « impactent beaucoup sur la compétitivité du Port autonome de Dakar (Pad), malgré les lourds investissements consentis par DWP ».
Cette situation, alerte le journaliste, » risque de chambouler toute la politique portuaire de l’Etat du Sénégal, puisqu’il y a des signaux de non rentabilité financière et risques de rupture du contrat de concession avec DPW.
Fort de tous ces manquements, le forum civil insiste sur la nécessité du respect des 3 postes de contrôle recommandés par l’Uemoa sur les différents corridors de la Zone.
La société civile invite également à une opérationnalité des routes transfrontalières mais également au désenclavement des zones à fortes potentialités (zones de production) pour permettre un accès plus ouvert aux marchés (zones de consommation ).
L’interdiction des chargements de plus de 35 tonnes (entre 38 et 80 Tonnes pour les véhicules maliens) est également prôné par le forum civil qui suggère également la construction de routes en latérite (argiles rouge), sous-tendues par des ouvrages d’art afin de faire face aux inondations.
En effet, explique Mohamadou Sy, le Sénégal qui dispose d’un réseau routier de 14 741 km dont 4 722 km de routes revêtues (32%) et 10 019 km de routes non revêtues (68%) n’a pas de problème de transport au niveau d’une région à une autre. C’est plutôt le déplacement au sein d’une même région qui pose des difficultés.
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