La nouvelle mission de médiation du Premier ministre kényan Raila Odinga, l’émissaire de l’Union africaine (UA), arrivé aujourd’hui à Abidjan, commence plutôt mal. Un accrochage s’est produit cet après-midi entre 15 et 16 heures, en plein centre-ville d’Abidjan, autour de sa délégation. Elle a mis aux prises une patrouille de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), une foule de Jeunes patriotes, mouvement de soutien à Laurent Gbagbo, et des éléments des Forces de sécurité (FDS).
«Des éléments de renfort de la sécurité de l’Onuci autour de l’hôtel Pullman, où devait descendre la délégation de Raila Odinga, ont été pris à parti par une foule appuyée par des FDS», selon le colonel Chakib Rais, porte-parole militaire de l’Onuci. «Nos éléments ont subi des feux et riposté en l’air, avec des tirs de sommation». Un char et un véhicule léger de l’Onuci ont reçu des balles, mais il n’y a pas eu de blessés parmi les Casques bleus.
L’accrochage s’est produit devant l’agence de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), un bâtiment bien gardé —des retraits d’argent s’y font encore au profit du gouvernement de Laurent Gbagbo, bien que la signature des comptes ivoiriens lui ait été retirée, en principe, le 24 décembre. Aux portes de la banque centrale se trouvaient encore, à 18 heures, une vingtaine de policiers assis sur des chaises disposées sous un auvent sur le trottoir, et à bord d’un camion. De l’autre côté du carrefour de la BCEAO se tenaient environ trente jeunes pro-Gbagbo.
La rumeur court déjà, dans Abidjan, selon laquelle l’Onuci aurait tiré sur les «Sorbonnards», comme on appelle les patriotes qui se rassemblent tous les jours à «la Sorbonne» une place toute proche du palais présidentiel. Un témoin oculaire a vu un homme avec «une balle dans le pied», et d’autres qui se sont «fait mal en tombant par terre». «La délégation a dû rentrer sur Sebroko», indique de son côté le colonel Rais. Raila Odinga était attendu à 17 heures au Palais présidentiel, pour un nouveau rendez-vous avec Laurent Gbagbo.
Liberation.fr