CRISE – Malgré le fait que Laurent Gbagbo a exigé le départ des casques bleus du pays…
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé ce lundi de six mois le mandat de la force de maintien de la paix de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci), et ce malgré le fait que Laurent Gbagbo a exigé le départ des casques bleus du pays. Le mandat de l’Onuci arrivait à expiration le 31 décembre.
Alors que Laurent Gbagbo s’accroche à son pouvoir malgré la pression internationale, l’Onu et Washington ont décidé de hausser le ton lundi soir. La Maison blanche a déclaré lundi qu’il était «temps» pour le président ivoirien sortant «de partir» , faute de quoi il risque des sanctions ciblées. Dans le même temps, le Conseil de sécurité des Nations unies a averti Laurent Gbagbo que tout responsable d’attaques contre des civils ou des forces de maintien de la paix serait traduit devant un tribunal international.
«Nous sommes prêts à mourirt»
Cette mise au point intervient alors que certains partisans de Gbagbo se disent prêts au coombat. «Il n’y a qu’une seule bataille: assurer notre dignité et garantir la souveraineté de notre pays. C’est à nous qu’il appartient de choisir notre président», a déclaré Charles Blé Goudé, pro-Gbagbo, leader des Jeunes Patriotes. «Cette bataille, nous l’avons entamée en 2002. Nous sommes prêts à mourir pour elle», a lancé lors d’un rassemblement de son mouvement celui qui est considéré comme «le général de la jeunesse».
Risques de manifestations «violentes»
Un porte-parole du gouvernement d’Alassane Ouattara a pour sa part rappelé que les Nations unies «ne reconnaissaient pas» l’autorité de Gbagbo, et les a exhortées à renforcer le mandat de la force de maintien de la paix en Côte d’Ivoire (Onuci) pour mettre un terme aux violences dans le pays. «Il y a un seul président, Ouattara, et il a envoyé une lettre à Ban Ki-moon pour lui demander de maintenir en place les forces présentes jusqu’à la fin du processus de paix», a dit à Reuters le ministre Patrick Achi au téléphone.
Sur le terrain, la situation est complexe. Depuis jeudi dernier, les affrontements ont fait 50 morts et près de 200 blessés, selon Navi Pillay, Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, sans compter «les disparus». Paris, présent sur place via le dispostif Licorne de 950 hommes, ne compte pas intervenir. «Ils ne sont pas là pour s’interposer entre les Ivoiriens. S’ils étaient directement attaqués, (…) il y a un droit de légitime défense», a précisé Michèle Alliot-Marie dimanche.
De son côté, Washington a ordonné l’évacuation du personnel non essentiel de l’ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire en invoquant les risques que les manifestations ne deviennent «violentes». «On ne peut exclure de l’hostilité à l’égard des Occidentaux, y compris des ressortissants américains», dit un communiqué du département d’Etat.
Restrictions de déplacement à 19 responsables ivoiriens
L’UE, de son côté, va imposer des restrictions de déplacement à 19 responsables ivoiriens, dont le président sortant Laurent Gbagbo, sa femme Simone, des responsables de la sécurité, des membres du parti au pouvoir, et des responsables de l’armée. «Nous nous attendons à ce que la mesure soit adoptée mercredi et entre en vigueur jeudi, avec effet immédiat», a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de la Commission européenne.
«Je ne pense pas que ça fera avancer la situation», a réagi Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Gbagbo. «Cela montre juste que ceux qui sont à l’origine de ces sanctions n’ont pas une grande marge de manoeuvre.»