L’opposant au pouvoir ivoirien, de retour en France et visé par un mandat d’arrêt international, reproche à Emmanuel Macron d’avoir manqué de « courage et de maturité » lors de sa récente visite en Côte d’Ivoire.
Malgré son retour avorté en Côte d’Ivoire lundi, qui l’a contraint à revenir en France, l’ex-chef de la rébellion et candidat à la présidentielle de 2020, Guillaume Soro, n’est pas décidé à lâcher prise face au président ivoirien, Alassane Ouattara. « Je suis et reste candidat à la présidence de la République. Je vais organiser la résistance comme le général de Gaulle l’a fait depuis Londres », a-t-il déclaré dans une interview au Journal du dimanche (JDD) du 29 décembre. « Il ne s’agit que de résistance politique », a-t-il insisté alors que la justice ivoirienne l’accuse d’avoir préparé « une insurrection civile et militaire »pour s’emparer du pouvoir.
L’ex-président de l’Assemblée nationale, toujours député, et ex-premier ministre, a finalement renoncé à rentrer en Côte d’Ivoire le 23 décembre, après six mois d’absence à l’étranger. La justice ivoirienne a émis un mandat d’arrêt international contre lui, alors même que son avion faisait demi-tour vers l’Europe, pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ». Guillaume Soro a démenti ces accusations, se disant victime d’une « manipulation, comme Lula au Brésil », destinée à l’écarter de la course à la présidence.
« Piétinement de la démocratie en Afrique »
Il est depuis revenu à Paris, où il avait déjà passé les six derniers mois, et a précisé au JDD qu’il comptait y rester, ajoutant n’avoir « demandé aucune assistance particulière à Paris » et n’avoir « aucun contact avec l’Elysée ». L’opposant a accusé au passage le président français, Emmanuel Macron, qui se trouvait en Côte d’Ivoire à la veille de son retour avorté, de ne pas avoir dit « à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie en Afrique ».
« J’espérais qu’un président comme lui ait davantage de courage et la maturité pour le faire », a-t-il lancé, qualifiant Alassane Ouattara d’« autocrate » disposant « de milices parallèles encagoulées faisant des descentes dans les sièges des partis politiques » :
« Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique. »
Il a par ailleurs estimé que le mandat d’arrêt lancé contre lui était « politique » et donc inopérant. « La plupart des pays européens qui défendent les droits de l’homme refusent d’ailleurs d’appliquer ce genre de mandat », a-t-il assuré.
Accord électoral avec l’ancien président Bédié
Guillaume Soro a par ailleurs déclaré avoir conclu un accord électoral avec l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du principal parti d’opposition, âgé de 85 ans, qui selon lui se présentera aussi à la présidentielle. « Nous avons un accord avec Bédié. Nous allons tous deux au premier tour, et le mieux placé soutiendra l’autre pour le second », a-t-il dit alors que M. Bédié laisse planer le mystère sur sa possible candidature.
Le président Ouattara a répété de son côté samedi que « nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d’Ivoire » et que « le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas ». Longtemps allié d’Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu’à la rupture début 2019.
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Côte d’Ivoire : Guillaume Soro promet « d’organiser la résistance » depuis Paris
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