Depuis que Ouattara est sorti de Côte d’Ivoire pour se rendre à la réunion de l’UA à Addis-Abeba, le gouvernement de Laurent Gbagbo veut soumettre à autorisation les vols des hélicoptères de l’Onuci et de l’opération Licorne. Une manière de dire qu’ils peuvent être pris pour cibles, comme les convois de Casques bleus…
C’est une mesure qui n’a pas vraiment de légitimité mais qui n’en reste pas moins inquiétante pour la sécurité du président élu Alassane Ouattara. Selon un arrêté lu mercredi soir sur la télévision publique RTI, « les aéronefs de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire [Onuci] et ceux de l’opération Licorne sont interdits de survol et d’atterrissage sur toute l’étendue du territoire de la République de Côte d’Ivoire », a annoncé le camp du président sortant Laurent Gbagbo.
« Toute autre opération exceptionnelle de survol et d’atterrissage est soumise à autorisation préalable du ministre des Transports », ajoute le gouvernement Gbagbo, qui entend « préserver l’intégralité et l’intégrité du territoire national ainsi que la sécurité des biens et des personnes ».
Ouattara à Addis-Abeba
En réalité, cette mesure vise évidemment à interdire le retour d’Alassane Ouattara à Abidjan, alors que celui-ci s’est rendu mercredi Addis-Abeba pour une réunion de l’UA sur la crise ivoirienne. Il s’agit de la première visite officielle du président élu hors du pays.
« C’est ridicule, c’est de la provocation », a réagi Anne Ouloto, porte-parole de Ouattara interrogée par l’AFP. « Nous n’avons pas eu besoin de l’autorisation ou de l’avis de Laurent Gbagbo pour le départ [de Ouattara, NDLR], on n’aura pas besoin de son autorisation pour le retour. Le président Ouattara reviendra à Abidjan parce qu’il est le président de la République de Côte d’Ivoire », a-t-elle ajouté.
« Fin de partie pour Gbagbo »
Par ailleurs, Paris estime désormais que le régime de Gbagbo, lequel a préféré rester à Abidjan malgré l’invitation de l’UA, n’en a plus pour très longtemps. « Les sanctions marchent, Gbagbo a perdu toute capacité de faire fonctionner le pays. […] Son pouvoir sur son économie est en train de disparaître », a affirmé à l’agence Reuters un diplomate français de haut rang. Celui-ci assure que les fonds récupérés par le camp Gbagbo dans les caisses de la banque centrale sont en voie d’être épuisés, et que le cacao ne fournit plus de recettes à cause des sanctions internationales qui empêchent son exportation.
Selon le diplomate, des sacs de cacao d’une valeur de 1,5 milliard de dollars (environ 1,08 milliard d’euros) s’accumulent dans le port d’Abidjan. D’où les menaces du camp Gbagbo de nationaliser la filière et de réquisitionner les stocks si les exportations ne reprennent pas d’ici au 31 mars. « Les salaires de la fonction publique ne peuvent plus être payés. […] Tout cela commence doucement à ressembler à une fin de partie pour Gbagbo », a ajouté le diplomate. (Avec agences)
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