COUP DE COLÈRE NDUKURISTE
DU DOMAINE PUBLIC MARITIME (DPM1) AU DOMAINE PRIVE MARITIME (DPM2)
Abdou Ndukur Kacc Ndao
Notre Domaine Public Maritime (DPM1) est devenu incontestablement un Domaine Privé Maritime (DPM2). Le DPM1 régi par l’article 5 de la Loi n°76-66 du 2 Juillet 1976 portant code du Domaine de l’Etat. Le DMP2 est organisé par l’article 1 du Code Général du Banditisme d’Etat (CGBE).
Sous Senghor, le DMP1 n’avait pas connu de graves agressions. Avec Abdou Diouf, ce DPM1 a commencé progressivement à se transformer en DPM2 : on se rappelle des constructions de sa fratrie connues notamment des dakarois et perchées comme un corbeau sur les murailles du plateau.
Le régime de Wade dépassera toutes les bornes notamment avec l’OCI, prétexte pour déclassifier, violer les principes de l’imprescriptibilité et de l’aliénabilité définis à l’article 5 sus mentionné. Au nom de l’article 1 référé…
Une cartographie des occupants du DMP2 révèle les maîtres des lieux : anciens présidents de l’Assemblée nationale, sénateurs, députés, chefs religieux, ministres…et des hommes d’affaires français et libanais ».
Bref, la DPM2 est sous le joug de la bourgeoisie bureaucratique, parasitaire et compradore. Les dindons de la farce ? Allez chercher des « oupoukayes », fermez vos yeux, il vous faut une carte d’entrée pour accéder au DMP2. Qui dit mieux ? Pas le livre de Abdoulaye Bara Diop et de Phlippe Antoine, « Dakar, une ville à guichets fermés ? La mer qui est l’espace le plus démocratique à regarder est devenu un espace privatisé, fermé aux regards des curieux prolétaires.
C’est pour lutter contre ces agressions systématiques de notre DMP1 que des citoyens en bandoulière et dans un esprit pacifique ont décidé de s’opposer à la construction du mur de la honte. La Police les a sauvagement dispersés au nom de l’ordre public et de manifestation non autorisée par l’Autorité corrompue et parasitaire. Ces citoyens dont je salue le courage et la témérité seront mali militari conduits à la Police, le temps que les effets asphyxiants des gaz lacrymogènes fassent leurs preuves.
Quelle honte pour le régime de Macky Sall qui préfère les prébendes d’une Ambassade au confort et au cadre de vie de ses concitoyens.
Pourtant, l’Ambassade du Japon a construit en face et à accès à la mère. De même pour la Banque mondiale et d’autres ambassades. Pourquoi insister à ériger cette Ambassade violant le DPM ? Manifestement, il y’a, comme d’habitude, une question de gros sous. Ce que les Turcs veulent faire au Sénégal, le feraient elles chez elle ? Voila encore là ou le parasitisme d’Etat nous mène.
Au-delà de ce mur, c’est toute la question des constructions le long du littoral maritime -qui n’est qu’une partie de la définition du DPM au terme de la loi n°76-66 – qu’il nous faut revisiter.
Dakar étouffe au moment ou les brigands de notre République, se partagent sans élégance, notre patrimoine maritime, au nom de leur confort, et, au mépris des sénégalais. Pourtant, ces derniers peinent à assurer leur autonomisation résidentielle. Des recherches montrent d’ailleurs que cette autonomisation se situe aux environs de 50 ans, selon l’IFAN et l’IRD.
Au delà de ce mur, la question principale qui est posée est qu’il faut détruire toutes ces constructions qui obstruent la respiration de Dakar, une ville, jadis agréable, méconnaissable aujourd’hui.
J’ai dit et écrit que nous n’avons pas encore vu le véritable visage de Macky Sall. La manifestation de ce matin devrait nous instruire de quoi il est capable.
Abdou Ndukur Kacc Ndao
Socio-anthropologue