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COVID-19, confinement et natalité dans le monde en 2021 : le baby-boom tant annoncé aura-t-il lieu ? Par Dr. Ousmane THIAM

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Il y a de cela dix mois exactement, nous nous sommes intéressés sur un lien possible entre le confinement décidé par de nombreux États pour limiter la propagation de la pandémie de COVID-19 et une augmentation exceptionnelle de la natalité en fin 2020.

Nous vous proposons de revenir sur la question avec quelques résultats d’investigation et de recherches encore modestes certes, mais suffisants pour démontrer la portée éminemment stratégique de la question. 

En Asie, des recherches ont démarré depuis plusieurs mois avec des perspectives de résultats très prometteurs. En Indonésie par exemple, l’hypothèse d’un lien de causalité entre confinement et pic de natalité se précise de plus en plus et semble corroborer les prévisions officielles de natalité en 2021. L’Indonésie est l’un des pays à s’être inquiété officiellement d’un impact possible du confinement sur la natalité du pays en 2021, avec comme principal facteur en cause l’accès limité à la contraception en période de confinement. Ce géant démographique de l’Asie du Sud-Est (270 millions d’habitants en 2020) se prépare, depuis son premier confinement, à accueillir près de 450 000 naissances entre 2020 et 2021, soit l’équivalent de la population de la Gambie en 1970.

L’Inde et la Chine constituent également deux autres curiosités en Asie. Mais les chercheurs  s’attendent peu à une communication officielle compte tenu des tabous géo-stratégiques qui entourent le contrôle de la variable démographique au niveau de ces pays. L’Inde et la Chine seraient deux pays particulièrement surveillés par certaines grandes puissances du monde qui redoutent un péril démographique asiatique.

En Europe, des recherches scientifiques sont en cours depuis plusieurs mois aussi, mais aucun  résultat n’a, pour le moment, permis d’établir un lien direct entre le confinement de 2020 et une augmentation explosive des naissances en 2021.  Des sources journalistiques sérieuses annoncent cependant un probable pic de natalité en début 2021. C’est le cas en Belgique par exemple où la presse se passionne déjà pour les premiers bébés nés du confinement. Dans un article réalisé en décembre 2020 par RTL titré « les premiers bébés du confinement arrivent : les hôpitaux se préparent à des centaines de naissances supplémentaires », Mélanie Renda et Guillaume Wills notent qu’ « avec les mois de confinement vécus, beaucoup de couples verront leur projet  de bébé se réaliser en début d’année. Si  on ne peut pas encore à proprement parler de « baby-boom » (explosion des naissances), certains hôpitaux du pays s’attendent à des centaines de naissances supplémentaires au mois de janvier par rapport à l’année dernière ». Interrogés sur la question par les deux journalistes, des spécialistes et soignants du CHU de Liège semblent confirmer l’hypothèse d’un lien étroit entre le confinement et l’augmentation des consultations prénatales en 2020.

En France, les avis sur la question sont très divergents. Alors que certains spécialistes (et passionnés de démographie) continuent de croire à un baby-boom en 2021, d’autres n’envisagent pas un effet amplificateur du confinement sur la natalité. Les causes et facteurs évoqués par ces derniers sont notamment le stress lié à la pandémie, la morosité économique et les incertitudes de l’avenir qui découragent les couples à faire des enfants. Dans un article du Journal Le métro titré « La pandémie a-t-elle causé un baby-boom ? », -John F. May, professeur de recherche à l’Université George Mason, aux États-Unis, estime que « La crise socioéconomique créée par la pandémie de COVID-19 va perturber les plans des couples. Ça va prendre encore un an pour mettre fin à la pandémie, par exemple pour compléter les opérations de vaccination et relancer l’économie. On ne verra probablement pas une augmentation du nombre de naissances avant 2022 ». Le protocole sanitaire très contraignant imposé aux parents des nouveau-nés constitue un autre facteur qui pourrait pousser les couples à renoncer à faire des enfants durant toute la période de la pandémie.

En Amérique, les résultats de recherches sur la question sont encore peu connus. On peut cependant remarquer les constats d’une retentissante publication du célébré Think Tank américain Brookings titrée « Half a million fewer children ? The coming Covid baby bust » (traduisez « Un demi-million d’enfants en moins ? …) publié en juin 2020 et dont la réédition en décembre de la même année intitulée « The coming Covid 19 baby bust (update) confirme l’hypothèse d’une diminution nette de la natalité aux Etats-Unis en 2021 par rapport aux années précédentes. Les auteurs notent en effet « In June of 2020, three months after the COVID pandemic began in earnest in the United States, we wrote a report suggesting that the public health crisis and associated recession would result in 300,000 to 500,000 fewer births in 2021. Six months later, we have been asked several times if we have an updated estimate. We have revisited the issue and stand by our initial prediction of a large reduction in births.”

L’Afrique est encore à la traîne sur la question. Selon certains spécialistes, les tabous liés à la reproduction, le manque d’intérêt des États pour la question et la faiblesse de la recherche pourraient constituer des facteurs de blocage à une évaluation sérieuse de l’impact démographique du confinement. Par ailleurs, en Afrique centrale et de l’Ouest, des expériences de recherche réalisées à l’issu des confinements imposés par l’épidémie d’EBOLA ont permis de rejeter l’hypothèse d’un effet amplificateur et/ou régulateur du confinement sur la démographie des pays touchés par l’épidémie.

Dr. Ousmane THIAM

Géographe et spécialiste de prospective

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